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Get High

David Freel / Swell (1958 – 2022)

David Freel
David Freel, New York, 1996 / Photo : Bob Berg

David Freel vient de quitter ce monde qui l’angoissait tant. Cette angoisse, il la soignait dans ses compositions. C’est au début des années 1990 que l’homme arrête sa carrière professionnelle et commence ce pourquoi il est fait : écrire des chansons. Loin des élucubrations soniques de Seattle, il rencontre le batteur Sean Kirkpatrick et fait de la Californie, avec ses disques, une terre grise. Dès le début de Get High, premier morceau de Swell (Psycho-Specific Records, 1990), on ressent et comprend surtout que la personne qui a écrit ce titre-là sait écrire et a un don pour tisser des ambiances ni ensoleillées ni pluvieuses… Mais maussades – ce que confirmera le splendide … Well (1991). Continuer la lecture de « Get High »

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Peter Doherty & Frédéric Lo, The Fantasy Life Of Poetry & Crime (Strap Originals)

Peter Doherty & Frédéric LoFaute avouée est-elle toujours à moitié pardonnée ? Avec Peter Doherty, malgré une très sérieuse anglophilie musicale, je n’avais connu jusqu’à présent que des rendez-vous manqués. Même sa liaison avec Kate Moss ne m’avait pas convaincu de m’intéresser de plus près à ses chansons avec ou sans (je suis) Libertines – parfois à raison sans doute, mais j’imagine bien souvent à tort. Il existait jusqu’ici une seule exception notable, ce single de Wolfman si joliment intitulé For Lovers, une de ces ballade dépenaillées dont on ne sort jamais tout à fait indemne. Avec le Français Frédéric Lo, en revanche, on s’est souvent retrouvés : pour Crèvecœur bien sûr (Inutile Et Hors d’Usage jusqu’à la fin des temps), pour le beau disque avec Bill Pritchard (la très jolie balade Luck, en duo avec Étienne Daho ; la pop sautillante de Digging For Diamonds, qui reste dorénavant comme l’un des meilleurs titres de Madness circa 1985) et puis, pour quelques passions partagées aussi – l’album Voilà Les Anges de Gamine, au hasard et en souvenir d’une soirée d’automne clermontoise, passée accoudés à un bar de la vieille ville. Continuer la lecture de « Peter Doherty & Frédéric Lo, The Fantasy Life Of Poetry & Crime (Strap Originals) »

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Broadcast : Bande à part

Broadcast
Broadcast à Londres / Photo : Joe Dilworth

Alors que Warp Records vient tout juste de rééditer trois disques du groupe le plus magnétique de Birmingham dont la disparition brutale, il y a onze ans déjà, de la chanteuse Trish Keenan a sans doute contribué quelque part à cette accession du groupe à une forme de postérité, nous avons choisi de republier cette interview parue il y a 25 ans dans la RPM. Au moment de la sortie de Work And Non-Work, une compilation des trois premiers singles / EP avant leur signature chez Warp, Christophe Basterra rencontrait Broadcast au grand complet lors d’un concert dans une salle londonienne.


L’une des plus belles surprises de cet été nous vient d’Angleterre. Après trois singles enchanteurs et mystérieux distribués au compte-goutte, Broadcast – une jeune fille et quatre garçons – réalise aujourd’hui via Warp Work And Non-Work, une compilation essentielle et désespérément belle. Un univers imaginaire, un charme crépusculaire : telle est la musique de Broadcast, plus beau fleuron d’une scène post-pop qu’il faudra surveiller de près. Continuer la lecture de « Broadcast : Bande à part »

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Vu d’ici : sous la neige et le printemps

L’entre-deux tours entre l’Ohio et la France.

Photo : Adrienne Lenker (Big Thief) via sa page Facebook
Photo : Adrienne Lenker (Big Thief) via sa page Facebook

Tenir pour fil conducteur d’une écriture le temps – météorologique – qu’il fait m’intrigue pas mal : c’est toujours de temps dont il s’agit, le temps dehors et les tempêtes intimes, les légères brises, les gels et les chaleurs qui font par leur collection que l’on se dira plutôt en été, ou plutôt en hiver. Dehors, et dedans. Ni dehors, ni dedans : là. Ici. Maintenant.
Du temps, des moments, leur apparition et leur disparition.
J’étais pour une dizaine de jours et des circonstances familiales dans l’Ohio, d’où j’ai suivi les résultats du premier tour des élections présidentielles, les journées précédentes, les journées suivantes, en compagnie d’ami·es et de la famille de ma compagne.
Il y avait d’importantes dissonances météorologiques ici comme dans le là-bas d’alors, en France, les pieds dans la neige et les récoltes au tombeau pour la deuxième année de suite.
Il y avait aussi les questions, les discussions, l’immense curiosité – les rouages de la baroque élection à deux tours de suffrage universel de la Cinquième République méritant un nombre d’explications pas moins élevé que les rouages de la baroque élection à un tour de suffrage indirect des États-Unis.
Chacun ses scandales, et ses vertus, et ses peurs. Continuer la lecture de « Vu d’ici : sous la neige et le printemps »

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Spiritualized : « Je veux terminer ma carrière en fanfare. »

