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C’était un 7 mars.

Jour pour jour en 1983, New Order sortait « Blue Monday ».

"Blue Monday" New Order Peter Saville, 1983.
Pochette de « Blue Monday » de New Order par Peter Saville, 1983.

C’était un 7 mars, donc. Je pourrais récrire l’histoire et dire que, si ce n’est le jour même, j’ai acheté ce disque la semaine de sa sortie – à New Rose, après avoir été poursuivi par une horde de skinheads assoiffés de sang. Mais non. Ce n’est pas si important la date exacte de l’achat d’un disque. L’important, c’est l’impact. L’impact de la chanson. L’impact des images. Parce que je me souviens avoir vu la prestation de New Order à Top Of The Pops aux Enfants du Rock, présenté par Lenoir – c’était il me semble dans la version du samedi soir (et non du jeudi soir), à une heure tardive sur la 2e chaine (quand même, quel coup de génie du directeur de la chaine : programmer une émission un jour et à une heure où la cible privilégiée est en train de, au choix, siroter des bières éventées, danser dans une boite dite new-wave ou dans une surboum, de pogoter à un concert, de draguer, de baiser). Moi, j’étais trop jeune pour participer à tout cela – le « trop jeune » avait été décrété par mes parents. Mais ils ne se doutaient pas que de me donner la permission de regarder pareille émission allait avoir des conséquences prégnantes dans les années qui allaient suivre. Continuer la lecture de « C’était un 7 mars. »

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Transmission#34 – Spéciale Indie Pop

Spéciale Indie Pop.

Emission du 1er mars 2020
Présentée par Thomas Schwoerer, avec Etienne Greib et Fred Paquet du Pop Culture Shop.

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Real Estate : Par-delà l’horizon

Real Estate
Real Estate

Rendez-vous est donné au Dunkerque, le bar au store jaune jouxtant le disquaire Balades Sonores, devant lequel une file d’attente se dessine déjà. Les deux membres fondateurs de Real Estate, Martin Courtney et Alex Bleeker, y sont attendus pour un showcase. Au programme : quelques titres, en avant-première, de The Main Thing, leur cinquième album paru le 28 février chez Domino, entrecoupés de classiques – car c’est à cette catégorie qu’appartiennent désormais des albums comme Days et Atlas. C’est avec Alex Bleeker, le bassiste à l’air enjoué, que j’ai eu la chance de m’entretenir quelques minutes avant le concert. Pas avare en paroles, il a exprimé sa gratitude envers la longévité du groupe, lancé en 2008 dans la petite ville de Ridgewood, New Jersey, avec ses amis d’enfance Martin Courtney et Matt Mondanile, et confirmé ce désir, partagé par toute la bande, de continuer à explorer leur identité sonore, que ce soit en se nourrissant des différentes influences de chacun ou en collaborant avec des musiciens venus d’autres horizons. « I don’t need the horizon to tell me where the sky ends. » a chanté Courtney ce soir-là, au cours d’un set intimiste, guitare et basse pour seul accompagnement, que les chanceuses personnes présentes garderont en mémoire.

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Tame Impala, The Slow Rush (Modular / Fiction / Caroline / Interscope)

LE « CONTRE »

« I wouldn’t wear a tie-dyed t-shirt
unless it is soaked with the urine of Phil Collins
and the blood of Jerry Garcia. »

— Kurdt Kobain

Je pensais démonter le truc en deux phrases précises, sans avant-propos liminaires, surtout après-coup mais vu les circonstances… Depuis samedi soir, le monde est divisé en deux camps et l’on assiste, interdit, à un tel déballage de nazeries totales concernant la cérémonie des César (sans s) et au très bon papier concomitant de Virginie Despentes dans Libé. Effarant, que tout un chacun se doit ou se sent le droit de donner son avis sur cette saine colère. Passé la nôtre, on regarde amusé, voire goguenard, les limites de la pensée contemporaine sur les réseaux sociaux tout en prenant des notes mentales pour plus tard. Continuer la lecture de « Tame Impala, The Slow Rush (Modular / Fiction / Caroline / Interscope) »

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Tame Impala, The Slow Rush (Modular / Fiction / Caroline / Interscope)

LE « POUR »

