Dans un entretien avec Julia Eckhardt, l’artiste sonore et compositrice Éliane Radigue explique en ces termes sa passion pour le synthétiseur ARP 2500 : « Le jour où je suis tombée sur l’ARP, c’était évident. Je n’avais plus à chercher. (…) le top du top du synthétiseur ARP 2500 était sa « voix » reconnaissable entre toutes, si délicate. C’est ce qui a déterminé mon choix. » Un éloge d’un instrument mythique par l’une de ses praticiennes les plus importantes qui souligne le caractère profondément singulier de son timbre, sa sophistication et richesse légendaires. Les travaux électroniques de Radigue, basés sur la pratique du son tenu et de la micro-tonalité, n’auraient à coup sûr pas pu atteindre la même rigueur formelle ni la même intensité sans l’architecture et la matrice de modulation particulièrement originales du synthétiseur. Continuer la lecture de « Machines #10 : ARP 2500, matrice analogique »
Catégorie : séries
Catégories festivals, séries
Fred Frith et moi
Le guitariste anglais avant-gardiste vu par ceux qui l’aiment, juste avant sa venue au BBMix ce week-end.
Fred Frith, guitariste anglais aux multiples casquettes peut se targuer d’être le fondateur du RIO (Rock in Opposition), créant le lien artistique entre John Cage et Frank Zappa. Résumer sa carrière en quelques lignes est tout bonnement impossible tant Fred Frith a passé les quarante-cinq dernières années à sans cesse ouvrir des portes à de nouveaux sons et à de nouvelles pratiques. Pour sa venue le dimanche 27 novembre au carré Bellefeuille, les équipes du festival BBMix ont demandé à une série d’artistes de dresser un court portrait de Fred Frith via leur morceau préféré. (Texte : BBMix) Continuer la lecture de « Fred Frith et moi »
Catégories séries, stranger teens
Stranger Teens #1 : « Moonlight Shadow » par Mike Oldfield (1983)
Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.
Le mois de juin se sera écoulé avec une régularité effarante. Au rythme moyen de cinq publications par jour, le fil d’actualités de mon téléphone n’aura cessé de m’indiquer que Kate Bush est revenue en tête des charts avec sa chanson de 1985 Running Up That Hill (A Deal With God) présente au générique de la série Stranger Things. En revanche, aucun papier ne se sera attaché à décrire le génie des deux scènes (au centre d’une saison à la qualité certes très contestable) qui ont permis ce retour en grâce salutaire. Continuer la lecture de « Stranger Teens #1 : « Moonlight Shadow » par Mike Oldfield (1983) »
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New Order (A Life), #6
Ou comment la musique de New Order infuse dans nos vies.
L’histoire se referme. 1987, 1988 et une renaissance contrariée : celle de New Order, sous le soleil d’Ibiza, lors de l’enregistrement de Technique. Décalage horaire permanent et paradis artificiels. Vanishing Point. C’est l’ombre de Nico, qui apparaît au détour d’une route escarpée, quelques semaines avant son décès accidentel. C’est le temps des fractures, de toutes les tensions intestines qui auront provisoirement la peau du groupe et de son unité, à jamais bancale désormais. C’est la fin d’une décennie pendant laquelle la légende et l’œuvre de New Order se seront construites sur les cendres de Joy Division, à l’aide des guitares autant que des machines, accompagnées d’une bonne dose d’inconscience et d’impréparation. Continuer la lecture de « New Order (A Life), #6 »
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Dance To The Music #8 : le Psychédélisme dans la Soul
De la fin des années soixante jusqu’au milieu de la décennie suivante, la soul s’éprend du rock psychédélique et en intègre certaines caractéristiques dans sa production. Plus qu’un genre à proprement dit (comme peut l’être la Philly soul), la soul psychédélique est un ensemble informel de musiciens et producteurs développant un nouveau langage en s’affranchissant de certaines contraintes et en expérimentant en studio. Ce vocabulaire contribue à ouvrir la voie, avec d’autres, de la musique disco. Continuer la lecture de « Dance To The Music #8 : le Psychédélisme dans la Soul »
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New Order (A life), #5
Ou comment la musique de New Order infuse dans nos vies.
1987. Fin de l’histoire.
In the pouring rain / It’s called love / And it belongs to us / It dies so quickly. 1987 ou un peu avant, fin de l’histoire. Deux adolescents s’enlacent timidement sous un réverbère. La pluie est forte, d’une verticalité sans égale. Orage de juin et cette odeur de bitume chaud. Orage de juin et leurs tee-shirts devenus éponges, transparents par endroits. Qu’aucun n’ose regarder vraiment, par pudeur, par peur surtout de rompre ce début d’étreinte. Continuer la lecture de « New Order (A life), #5 »
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New Order (A Life), #4
Ou comment la musique de New Order infuse dans nos vies.
Je pose le CD sur la platine. La tiédeur du soir entre dans l’appartement. Les premières notes m’emportent toujours vers un autre espace, un autre temps. L’adolescence, oui, sûrement, mais sans que je puisse préciser les contours d’un instant précis. Nul objet ou souvenirs tangibles. Rien sinon l’intensité de la musique. I like walking in the park when it gets late at night. C’est Sub-culture et sa boucle synthétique. C’est Sub-culture et Low-Life, depuis toujours mon disque préféré de New Order, sans doute parce qu’il a été le premier à m’avoir vraiment bouleversé. La chronologie fait parfois toute la différence. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai toujours eu l’impression de n’avoir jamais retrouvé, dans aucun autre album du groupe, cet équilibre précaire et miraculeux à la fois, entre l’énergie rock de ses origines et les sonorités électroniques devenues sa principale signature. Sans doute aussi, jamais depuis Movement un disque de New Order n’a jamais été autant habité par la figure de l’absent, celle de Ian Curtis, de la vague puissante de Sunrise au sommet d’émotion que constitue Elegia. Continuer la lecture de « New Order (A Life), #4 »
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Fléchés pop #1
Au contraire des mots croisés, qui nécessitent un aller-retour permanent entre la liste des définitions et les cases à remplir, les mots fléchés offrent l’avantage de rester sur le plateau des opérations. Avec Pauline Nunez, nous partageons cette étrange petite passion consistant à remplir de lettres des cases prévues à cet effet. Pendant le confinement, cette inclination nous a mené très loin, aussi loin que possible, vu les circonstances, autour de notre chambre comme l’aurait aimablement souligné Xavier de Maistre dès 1794. Un moyen innocent, ludique et efficace de rester connecté à l’écriture lorsque l’inspiration fait défaut. Aussi il ne fallut pas trop nous forcer ni la main, ni le porte mines, pour imaginer une grille à destination de notre lectorat exigeant. Las, si sur le papier la bonne humeur succède aux bons mots tout en sollicitant vos connaissances pop moderne (avec en sus quelques blagues assez finaudes que nous assumons de concert), vous n’imaginez pas un instant le colossal travail de mise en page nécessaire pour parvenir à vous distraire.
Alors imprimez-vous cette grille sans plus attendre et tachez d’être au niveau, dans cet entre-soi toujours flamboyant qui vous mènera à coup sur, aux portes de l’Olympe des fléchistes accomplis.