Les Calamités, Encore ! (1983-1987) (Born Bad Records)

Les Calamités Born BadNotes à propos de la réédition des chansons des Calamités sur le label Born Bad

Dire que c’était un rêve d’écrire à propos du groupe de Beaune pour le fameux label, oui, carrément. Quand Jean-Baptiste Guillot m’a appelé, je crois qu’on devait être dans le premier confinement, j’ai eu du mal à réaliser. Un peu inconscient, j’ai dit oui. En même temps, j’avançais dans Les années Lithium et j’avais pris un peu d’assurance dans les entretiens téléphoniques notamment. Passer d’une histoire à l’autre, ça me permettait de ne pas devenir trop obsessionnel.

Je ne sais pas trop pourquoi j’ai été choisi d’ailleurs pour travailler à ce livret. Peut-être que JB avait simplement aimé le dossier de Langue Pendue n°1 sur Kid Vynnyl. J’ai toujours aimé Les Calamités, depuis mes 13-14 ans, mais plutôt de façon discrète. Je me disais qu’il y avait sans doute de plus pointus spécialistes de cette scène rock’n’roll de la première moitié des années 80… Peut-être qu’ils n’avaient pas envie, ou pas le temps. Les Dogs, Little Bob, les frères Tandy, j’étais bien passé à côté, il faut le dire. Question de génération, sans doute.

Alors revenons en 1984-1985. J’ai 14 ans, mon grand frère achète plein de disques à la Fnac et il s’est même inscrit à la « discothèque » des 4AS (un centre commercial) à Belfort. Et un jour, il revient avec A bride abattue. Je crois qu’il est super excité parce qu’un « groupe de nanas », on ne voit pas ça tous les jours. On écoute dans sa chambre, il en fait une cassette, et je me marre en apprenant par cœur les paroles de Toutes les nuits.

Je crois que je dois les voir chez Jacky dans Platine 45, aussi.

A peu près à la même époque, tous les dimanches (je crois), je lis sans le savoir les chroniques rock de Lionel Herrmani dans Le Pays de Franche-Comté !

Bizarrement, quand je m’installe à Strasbourg, elles restent dans les bagages. J’achète sans doute l’album A bride abattue dans une brocante, le maxi Vélomoteur à la Seconde Main, un magasin de disques d’occasion place Saint-Étienne. C’est un peu deux ans après la bataille et leur triomphe au Top 50, mais quand même. Il y a cette pochette de Pierre & Gilles dont j’ai acheté un livre à Di.Na.Li, une librairie qui écoule des fins de séries, au pied de la Fnac. Un repère d’étudiants désœuvrés et fauchés.

Mon copain Jacques, qui se cache derrière le sobriquet The Non Stop Kazoo Organization, enregistre un flexi pour Ad Libitum Pop?!. Ce label édite ensuite un 45t, Les Lutines, compilation de 6 chansons très courtes. Il y a Dominique A et Sylvain Vanot, Caramel, Kim entre autres et surtout une chanson d’Isabelle, Damoclès et Louis. C’est une chanson d’une minute avec trois mots imposés (le concept). On reconnaît de suite cette voix acidulée et cette petite science de la dynamique pop, mais une minute, c’est peu.

Dans cette même effervescence de labels cassette, flexi et 45t, mon groupe Les Molies est invité sur la très généreuse compilation Bedroom Palace du fameux label Lo-fi Recordings (en présence des incroyables Funkies, on y reviendra dans un grand numéro de Langue Pendue à venir, au fait). Je décide de reprendre J’en ferais bien mon 4 heures. Jacques décrypte les accords, et on enregistre sur son 4-pistes Tascam dans sa chambre à Fegersheim. Je chante super mal, on met des guitares hurlantes à la fin pour faire comme Diabologum, c’est un peu nul, mais mon envie de me rattacher aux Calamités est irrépressible.

A la même époque, je colle dans un cahier à spirale des chroniques de leurs disques, découpées dans de vieux numéros de Best et Rock&Folk, reprenant une vieille tradition familiale : pour faire de la place, en fin d’année, on dépiautait les journaux et les piles de magazines accumulés pour n’en garder que les meilleures pages, conservées dans des cahiers. A mon père, les encadrés de films de Télé 7 jours; à ma mère les exploits du FC Sochaux dans la presse régionale; à mon frère les magazines musicaux.

« Ce n’est pas les Calamités qu’on devrait les appeler, mais les Bénédictions ».

