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I Like 2 Fuck Home #43 : More Songs About Fucking

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

« Dans ton confinement je m’introduis, puisque Ovide dit ne faire que peu de cas des barrières qui masquent nos gestes les plus impurs. »

(Benoît Douvres, La porte étroite, Douchet-Fustel, 1969)

Absolument prépondérante, la question du sexe confiné ne transpire que trop peu de l’autre côté des verrous. De nouveaux fragments du discours amoureux s’écrivent pourtant, dans toutes les langues, à l’ombre de chambres à coucher désertées, dans la surchauffe de salons surpeuplés, sous la douche, sur des écrans, des réseaux, des lignes téléphoniques saturées de désirs ou de foutre, du bout des doigts, au creux de paumes ou de poignes étranglant la frustration, dans nos rêves humides, face à des Camgirls & boys qui vibrent ou ploient sous l’assaut du Bitcoin. Continuer la lecture de « I Like 2 Fuck Home #43 : More Songs About Fucking »

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#44 : The Nails, 88 Lines About 44 Women (Jimboco & City Beat / Rough Trade, 1982/1992)

The Nails
The Nails, ongles incarnés.

44 disques, 44 posts, mais certainement pas 8800 signes sur ce trésor (bien) caché qui connut plusieurs versions, toutes par le même groupe, The Nails.

A l’automne 1991, Rough Trade décida de lancer un Singles Club, sans faire mystère d’avoir piqué l’idée à Sub Pop. Vous contractiez un abonnement pour six mois ou un an et receviez par la poste un nouveau 45 tours chaque mois – vous pouviez également tenter de le choper chez votre disquaire.
Levitation, le groupe post-House of Love de Terry Bickers, fut la première référence, en octobre. Le single des Nails apparut en février 92, précédant d’un mois un chouette Mercury Rev – une reprise du If You Want Me To Stay de Sly and the Family Stone. La 16ème référence est évidemment chère à mon cœur puisqu’il s’agit de A Marriage Made In Heaven des Tindersticks, la version originale avec Niki Sin de Blood Sausage, pas celle avec Isabella Rossellini.
Bon, 88 Lines About 44 Women dans ma boîte à lettres, ce fut autant énigmatique qu’addictif. Continuer la lecture de « #44 : The Nails, 88 Lines About 44 Women (Jimboco & City Beat / Rough Trade, 1982/1992) »

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Car Seat Headrest, Making a door less open (Matador)

I believe that thoughts can change my body, répète Will Toledo sur son morceau d’ouverture, Weightlifters. De là à imaginer l’adolescent chétif des Twin Fantasy (2011) en culturiste, il y a un monde. Will Toledo a quelque chose d’un rapport conflictuel au corps (euphémisme) : « Don’t you realize our bodies could fall apart any second ? » disait-il y a encore peu dans un autre titre, intitulé… Bodys.

Débarrassons-nous immédiatement du narratif qu’il a décidé de construire pour la sortie de son deuxième album chez Matador – en ne comptant pas le ré-enregistrement de Twin Fantasy : il a exprimé le souhait de porter un masque façon jeu vidéo afin de dissimuler son visage, amoindrir le poids du corps. Le narratif bégaie devant le Covid-19, il faut bien le dire. Toledo n’aura pas de concert à tenir avant quelques mois, on verra alors ce qu’il reste de cette décision. Continuer la lecture de « Car Seat Headrest, Making a door less open (Matador) »

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I Like 2 Stay Home #42 : 26 inúteis paiságens

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

Johan Larnouhet, Untitled, 2016, 180 x 180 cm, oil on canvas

Mais pour quoi?
Pourquoi tant de ciel,
Pourquoi tant de mer,
Pourquoi?
À quoi sert cette vague qui se brise
Et le vent de l’après-midi?
À quoi sert l’après-midi?
Paysage inutile.
Peut être
que tu ne viendras plus
Ne reviendra jamais.
À quoi servent les fleurs qui naissent
Sur le chemin, 
Si mon chemin
Solitaire n’est rien.
Ce n’est rien.
Ce n’est rien.

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#43 : J.C. Brouchard with Biff Bang Pow !, Someone Stole My Wheels (Creation, 1986)

Biff Bang Pow !
Biff Bang Pow !, pas la cinquième roue du carrosse Creation.

