Damon & Naomi, à portée de voix

Damon & Naomi au Café de Paris, le 09/09/23 / Photo : Joseph Ghosn
Damon & Naomi au Café de Paris, le 09/09/23 / Photo : Joseph Ghosn

Les voisins allaient porter plainte, le bruit des groupes précédents avait sans doute nui à leur tranquillité devant le match de rugby et Damon & Naomi se sont retrouvés à jouer sans rien d’autre que des amplis, à faible volume, pour porter une guitare acoustique, un clavier et parfois une basse. Leurs voix résonnaient sans micro, juste à portée d’oreille. « On a l’impression d’être dans notre salon à la maison », soufflèrent-ils à un moment et c’est bien cela qui fit tenir tout le concert : une faculté à être au plus proche du public, avec peu de choses, sinon des chansons extraites de leurs albums récents et une poignée plus anciennes dont une reprise de leur premier groupe, la splendide Another Day, que Naomi chantait déjà, sur On Fire, deuxième album de Galaxie 500. Avant de finir en apnée avec une reprise du Song To The Siren de Tim Buckley qui donnait l’impression de replonger dans l’époque où la planète indie découvrait la beauté de ce morceau, grâce à la version qu’en fit This Mortal Coil. Mais ce soir au Café de Paris, ce n’était pas tant une autre époque qui était convoquée qu’un présent très élégant, fait de rires, d’anecdotes balancées par Damon, d’un lien qui semble indéfectible entre eux sur scène, et surtout d’une façon de jouer, si sereine et simple, qu’elle en est bouleversante – avec peu de choses, Damon et Naomi convoquent une forme de beauté comme dessinée au crayon, dans l’air même de la salle. Quelque chose de l’idée d’être ensemble, s’écouter, s’entendre surtout, se regarder aussi, être à sa place et occuper la place qui a été inventée à deux. Qu’est-ce qui résonne d’autre, au bout de toutes ces années ? Leur façon impeccable de se tenir là, se tenir l’un l’autre, raconte une vie, que leurs chansons ne font que souligner en permanence. A un moment Damon évoque l’envie qu’ils ont eue d’être « big in France » comme Morphine ou Codeine. « Quel nom de drogue reste-t-il pour avoir du succès en France ? », demande-t-il en riant. Leur succès pourtant ne s’est jamais démenti en nous, il résonne avec l’impeccable fragilité de leurs harmonies. Ce soir, sans micro, elles étaient d’une suspension céleste, d’une beauté sans fards.  Vers la fin du concert, un sms arrive qui dit « bonne nuit » et c’est comme si l’on n’avait pas réalisé que notre nuit était déjà là, prise dans les rêveries de Damon & Naomi.


Les disques de Damon & Naomi sont disponibles sur leur bandcamp.

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