Dans un vieil agenda, je note un numéro de téléphone d’une des filles. Est-ce celui d’Odile ou d’Isabelle ? Je ne sais plus. Celui qui me l’a donné, le garçon qui s’occupe du label Ad Libitum Pop?!, prétend qu’elle habite à Belfort. J’appelle, je laisse sonner, mais quand ça décroche, je prends peur. Mon grand projet d’entretien avec les Calamités attendra.

La compilation de 1997, C’est complet, de Last Call en CD est parfaite.  Il y a un texte de Tony Truant des Dogs dans le livret.  Il résume tellement bien l’histoire des Calamités.

Nous sommes dans les années 2000, l’internet est devenu une fenêtre sur le monde. Mes recherches tournent toujours autour de marottes balisées : les ninjas, les Pastels, les Big Jim de  Mattel et Les Calamités. je tombe nez à nez sur le site Calamiteux.com. Je ne trouve pas le nom très heureux mais alors qu’est-ce que le site est riche et renseigné ! Une mine.

Par mon travail, j’obtiens des codes d’accès pour les archives de l’INA. Je vous le donne en mille : mes premières recherches tournent autour des Calamités. Leurs apparitions dans Platine 45 (les images me sont familières, je les avais donc bien vues à l’époque), les apparitions dans les Enfants du rock, tous leurs playbacks disponibles de Vélomoteur, je regarde tout.

Il y a aussi une émission cheloue dans les Enfants du rock, En français dans le texte, présenté par Jean-Luc Delarue, super au taquet, avec un comparse encore plus perché que lui. Humour grimaçant, recherche constante de la vanne, ça devait être super bizarre d’être interviewé par ces gens. C’est l’époque de Vélomoteur.

Plus fou, je tombe sur de fameuses chutes d’un concert à Besançon. La qualité est superbe, les couleurs sont tellement passées, on dirait du 16 mm un peu flou, ou alors les premières images vidéo, ça n’est pas monté. C’est  tout simplement un de mes films préférés sur la musique (ça dure même pas 10 minutes).

Après le coup de fil de JB, je fais la liste des interviewés possible. Contrairement à l’aventure Lithium, il y a beaucoup moins de monde. Je relève tous les noms sur les pochettes, je regarde sur les réseaux sociaux. JB me donne deux contacts pour amorcer le travail, ça sera Marcelle, la manager et Tony Truand.

Je décide de procéder par spirale : j’essaie de m’entretenir avec tout le monde avant de terminer par Isabelle et Odile. Je comprends vite que Caroline ne participera pas à ce travail de mémoire. Je ne suis pas surpris, alors que le travail avec Lithium prend de la consistance, j’apprends à faire avec les absents. Qui n’ont pas toujours tort et qui ont leurs raisons. Les aventures musicales sont compliquées. Et agiter les souvenirs et plonger dans son passé ne sont pas forcément des moments agréables pour tout le monde, questions de timing si on veut.

En feuilletant le courrier des lecteurs de vieux Rock&Folk qui me sont confiés par Etienne Greib, je tombe par hasard sur une lettre d’une lectrice : elle insulte les Bangles et loue le sérieux et la droiture des Calamités.

Pendant un an, j’ai JB régulièrement au téléphone pour lui faire part de l’avancée du travail. Il n’a pas l’air pressé. Il ajoute souvent un nom à contacter, je tremble quand il me passe un contact pour Daniel Chenevez. Enfin, là on est à un niveau plus sensible : c’est Daniel qui a mon contact et qui a mon numéro.

« Bonjour, c’est Daniel ». Quand la moitié de Niagara m’appelle, au moment même où il se présente, je reconnais forcément sa voix. C’est une sensation très étrange. La discussion est géniale, j’adore l’écouter raconter les anecdotes liées à Vélomoteur et plus généralement son rapport aux Calamités. En fait, ce que je crois, c’est que derrière les musiciens connus et reconnus, à succès, riches sans doute, quand le masque tombe, il y a toujours ce moment où on se retrouve avec LE fan de musique, et c’est toujours rassurant.

Forcément aussi, je pense à Muriel Moreno et j’aurais adoré évoquer avec elle les Calamités. Je n’ai pas osé demander son contact à Daniel, je ne suis pas encore un journaliste d’investigation, il y a de la marge. Il paraît qu’Odile et Muriel ont joué pour le plaisir ensemble mais je n’en sais pas plus et j’ai peut-être rêvé en fait, je ne sais plus.

J’aime surtout imaginer Odile et Isabelle dans le petit appartement de Muriel et Daniel en train d’enregistrer une maquette et de travailler la structure et les harmonies.