Le rock (au sens large) est un genre moribond, beaucoup d’observateurs attendent frénétiquement de pouvoir en écrire la nécrologie, accompagné d’un #RIP, histoire de faire moderne. Peut-on vraiment leur donner tort ? Certes d’un point de vue souterrain, la scène est foisonnante et offre chaque jour des propositions excitantes que nous chroniquons ici régulièrement. Cependant aucune de celles-ci n’arrivent à créer un enthousiasme au-delà du cercle des convaincus et à toucher les gens normaux ou même notre sphère unilatéralement. Quels disques récents ont provoqué autour de vous des débats animés ces derniers temps ? Continuer la lecture de « Tame Impala, The Slow Rush (Modular / Fiction / Caroline / Interscope) »

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Je ne dors pas alors j’ai écouté cette chanson (et j’ai écrit dessus)

Une chanson : Cabane, « Tu ne joueras plus à l’amour »

Lisa Balavoine
Photo : Lisa Balavoine

J’avais pris l’habitude d’envoyer chaque jour à quelqu’un une chanson, mais depuis quelques semaines je ne le fais plus, or ces gestes et ces pensées qui nous animent mécaniquement sont, on le sait, ceux dont il est le plus difficile de se défaire. Le hasard des douces amitiés fait que ce matin, un lundi de février qui ressemble à un dimanche de novembre, je reçois un message et dans celui-ci dix chansons. Je ne les écoute pas tout de suite, d’abord je remonte la couette sur moi, parce que je n’ai pas envie de me lever, parce que je n’ai pas réussi à dormir, parce que j’ai envie d’un café sans avoir le courage d’aller jusqu’à la cuisine, parce que ce sont encore les vacances, parce que je veux finir le roman que je suis en train de lire, parce que je remets toujours les choses à plus tard. Continuer la lecture de « Je ne dors pas alors j’ai écouté cette chanson (et j’ai écrit dessus) »

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Cabane, Grande Est La Maison (Cabane Records)

Quand donc se sent-on vraiment chez soi ? Autour de cette interrogation aporétique, Thomas Jean Henri a patiemment bâti un édifice qui repose sur des fondations infiniment ramifiées et qui possèdent sans doute une importance aussi capitale que la partie émergente de sa Cabane si accueillante. Depuis 2015, l’ex-batteur de Venus s’est en effet attaché à ponctuer chacune des étapes de la construction de gestes artistiques réflexifs – articles de presse, singles avant-coureurs ainsi qu’un documentaire où les membres de l’entourage bienveillant de ses pairs s’interrogent sur la portée d’un album qu’il n’ont pas encore entendu – comme pour mieux prolonger ce sentiment au long cours, presque paradoxal, qui fait de chacun d’entre nous de petits Ulysse en quête du retour vers ces lieux pour lesquels l’attachement croît souvent à proportion de la distance qui nous en sépare. Continuer la lecture de « Cabane, Grande Est La Maison (Cabane Records) »

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King Krule, Man Alive! (Matador)

Grain vibrant du film numérique venu d’un autre siècle. Un type est assis sur une chaise au milieu d’un champ où se sont éparpillées quelques touffes de neige grise. Caressant du doigt une guitare taille enfant, sa voix perce le souffle muselé de la tremblante captation. Il dit : « You’re my everything, you make me feel alright. You’re the only thing that makes me feel alright ». L’atemporalité du fragment est peut-être ce qui envoute le plus. Ce chant hors d’âge, cette supplique tranquille et immuable pour un être aimé – comme des milliers ont déjà été négligemment marmonnée par d’autres rêveuses et rêveurs. La beauté en apnée. C’est comme ça que l’on est retombé sur King Krule, en novembre dernier, deux ans après son grand The Ooz, à l’occasion d’un court-métrage en guise de retrouvailles, collection vidéo de démos acoustiques fredonnées en pleine nature face à l’objectif de la photographe Charlotte Patmore, sa compagne. Intitulé Hey World!, il enveloppait avec la chaude familiarité d’un vieil ami, égaré puis réapparu dans la brume des jours qui fuient. Un peu plus vieux, un peu plus sage, mais dont un souffle seul suffit à faire jaillir quelque chose d’intime et d’incassable. Lui, instantanément. Continuer la lecture de « King Krule, Man Alive! (Matador) »