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05. Ophélie / 06. Ophélie suite

En deux jours, un texte sur chaque chanson du nouvel album de Chevalrex, “Providence” (Vietnam)

C’est une « ghost track » qui porterait bien son nom, mais qu’on n’aurait pas voulu reléguer en dernière place dans un jeu un peu artificiel avec l’auditeur. Ophélie est un morceau caché qui ne se cache pas, que Chevalrex expose comme une cicatrice. Une chanson fantôme de fantôme (« Sans Ophélie quel est mon nom ? »). La guitare classique y entre dans l’espace comme des musiciens qui se tiendraient hors champ d’un plan-séquence au milieu d’une clairière (où l’on entend les oiseaux, le vent, la rivière). Continuer la lecture de « 05. Ophélie / 06. Ophélie suite »

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04. La Tombe de Jim

En deux jours, un texte sur chaque chanson du nouvel album de Chevalrex, « Providence » (Vietnam)

On avait pu s’échapper, quelques décennies en arrière, sous les océans, mobiles dans le mobile, et vous pouvez me voir venir, par cette guitare slide, sorte d’écho qui annonce la même ampleur : d’une Affaire à un Cheval, on rencontre toujours la chanson comme on rencontre un toit où se chauffer. Mais chez de tels amis, la terre est-elle si morte alentour ?
Autre question : d’où vient ce frisson qui pousse spontanément à s’abriter dans l’un de ces grooves de milieu de tempo ? Continuer la lecture de « 04. La Tombe de Jim »

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03. Tant de fois

En deux jours, un texte sur chaque chanson du nouvel album de Chevalrex, « Providence » (Vietnam)

Ça te cogne comme on n’ose pas, le rythme, ça s’assouplit avec la voix qui sait, les mots qui savent, puis la guitare de science, puis déjà le refrain, à peine, sans peine. Ce n’est pas un tube, ni un rouleau, ni ce genre d’engin, c’est d’un autre genre, celui de la chanson aux contours internes plutôt qu’externes, qui tremblent en dedans plutôt qu’ils n’arrêtent en dehors, ce genre de contours. Continuer la lecture de « 03. Tant de fois »

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02. Providence

En deux jours, un texte sur chaque chanson du nouvel album de Chevalrex, « Providence » (Vietnam)

C’est depuis mon lit, avec 38.4° de fièvre, que j’écris ce texte sur Providence, neuf mois après avoir terminé le mix de l’album. Je n’avais encore jamais expérimenté un tel délai entre la finalisation d’un disque et sa sortie. Il y a eu de l’impatience par moment mais je dois dire aujourd’hui que cette période a été bienvenue. Après avoir passé des mois à travailler sur l’album entre 2019 et début 2020, à guetter la lumière, rayer des quantités invraisemblables de phrases, de mots dans mes carnets, je crois que sortir le disque plus tôt ne m’aurait pas permis d’avoir les idées aussi claires sur ce qui le constitue intimement. Continuer la lecture de « 02. Providence »

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01. Au Crépuscule

En deux jours, un texte sur chaque chanson du nouvel album de Chevalrex, « Providence » (Vietnam)

C’est le début.
Le début de la nuit ou le début du jour.
Le début de l’histoire et le début du disque.
C’est le début et rien n’a encore été dit, rien n’a encore pris forme.
Tout est calme, le temps prend son temps et l’air réchauffe les corps.
Au loin, on entend le bruit d’une sirène.
Un chant, une prophétie, une voix nouvelle. Continuer la lecture de « 01. Au Crépuscule »

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Daniel Knox, Won’t You Take Me With You (H. P. Johnson Presents)

Le paradoxe du songwriter vaut bien celui du comédien. Il y a ceux qui cherchent à restituer au plus proche l’illusion de l’intimité, qui jouent le jeu du dévoilement privé pour mieux laisser croire à chaque auditeur qu’il partage, le temps d’une chanson, un peu d’un secret singulier et authentique. L’art sans artifice en quelque sorte. Daniel Knox n’est décidément pas de ceux-là. Pour son cinquième album en un peu moins de quinze ans, il demeure profondément ancré dans le camp du subterfuge où se regroupent tous ceux qui semblent persuader que l’émotion juste ne se conquiert qu’au terme d’un labeur spécifique qui engage une part de dissimulation, de transfiguration et de mise en forme. La vérité la plus crue révélée grâce aux masques. Continuer la lecture de « Daniel Knox, Won’t You Take Me With You (H. P. Johnson Presents) »

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Buzzcocks, Singles Going Steady (IRS/UA, 1979)

Ever Fallen In Love? des Buzzcocks est le genre de chanson si mémorable que l’on en oublierait presque que le groupe n’était pas seulement l’aventure d’une nuit. Pendant des années, il était mal vu de la passer aux platines dans les bars, tant elle était jouée. Aujourd’hui, cette affirmation serait, somme toute, plus difficile à défendre. Le rock (et ses tubes) n’est plus cette forteresse imprenable qu’il faut contester. Au contraire, affirmons ses évidences et son souffle à travers l’actualité et ses classiques. Singles Going Steady (1979) fait incontestablement partie de cette seconde catégorie. Certains en seraient peinés pour les Buzzcocks. Pas tant à cause du caractère culte de la chose, mais de la nature scolaire derrière l’idée de classique. La lecture du passé selon un schéma établi se prête bien mal à la nature contestataire du punk. Continuer la lecture de « Buzzcocks, Singles Going Steady (IRS/UA, 1979) »

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Antoine Loyer & Mégalodons malades / Bégayer, Sauce chien et la guitare au poireau (Gluck, Le Saule)

« Vous êtes plus penchés que nous, vous êtes trop lourds parce que vous êtes penchés, et vous êtes penchés donc vous tombez dans la boue »

Quand Antoine m’a proposé d’écouter ce disque longtemps avant sa sortie (repoussée plusieurs fois, dans l’espoir de le voir s’accomplir sur scène j’imagine), j’y ai d’abord décelé, au doigt mouillé et à vue de nez, une approche assez simple, folk(lorique) et expé. Puis j’y ai décelé des pistes pour l’avenir des musiques vivantes, peu ou prou. Car ce disque bicéphale, une face Bégayer, une face Antoine Loyer & Mégalodons malades, fait écho à une tribune récente de Vincent Moon qui m’avait passionné. Après avoir fait le tour du monde des musiques, disons de transes pour aller vite, celui-ci détaillait son nouveau projet sur le territoire ; le bien nommé Territoires, justement. Continuer la lecture de « Antoine Loyer & Mégalodons malades / Bégayer, Sauce chien et la guitare au poireau (Gluck, Le Saule) »