Même si ce n’est pas dans le contrat, j’essaie aussi de rassembler des documents photographiques. Je me fais plaisir parce que je sais que je n’ai aucune légitimité pour demander des photos, mais je ne peux pas me priver de cette annonce : « Bonjour, je travaille pour le label Born Bad… », ça ouvre des portes, mine de rien.

Je suis fasciné par une photo d’une session avec Youri Lenquette. Mais Isabelle et Odile n’aiment pas trop la photo. JB trouve aussi qu’elle est trop « années 80 » et qu’elle ne reflète pas le son du groupe. Moi, je la kiffe grave.

Je prends le train pour Dijon un dimanche matin et Isabelle vient me chercher à la gare. Je n’en mène pas large, mais tout se passe bien. Le programme de la journée : entretien avec Isabelle le matin, repas, entretien avec Lionel l’après-midi (ou l’inverse, c’est l’émotion). Je prends un selfie avec mes deux adorables hôtes, je suis assez nul pour ça. On écoute la cassette de Paris Banlieue (enfin un endroit où un magnétophone est toujours à portée de main), super beau moment. Isabelle dit que les filles devraient plus jouer sur les harmonies. Il y a une guitare (une Telecaster, je crois), celle des Calamités, et un ampli dans un coin de la maison, il y a un bureau sous les toits avec plein de disques.

Je découvre les Snipers avant d’avoir François au téléphone. Comme j’essaie toujours de me raccorder à ce que je connais, je décide que la chanson magnifique La meilleure manière est ce que j’ai entendu de plus proche des Pastels (période Suck On) en français : même dilletantisme, même simplicité, voix traînante, mid tempo paresseux. PERFECTION. En même temps, à force de lire que les Calamités c’est les Shop Assistants, il ne fallait pas trop me pousser vers l’Ecosse.

J’ai un théorie depuis le début : Snipers, Calamités, ça aurait dû être le choc esthétique de ma génération (avant Dominique A et Diabologum). Plus besoin de passer par l’Angleterre et le label Creation.

Je raconte à Robin Wills des Barracudas que les Calamités et les Snipers étaient en avance sur les groupes du label Creation, mais je me rends compte que c’est plus compliqué que ça : il me dit qu’ils sont plutôt contemporains des groupes anglais qui réactivent les années 60, comme son groupe par exemple. Pour lui, Creation, c’est déjà un peu autre chose.

Je reçois par mail un portrait d’époque de Robbie Fields, le gars qui a sorti The Calamities sur son label, Posh Boy, à Los Angeles. Il ressemble à un acteur qui aurait pu jouer dans un épisode de la série Mannix, ou avoir un rôle dans Columbo.

A force de confinements, de déconfinements et de reconfinements, je renonce à aller à Bruxelles pour visiter Odile et François. Mais je sais que ça ne sera pas fini pour moi, tant que je ne les aurai pas rencontrer. Les échanges au téléphone sont chaleureux.

MIKE EST SUPER SYMPA.

En échangeant avec les acteurs de l’aventure restés dans la région de Beaune-Dijon, j’ai l’impression que je pourrais écrire un guide des vins.

Bertrand Loutte me fait penser à inclure un extrait du fanzine de The Legend daté de 83 ou 84, d’autant plus qu’il en a conservé une copie qu’il me scanne gentiment. Evidemment qu’à l’époque, il avait eu vent d’A bride abattue, Jerry Thrackay est une légende.

Je téléphone à Fabio, un jeune gars qui avait contacté les Calamités pour rééditer leurs chansons, un peu avant Born Bad. Il est super sympa et me dit qu’il a découvert les Calamités parce qu’une de leurs chansons était en bande son d’une vidéo de skate ! Les Calamités comme groupe intergénérationnel !

Franck me met en contact avec Etienne Daho. Ce dernier m’appelle un samedi matin (numéro masqué), mais je travaille à la médiathèque, je ne peux pas décrocher. Je n’aurai pas de seconde chance. Heureusement, JB récupérera son témoignage par un autre biais. C’est le seul dont je n’ai pas recueilli le témoignage en direct. He’s on the phone.

J’arpente consciencieusement le site de la Fanzinothèque, notamment la base de données remplie de trésors scannés, histoire de vérifier que je n’oublie aucune source.