Il fait super beau, pourquoi j’irai à Reims alors qu’on a l’occasion d’aller au Touquet ? Elle n’en démord pas. A peine si je tente un tantinet d’argumenter, puis cède. Ça tenait de la gageure de lui résister. Et nous voilà partis direction la côte d’Opale dans la R5 bleue en faisant attention à ne pas croiser le camion qui a fauché Coluche deux jours plus tôt. Le soir je noie mon amertume dans un bar à buts qui retransmet Brésil-France. Peut-être qu’au moment même où à Guadalajara Bats stoppait le tir au but de Zico, à la MJC Claudel de Reims le groupe entamait une reprise du Outdoor Miner de Wire ? Je n’ai jamais su. Nous sommes le 21 juin 1986 et j’ai tout juste vingt ans. C’est la Fête de la Musique et la France de Platini accède aux demi-finales de la Coupe du Monde en sortant le Brésil de Sócrates. C’est bien. Mais je viens de rater le premier concert de Felt en France – et chacun sait qu’ils ne furent pas nombreux. Continuer la lecture de « #43 : J.C. Brouchard with Biff Bang Pow !, Someone Stole My Wheels (Creation, 1986) »

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B.C. Camplight, Shortly After Takeoff (Bella Union/PIAS)

Soy Tonto!, proclamait-il déjà haut il y a bientôt treize ans sur l’un des titres de son deuxième album, Blink Of A Nihilist (2007). Nul besoin, en effet, de posséder un diplôme de troisième cycle en psychologie pour comprendre qu’il règne encore et toujours une agitation inhabituelle sous le chapeau melon de Brian Christinzio. Sa biographie officielle n’en a d’ailleurs jamais fait mystère en évoquant régulièrement quelques séjours en établissements spécialisés. Et pourtant, l’admiration que suscite une fois de plus l’homme-orchestre qui se dissimule derrière le pseudonyme de B.C. Camplight n’a pas grand-chose à voir avec la fascination un peu malsaine qu’entretiennent la plupart des autres grands givrés de l’histoire de la pop – de Roky Erickson à Daniel Johnston, la liste est longue. Nulle trace ici de délire paranoïaque ou d’exposition obscène de pathologies psychotiques. Il s’agit plutôt d’une folie douce, d’une fantaisie extrême et non dénuée d’humour. Continuer la lecture de « B.C. Camplight, Shortly After Takeoff (Bella Union/PIAS) »

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I Like 2 Stay Home #41 : Jamaicadelica

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

Si le reggae n’est pas le genre qui m’a attiré en premier, la musique jamaïcaine était déjà dans mon ADN avec les Specials, Madness et le revival ska anglais début 80. Plus tard, le Top 50 rendait impossible d’échapper à Jimmy Cliff, UB40 ou quelques clichés. Mais le déclic se fera bien plus tard, à la fin des années 90, grâce aux formidables compilations Dub Chill Out  (Music Club) ou 100% Dynamite chez Soul Jazz, qui ont permis la découverte d’un continent ignoré aux multiples et passionnantes ramifications : du Shuffle des années 40 au Dancehall et Digital des années 80 et 90 en passant par le Mento, le Ska, le Rocksteady, le Reggae, le Dub ou le Ragga. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #41 : Jamaicadelica »

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#42 : Seam, Look Back In Anger (City Slang, 1992)

Seam, sur le frigo - sans Bitch Magnet.
Seam, sur le frigo – sans Bitch Magnet.

colère, colère, colère,
tu me prends à revers,
colère, colère,
du terrain tu gagnes, du terrain je perds
(Bertrand Betsch, 1997)

N’en déplaise aux dylanophiles, l’injonction ou mesure barrière Don’t look back, titre du fameux documentaire que D.A. Pennebaker consacra à la tournée anglaise ’65 du Zim, n’aura été que trop peu suivie. Combien de fois se sera-t-on retourné tout au long de cette série ? Sur des disques principalement, parfois oubliés, sortant miraculeusement des boîtes où ils prenaient la poussière. Sur quelques concerts et rencontres. Sur notre jeunesse, nos erreurs, nos errements et nos actes manqués (arrête couillon, on dirait du Goldman). Sur notre mémoire surtout, parfois encore vive, le plus souvent lacunaire, vagabonde voire déficiente. Au moins aura-ton tenté de le faire avec une certaine retenue. Sans déverser sa bile ou envoyer valser à travers la pièce son bol de soupe à la grimace. Il y avait de quoi pourtant, face à la parole des Tartuffes officiels ou de certains journalistes, cette cacophonie où on percevait très distinctement le son des coutures qui craquent, à force de vestes maintes fois retournées. Continuer la lecture de « #42 : Seam, Look Back In Anger (City Slang, 1992) »