Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine
Alba Rohrwacher dans « Sous le ciel d’Alice » de Chloé Mazlo
Je reviens sur des terres connues et je croise des visages familiers. Ou presque. Ce que dit un visage qui a changé… C’est à chaque fois troublant de voir, des années après, ces détails de blanc, ces confusions de ridules placées, ici ou là. Le temps a le sens des détails, les corps changent et nos conversations aussi. Il demeure pourtant des êtres inchangés ou si peu. C’est fragile et beau, cette intemporalité. Continuer la lecture de « Les Visages – Alba Rohrwacher, Modest Mouse, Catherine Millot »
Cette chanson, racontent-elles, elles avaient l’habitude de danser dessus dans les clubs où elles sortaient plus jeunes – comme si elles étaient âgées ! –, à Pampelune, la capitale navarraise. Cette chanson, continuent-elles, fait l’unanimité au sein du groupe, ce groupe qu’on a découvert un dimanche d’automne 2017, étourdis par les accords à cœur et les guitares tourbillonnantes de Una Voz, pierre angulaire d’un premier album qui laissait voir la vie en rose. Depuis les quatre amies ont réalisé une suite épatante publiée au printemps 2020, dont le titre s’est avéré trop visionnaire — Días Raros, “Jours étranges” en VF.
Julie Campbell, amoureuse des espaces industriels désolés dont elle tire magie et sens, vient de sortir – après deux albums et cinq ep – un album au groove sec et élégant, Former Things (Warp Records), qui ne pourra que plaire aux fans de Cabaret Voltaire. Pour écrire et enregistrer l’album, en solo, elle a quitté Manchester, s’est installée en résidence à Londres aux Somerset House studios, un stand de tir de la Marine datant du XVIIIe siècle, et s’est immergée dans la musique et ses souvenirs d’enfance tout en projetant sur les murs des clips de Cabaret Voltaire (justement) et des films d’Ingmar Bergman. « Le résultat d’un grand mélange de sang, sueur et larmes qui me rend heureuse d’enfin pouvoir le partager », dit-elle. Et c’est un album à la fois brillant, obsédant et dansant – un vrai album de mancunienne. Julie a tourné avec Wire, fait la première partie de New Order et Gang Of Four… des groupes que l’on retrouve dans le selectorama qu’elle a volontiers accepté de faire alors qu’elle est très occupée. On ne pourra que la remercier chaleureusement, tout comme pour le clin d’œil à Section 25. Continuer la lecture de « Selectorama : LoneLady »
Un quasi-inconnu, sans doute. Un débutant, pas tout à fait. Si ses premiers souvenirs musicaux remontent à l’enfance, du côté de Stoke-On-Trent – la guitare acoustique un peu cassée de sa grand-mère qu’il posait sur ses genoux pour en jouer comme d’un dulcimer – c’est à partir de quinze ans qu’il a commencé à écrire ses propres morceaux. Un peu plus tard, l’ego en retrait, il s’est aussi brièvement essayé à la library music et il a également composé pour des jeux vidéo et des documentaires. Au milieu des années 2010, sa rencontre parisienne avec Elodie Roy a donné naissance au duo Paris, Texas. Continuer la lecture de « Sous Surveillance : Benjamin Belinska »
« Séléné, tu es si renversante que je suis à jamais renversée d’avoir aperçu la peau de ton ventre »
C’est marrant, parfois il y a collision. Je lisais l’entretien d’Arnaud Viviant pour le webzine Benzine : l’ancien journaliste de Libération y propose le top de ses albums préférés. S’y trouve une chanteuse qui m’était inconnue : Alexandra Roos. Je découvre hébété, c’est tout l’intérêt inépuisable de ces tops en pagaille dont je raffole, cette chanson d’alt rock – comme on dirait dans les rédactions de magazines rock – et sa poésie lyrique et crue : Prends-moi, à prendre justement au sens littéral du terme. S’en dégage une atmosphère exempt d’humour ou de second degré. Continuer la lecture de « Léa Jacta Est, Les films pour adultes (autoproduction) »
Pour la petite histoire, la pochette a été peinte par Max Dembo Jr.
Vingt ans déjà que Nico (alias Max Dembo) régale les oreilles et inspire les plus jeunes. En 2001, il découvre les Vipères au Canada, lieu idéal où l’idée de monter un label germe et va finir par éclore grâce à Keith du regretté disquaire Scratch Records. Sans savoir où cela allait le mener, ni même combien de temps cela allait durer, Nico a toujours voulu mélanger concerts, fanzines et rire sur la musique, chose qui lui semblait presque impossible vingt ans en arrière. Il a donc retroussé ses manches et à décidé de contribuer de manière artisanale en sortant ces groupes qui lui remuent les tripes.
Tout n’est pas parti à vau l’eau au cours de l’année écoulée, heureusement. Pour The Reed Conservation Society, une première boucle s’achève avec le troisième volet de ce triptyque introductif, initié il y a deux ans. Une autre semble déjà prête à s’amorcer, alors que Stéphane Auzenet et Mathieu Blanc bénéficient désormais des excellents offices vocaux de quelques collaboratrices – dont Claire Oneglia, désormais membre à part entière du groupe – qui apportent une coloration mixte et des harmonies encore plus nuancées aux sept nouveaux titres qui composent cet Ep3, une démarche parfaitement cohérente avec la propension déjà soulignée du groupe à s’inspirer de figures féminines dans ses paroles et ses pochettes. Tous ensemble, ils prolongent leur mission commune, toujours fidèles à la cause d’une pop délicate, mélancolique et subtilement rehaussée de cordes et de cuivres. En témoigne ce premier extrait, Gold, Gun And God, ballade onirique et sans ancrage fixe au beau milieu de paysages contrastés, où les accents musicaux empruntés au terroir américain côtoient sans anicroche le classicisme de l’Ancien Monde.