J’aime beaucoup le dernier chapitre qui n’est pas dans le livret, faute de place, 32 pages, c’est déjà bien. On peut le lire sur le site de Born Bad aussi, mais le voici :

L’APRÈS

LE MILIEU DES ANNÉES 80 VOUS DONNAIT LE GOÛT DES JEUNES FILLES DÉMODÉES. PROVINCIALES. POUR LES PARISIENNES BRANCHÉES, ON N’AVAIT QUE L’EMBARRAS DU CHOIX. CES TROIS-LÀ VENAIENT DE BEAUNE (CÔTE D’OR). LÀ-BAS, POUR BRASSER LES MAUVAIS CLICHÉS, C’ÉTAIT PINARD OU ROCK’N’ROLL. ODILE REPOLT, ISABELLE PETIT ET CAROLINE AUGIER ONT CHOISI LA VOIE ÉTROITE, EN VIRANT POP JUSTE À LA SORTIE DU GARAGE. PAS PAR CALCUL, ELLES AIMAIENT ÇA : LES SHANGRI-LAS, LE SHIMMY, TOUT LE TRALALA. LES WHO ET LES TROGGS REVUS PAR MARIE-JOSÉ NEUVILLE, LA COLLÉGIENNE DE LA CHANSON. J’EXAGÈRE UN PEU ? OUI. LES FILLES ÉTAIENT ÉTUDIANTES. PÉTILLANTES. CHARMANTES (…) AVEC TOUTES LES NUITS, ELLES TENAIENT UN TRUC EN ACIER INOXYDABLE. (…) ET PUIS POUF-POUF, DANS LA FUMÉE DES SOUVENIRS. FRANÇOIS GORIN, TÉLÉRAMA, 3 OCTOBRE 2014

Odile : Dans ma tête, le groupe ne s’est jamais arrêté. Au départ, on est un groupe de copines, on fait de la musique et quand la musique s’arrête, on est toujours un groupe de copines, on a toujours continué à se voir, à faire des fêtes, à aller à des concerts. On a arrêté de faire de la musique, mais le groupe est toujours présent. Bon, on ne pourrait pas réécrire des paroles comme ça, c’était des paroles d’ado ! Ça serait ridicule à notre âge. Mais comme il n’y a pas eu de séparation, ça n’est pas douloureux en fait.

Isabelle : Après, chacune a tracé sa route, mais on est toujours restées très proches, très unies, il y avait autre chose que la musique entre nous… Il n’y a jamais eu de regrets, de remords, c’était entendu, on l’avait toujours dit, en tous cas on le savait nous, depuis le départ ! Beaucoup de personnes ont été surprises de découvrir notre parcours et n’ont pas compris pourquoi on s’arrêtait en plein succès… Mais justement c’est ça qui était génial ! On a vécu des moments incroyables et on a réalisé nos rêves d’adolescentes, que demander d’autre ? J’ai continué à faire un peu de musique dans mon coin. J’ai enregistré, en 1995, un morceau pour un 45t du label Ad Libitum Pop, (avec Jacques Daumail – le père de Mark, de Cocoon – qui a fait les guitares). Il y avait aussi un morceau de Dominique A sur cette compilation. De leur côté, Odile et François ont enregistré des morceaux avec Jean-Luc Taccard dit Le Kaiser (Tango Lüger, Vietnam Veterans… ) sous le nom des Mysterious Speculoos entre 2010 et 2015. On est toutes allées plusieurs fois dans son studio d’enregistrement à Chagny, j’ai également enregistré trois titres chez lui en 2015 avec Antoine, le fils d’Odile, à la batterie et Antoine (Tony Truant) à la guitare. Jean-Luc est malheureusement décédé en 2016.

Odile : Ça me fait plaisir qu’on ne tombe pas dans l’oubli, que des personnes puissent nous découvrir. Après, nos chansons sont sur l’internet, on n’attend plus une réédition pour pouvoir réécouter des choses introuvables. Il n’y a plus de disparition complète, comme à une époque. C’est chouette aussi pour mes gamins, ça leur montre que ça vaut le coup de s’investir dans quelque chose, que ça dure dans le temps. Laisser quelque chose derrière soi.  Ce qui m’a bien fait plaisir, c’est que dans la Star Academy (Belgique), deux candidates (Roxane et Mélanie, en 2002) ont repris Vélomoteur. Mais on voit bien que tout a été décortiqué, les harmonies, les sons, ils ont épluché les partitions. Leur interprétation est très appliquée, bien loin de notre façon très intuitive et spontanée de faire de la musique. Ma grande fierté, c’est quand un de nos morceaux est repris par un autre groupe : ma reprise préférée, c’est celle des Nuls, Vibromasseur, c’est la meilleure reprise des Calamités.

