Le Badaboum, rue des Taillandiers à Paris, affiche complet pour Tirzah – chanteuse anglaise armée d’une voix faussement fragile, éminemment gracile, capable de prendre la vague de n’importe quel rythme avec une nonchalance qui cloue tout sur place. Ce soir, donc, la salle est pleine, et l’on y sent une forme d’attente assez particulière, marquée par le fait que l’on dénombre pas mal de gens venus seuls et qui se tiennent là tout aussi solitaires, au milieu de couples aux airs amoureux. C’est que la musique de Tirzah parle aux deux : elle semble chantée depuis la solitude mais aussi depuis le milieu d’une histoire d’amour. Continuer la lecture de « La mélancolie au milieu du monde »
Catégorie : post live
Catégories post live
Damon & Naomi, à portée de voix
Les voisins allaient porter plainte, le bruit des groupes précédents avait sans doute nui à leur tranquillité devant le match de rugby et Damon & Naomi se sont retrouvés à jouer sans rien d’autre que des amplis, à faible volume, pour porter une guitare acoustique, un clavier et parfois une basse. Leurs voix résonnaient sans micro, juste à portée d’oreille. Continuer la lecture de « Damon & Naomi, à portée de voix »
Catégories post live
Codeine, absences et lenteurs
« D for effort / D for love / D because you pay the rent » – les premiers mots du premier morceau que joue Codeine à La Maroquinerie, à Paris, résonnent à la façon d’un mantra dont on ignore la date de naissance, tant tout cela est du moment, de l’instant présent – de la déréliction immédiate de la vie et comment elle avance, tente de se tenir debout, se maintenir. Tout au long de l’heure et demie durant laquelle Codeine joue, un sentiment prend au cœur et aux sens, qui fait entendre la musique déployée là comme un long spectre résonnant : ces trois garçons jouent mieux encore qu’il y a trente ans, lorsqu’ils étaient de jeunes hommes pauvres et chétifs, tenus par la maigreur raide de leurs corps et la charpente fragile de leurs instruments. Continuer la lecture de « Codeine, absences et lenteurs »
Catégories léger retour en arrière, post live
Sacrés Spiritualized
Après leur exceptionnelle prestation parisienne fin juin, retour sur la création du son Spiritualized avec Darren Allison, leur producteur et ingé son.
En 2001, Jason Pierce ne lâchait pas la rampe et sortait Let It Come Down. En se promenant entre les rayons d’un disquaire, il ne passait pas inaperçu. Plus fort que Peter Saville et Bernard Sumner réunis, Jason Pierce faisait méticuleusement le nécessaire pour faire dépenser des fortunes à son label pour la fabrication des pochettes de ses albums. Après Ladies And Gentlemen We Are Floating In Space et sa pochette en forme de boîte de comprimés de médicament, Let It Come Down surgit avec dans les bacs une pochette cartonnée et son motif imprimé en relief. En 2001, les labels avaient de l’argent et pouvaient se permettre quelques folies graphistes. De la folie, il en est nullement question avec Jason Pierce qui a et qui réglera toujours tout au cordeau. Les pochettes ont et seront toujours créées par Farrow Design (Pet Shop Boys), les photographies ont et seront toujours signées Steve Gullick (Damien Jurado, Jason Molina) ou John Ross et les chansons de l’ex Spacemen 3 seront toujours une rencontre étrange entre le Velvet Underground et les Stooges. En 2023, aller voir Jason Pierce en concert, c’est être sur des rails dans une locomotive dont la chaudière serait remplie de champignons. Continuer la lecture de « Sacrés Spiritualized »