The Knack, Get The Knack (1979, Capitol)

1979 fut l’année de la powerpop aux États-Unis. En quelques mois, les amateurs purent se procurer le premier album éponyme de The Beat (avec un ex-Nerves), Present Tense de Shoes et Get The Knack des Knack (en référence à un classique du Swingin’London). Ces trois disques sont désormais devenus des classiques du genre. Comme la new wave, la powerpop fut en partie vendue comme une alternative présentable au punk rock. Cependant, le genre musical précède la scène du CBGB. Les formations de la British Invasion (Beatles, Who, Move, Small Faces) posent les bases du style dès le milieu des années soixante et une première génération de groupes (Badfinger, Big Star, Raspberries, Blue Ash) apparaît dans la première moitié des seventies. 

The Knack
The Knack

S’il existe d’évidentes connexions avec le punk (le rejet de l’excès de technicité instrumentale), la powerpop n’en constitue pas véritablement une variante pop. Get The Knack n’a d’ailleurs pas grand chose à voir avec les Ramones, à part peut-être l’amour des Beatles : les new-yorkais empruntent en effet à Paul McCartney leur nom (Paul Ramone était un pseudo du chanteur dans les hôtels) tandis que les Californiens signent sur Capitol et pastichent le logo sixties du label qui accompagnait les Fab Four aux USA. Formé en 1978 et composé de Doug Fieger (chant, guitare rythmique), Berton Averre (guitare lead), Prescott Niles (basse) et Bruce Gary (batterie), le groupe se fait un nom sur le Strip de Los Angeles et amène les labels à une guerre d’enchères pour les récupérer. La jeunesse de la formation n’exclut pas l’expérience de ses musiciens, notamment Doug Fieger, passé par Sky, auteur de deux albums en 1970 et 1971. Il forme avec Averre le cœur de la composition des chansons de The Knack, évoquant d’autres duos tels que Lennon/McCartney ou Bell/Chilton. The Knack est ainsi un étonnant cocktail entre roublardise et fraîcheur. Cela leur vaudra les critiques des gens qui n’ont manifestement pas écouté Get The Knack. Quelque soit la pureté et la sincérité de leurs intentions, The Knack ont enregistré un très bon disque. La production sèche typique de l’époque contraste avec les influences sixties du songwriting. Les Knack s’inscrivent ainsi dans un certain héritage sans pour autant coller le train de leurs glorieux ainés.

My Sharona est le Cheval de Troie  de Get the Knack. Tube en or massif porté par un beat de surf music créé par Gary, la chanson est une ode à la lubricité. Le solo de guitare y est mémorable. Si son succès ne fut pas aussi impressionnant, Good Girls Don’t ne se situe pas très loin derrière en terme d’efficacité. Ces deux morceaux cachent d’ailleurs parfois les qualités de Get the Knack. L’album s’éloigne du schéma classique du disque avec deux cartouches et dix fillers. Averre et Fieger brillent d’ailleurs particulièrement dans les morceaux d’album. Oh Tara, Your Number or Your Name, That’s What the Little Girls Do sont autant de petites merveilles de pop aux accents merseybeat. Enfin, Maybe Tonight se dissipe dans de délicates volutes psychédéliques. La guitare convoque le spectre de George Harrison, quand l’usage du Mellotron renvoie à Strawberry Fields Forever. La chanson, au tempo mesuré, est une des grandes réussites de Get the Knack. Elle confirme la justesse de l’écriture de la paire Fieger/Averre. Le succès du disque fut énorme, de même que le retour de flamme qui suivit. Le contexte donne quelques clefs de compréhension. 1979 marque le sommet de la campagne anti-disco via la fameuse Disco Demolition NightLe rock a ainsi de nouveau le vent en poupe dans les charts. Les Knack en profitent certes, mais sont eux-mêmes à leur tour victime d’une campagne de dénigrement : Knuke The KnackEn un sens, le succès de My Sharona eut quelque chose d’un pacte faustien : il donna une image trompeuse d’un groupe bien plus méritant et substantiel que le titre peu envieux de One Hit Wonder. Get The Knack reste, quarante-deux ans plus tard, l’un des plus beaux exemples d’album powerpop. Un peu inégal parfois, le disque condense l’ambiance de l’époque grâce à des songwriters beaucoup plus malins et doués qu’il n’y paraît.


Get The Knack par The Knack (1979, Capitol)

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