Antoine : Sur leur carrière, elles ont été intelligentes, par rapport à plein d’autres… Je me mets dedans, hein. Elles étaient brillantes, elles ont continué leurs études, elles ne se sont pas laissé piéger, pour se retrouver avec rien à la fin, complètement oubliées, à faire les tournées souvenirs années 80, les conneries comme ça. Elles bossaient à côté, pas comme certains…

Lionel : Il n’y avait pas vraiment de plan, avec les Calamités. Une chose était sûre : « Quand on aura passé nos examens, on arrête ! » Ça changeait tout par rapport aux autres ! Les maisons de disques, le show-biz, elles n’en avaient rien à faire.

Marcelle : On a fait une grande fête pour nos cinquante ans et elles ont rejoué. Une fois les guitares accordées, quand elles ont commencé à chanter, c’était magique. Les harmonies étaient là, j’étais scotchée. Je dis que je suis leur première fan… Et je ne suis sûrement pas la dernière ! Je suis toujours surprise devant tout ce qu’on trouve sur le net, des choses qu’on avait complètement oubliées ! On a découvert par exemple, grâce à Enzo Pélissolo et Jean-Claude Savy, des enregistrements en public de très bonne qualité que je ne me lasse pas de réécouter. Isabelle joue encore, elle me demande de lui écrire des paroles, il faut que je m’y mette sérieusement ! On se voit régulièrement, on part en vacances toutes les quatre, on est restées très proches. Les Calamités, c’est un lien indissoluble, même dans le Bourgogne.

Lionel : Elles ont toujours ce truc avec le chant : il n’y a pas si longtemps, Isabelle et Odile ont chanté, comme ça, à l’improviste, une reprise des Everly Brothers (All I Have To Do Is Dream), avec François à la guitare, c’était impressionnant. Malheureusement, il manquait Caroline… Dans les Calamités, il n’y avait pas une soliste et des choristes, elles chantaient toutes les trois indifféremment la voix principale, avec un timbre reconnaissable entre mille, sans équivalent. Je suis élogieux, plus encore, je pense toujours que c’était un groupe étonnant, à mille lieux d’un produit préfabriqué show-biz, loin de l’argent des grands studios, de la publicité, des produits marketing, de la promo massive… Cette modestie des moyens a sans doute contribué à donner aux enregistrements une formidable fraîcheur. Tout le monde sait qu’elles auraient pu continuer, qu’elles avaient du talent, qu’elles auraient pu écrire d’autres morceaux… Je reste persuadé, et je ne suis pas le seul, que si on les enfermait aujourd’hui dans un studio elles pourraient à nouveau écrire de bonnes chansons.

François : On est restés amis, je les vois tous et toutes encore, Marcelle, Isabelle, Odile, Lionel, Caro, Mike… Il n’y a jamais eu de tensions, elles sont ensemble depuis si longtemps et leur amitié, qui est vraiment profonde, est une des raisons de leur succès. C’est magnifique, faire partie de ce petit monde, qui est comme une famille élargie.

Lionel : Il y a une magie dans le rock, Dominique Laboubée disait ça… Une étincelle (il claque des doigts), les Calamités l’avaient !

J’ai aussi toujours tendance à refaire l’histoire ou à imaginer ce qu’il aurait pu advenir : j’aurais aimé voir à quoi aurait pu ressembler un second album des Calamités. J’aurais aimé aussi que Daniel Chenevez fasse d’Acide un véritable label.

J’aurais voulu le faire exprès, je n’aurais jamais réussi : je reçois par la Poste, le même jour (un jour béni), le CD, Encore, des Calamités, siglé Born Bad, et les exemplaires des Années Lithium.

Je crois que j’aimerais voir les Calamités rejouer à quatre, je suis sûr qu’elles n’ont absolument pas dit leur dernier mot. Comme me dit souvent Emmanuel Plane, en substance : « Tu ne veux jamais que les choses s’arrêtent ».


Encore ! (1983-1987) par Les Calamités est disponible chez Born Bad Records.

ENCORE ! 1983-1987 by LES CALAMITES

Une réflexion sur « Les Calamités, Encore ! (1983-1987) (Born Bad Records) »

  1. Merci beaucoup et bravo pour cet article passionnant (que je découvre un peu en décalé) 😉
    Par contre le site Calamiteux est désormais fermé quel dommage de n’avoir pas pu l’explorer.

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