Spiritualized
Jason Spaceman – Spiritualized / Photo : Sarah Piantadosi

Cela arrive rarement, mais il y a des personnes que j’ai peur d’interviewer. Jason Spaceman est l’une d’entre elles. Soyons transparent, il réunit sur papier tous les critères. Non seulement il affiche clairement sa répulsion pour toute obligation promotionnelle, mais sa musique, depuis ses débuts avec Spacemen 3, ne peut venir que d’un cerveau profondément dérangé. Passé d’un minimalisme glaçant à un mur du son Spectorien teinté de psychédélisme (les deux avec option « ++ » en musique de drogué), son œuvre est l’une des plus exigeantes et captivantes de ces dernières décennies. Et puis soyons honnête, Jason Spaceman, ce n’est pas Sœur Sourire. C’est donc avec une légère appréhension que je suis arrivé à l’hôtel où se déroulait une journée d’interview pour Everything Was Beautiful, le nouvel album de Spiritualized. On m’annonce aussitôt que Jason n’a toujours pas quitté sa chambre, le planning a déjà pris du retard. Continuer la lecture de « Spiritualized : « Je veux terminer ma carrière en fanfare. » »

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« Le Village », extrait du nouvel album de Arlt

Ça ne se décide pas, ces choses-là. Quand on n’entend plus la manière et qu’on entend la chanson. Peut-être que la basse aide, ou la pente, même si la pente fait un peu des histoires dont on se moque quand on écoute une chanson, mais bon, cette pente, ce n’est pas n’importe quelle pente, c’est la pente d’en face, Thiers, on y vit ou on n’y va pas, à moins de connaître quelqu’un qui connaîtrait quelqu’un qui.

Dans les montagnes thiernoises.

Gamin je faisais du vélo sur les pentes d’en face, celles qui descendent de la plaine de Laschamps. En voilà une belle jambe, toujours moins belle que l’invraisemblable chanson Le Village par Arlt, que voici clippée en avant-première “par un ami” (NDLR:  Bertrand Belin, pour le citer). Les deux n’ont jamais si bien chanté, joie des voix qui vieillissent et se posent dans les dix directions.

Un album est à venir, s’il est aussi beau que cet extrait, il sera le meilleur, comme chacun des autres. Ce n’est pas une mince affaire de s’employer autant à la beauté.


Arlt Turnetable ObjetDisqueTurnetable, le nouvel album de Arlt paraîtra le 20 mai prochain chez Objet Disque.

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Selectorama : Confidence Man

Confidence Man
Confidence Man / Photo : Jamie Heath

Ok, il a fallu un petit temps de réflexion pour décider si Confidence Man avait sa place ici, tant le quatuor de Melbourne s’illustre dans une dance pop totalement exaltée à la limite de la poule sans tête. Quelques signaux sont toutefois passés au vert : en premier lieu, ils sont signés sur Heavenly Recordings, que l’on suit depuis trois décades, de East Village à Saint Etienne, en passant par Beth Orton, The Magic Numbers ou Doves, jusqu’à plus récemment Working Men’s Club, Baxter Dury et tant d’autres. Puis, dans les playlists de A Certain Radio, on les retrouve autant chez le vétéran éclairé Daniel Dauxerre que chez Pipi de Frèche, notre onde sensible. Soit. Mais qu’en est-il de cet album si justement nommé Tilt ? Sorti il y a quinze jours à peine, ils ont apparemment balancé dans pèle-mêle dans la marmite breaks mancuniens, pianos house, basses stéroïdées, lyrics aussi joyeusement crétins que back in the days dans les 90s (Push It Up, KIss N’Tell, ce genre), allant radicalement à contre-courant d’une ère totalement anxiogène. Alors, soit on l’admet et on considère que Holiday est le meilleur hymne après moi le déluge, soit on retourne chouiner en écoutant des choses tristes. Vous êtes prévenus, et pour mieux comprendre leur confidence, voici les neuf titres qu’ils ont choisis pour ce selectorama absolument pas sérieux. Continuer la lecture de « Selectorama : Confidence Man »

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Jazzoux, Quand Le Jus de Rythme… (In Paradisum)

JazzouxLa dernière et toute récente édition du festival Sonic Protest a pu confirmer l’excellente santé d’une scène aux frontières souvent délicates à cerner : entre bruitisme et arythmie, improvisation néo-free et recherche électronique, elle assume avec une souveraineté radicale le multiple héritage des musiques expérimentales. Au sein de cette constellation, Amédée de Murcia (Somaticae, Balladur, OD Bongo) et Claire Gapenne (Terrine, Headwar, Me Donner) en incarnent avec brio le versant free-beat, noise et industriel. Activistes et pivots d’une mouvance toute entière dévouée au culte du feedback, de la distorsion et du bug analogique/numérique, c’est avec un projet commun, Jazzoux, qu’ils nous reviennent ici. Marquant par la même occasion le retour de l’excellent label In Paradisum, ce disque au titre improbable, Quand Le Jus De Rythme…, impose une sorte de No Techno sauvage et abrasive. Continuer la lecture de « Jazzoux, Quand Le Jus de Rythme… (In Paradisum) »