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Au commencement…

C’est le 6e arrondissement de Paris. À l’ombre du Panthéon. C’est un disquaire indépendant, un samedi après-midi, un été indien comme tant d’autres, des clients qui viennent, flâner, écouter des nouveautés (et parfois quelques classiques), boire un café. C’est l’automne 1992 et deux d’entre eux ont des têtes de vrais gamins, à tel point qu’ils ne font même pas les 17 et 18 ans que leur prête l’état civil. Quelques mois plus tôt, en février, ils ont piqué un titre d’une chanson des Beach Boys pour former un groupe. Ils ont un album de chevet, c’est Screamadelica de Primal Scream, sorti l’année d’avant. Mais pas que. Ils parlent de Pierre Étoile, de Urge Overkill, du MC5, d’Andy Weatherall. Ils ont donné un concert surréaliste en banlieue – je crois que c’était à Anthony, mais je n’en suis plus sûr, pour lequel ils avaient peint des étoiles sur leurs joues. Avant cela je crois, je me souviens de l’un d’entre eux, assis sur le bord de la scène, qui avait pleuré pendant toute la prestation touchée par la grâce du revenant Arthur Lee, à l’Européen de Paris. Ils ont trouvé en la personne de Daniel Dauxerre, disquaire, mélomane et érudit, alors bassiste de Colm et collaborateur du fanzine magic mushroom, un manager enthousiaste – et entre nous, on le serait à moins. Alors quand le journal a décidé de faire un état des lieux de la scène d’ici, il était impensable de ne pas évoquer ces jeunes gens, dont la démo venait de séduire Tim Gane et Laetitia Sadier de Stereolab, qui avaient retenu deux titres pour un double 45 tours dont personne ne pouvait prédire l’importance historique (et qui paraitra au printemps 1993). Aussi timides qu’enthousiastes, ils avaient alors répondu à ces quelques questions…

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Sleaford Mods : « J’ai remis en question mes principes et mes croyances »

Les Lads de Nottingham de retour avec un nouvel album excellent, « Spare Ribs » (Rough Trade).

Sleaford Mods
Sleaford Mods / Photo : Alasdair McLellan

Qui aurait parié en écoutant Austerity Dogs en 2013, que huit ans plus tard Sleaford Mods se placerait numéro 4 des ventes d’albums au Royaume-Uni ? Jason Williamson et Andrew Fearne auraient été les premiers à croire à une blague idiote. C’est pourtant sans compromis et avec une légère évolution d’album en album que le groupe s’est imposé comme l’un des plus essentiels et importants de ces dernières années. Voir sur scène un lad taillé comme un coton-tige ingurgitant des litres de bières derrière son laptop pendant qu’un ex-punk hurle dans un micro comme si sa vie en dépendait a certainement permis au groupe de se démarquer et de faire parler de lui, mais ce sont surtout la qualité des textes de Jason et l’inventivité des boucles d’Andrew qui justifient cette moisson de lauriers mérités. Depuis Eton Alive, leur précédent album, on devinait l’envie de s’orienter vers un format plus traditionnel. Si Spare Ribs emprunte cette nouvelle piste, notamment grâce aux deux singles pop Nudge It et Mork n’ Mindy, l’album n’en reste pas moins profondément marqué par l’identité du groupe. Au cours de cette interview, Jason Williamson revient sur le travail acharné qui a permis la lente ascension de Sleaford Mods, mais également sur ses remises en question et le succès totalement assumé qu’il rencontre depuis quelques temps. Avec Spare Ribs le groupe a certainement trouvé son Key Market. Vous pouvez compter sur eux pour ne pas s’y attarder trop longtemps. Continuer la lecture de « Sleaford Mods : « J’ai remis en question mes principes et mes croyances » »

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The Notwist : « Accentuer les ruptures de style, les collisions entre les références » (2014)

The Notwist
The Notwist

Sept ans après Close To The Glass évoqué dans cette interview que nous avons choisi de vous proposer, The Notwist vient tout juste d’opérer un retour inespéré et particulièrement réussi avec son nouvel album, Vertigo Days. Un disque riche et intense, émaillé de nombreux guests (Juana Molina, Saya Ueno des Tenniscoats, Ben LaMar Gay et Angel Bat Dawid). Entre psyché, kraut et expérimental, Markus Acher évoquait déjà auprès de Matthieu Grunfeld les chemins inattendus empruntés par le groupe.

Il faudra bien s’y faire. En dépit de toutes les  impatiences, attisées au passage par la luxueuse réédition du chef d’œuvre Neon Golden (2002), le quatuor allemand ne consent à sortir de son silence et de son antre bavaroise de Weilheim qu’au seul rythme imposé par les méandres de son inspiration. 6 ans déjà après la publication de The Devil, You + Me (2008), imprégné par d’ambitieux arrangements orchestraux venus se mêler aux scansions électroniques et aux structures organiques de morceaux, les frères Acher et Martin Gretschmann consentent enfin à nous faire partager le résultat de cette nouvelle séquence prolongée de délibérations expérimentales et de composition collective. Continuer la lecture de « The Notwist : « Accentuer les ruptures de style, les collisions entre les références » (2014) »

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Josephine Foster – Nashville Skyline

Josephine Foster
Josephine Foster

Deux ans après l’étourdissant Faithful Fairy Harmony, une œuvre massive et vibrante qui l’avait laissée complètement sonnée, Josephine Foster est revenue à Nashville pour y réaliser No Harm Done, un huitième album solo léger et subtilement country qui lui permet de s’enraciner un peu plus dans une Amérique qu’elle avait délaissée pendant plus d’une décennie. Continuer la lecture de « Josephine Foster – Nashville Skyline »

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Big Pop – Brisa Roché & Fred Fortuny

Brisa Roché & Fred Fortuny
Brisa Roché & Fred Fortuny

Parce que c’était elle, parce que c’était lui. Cela s’impose parfois aussi simplement que l’évidence des poncifs. Il n’en faut sans doute pas davantage, en tous cas, pour identifier les sources de cette grande amitié musicale, née il y a une quinzaine d’années et qui aboutit enfin, après de multiples balbutiements infructueux, à une réussite majeure. Elaboré à quatre mains, Freeze Where U R est de ces albums dont on se plaint parfois qu’il ne s’en fasse plus. Ou plus assez. Une collection de chansons à la fois stylistiquement diverses et très cohérentes, portées par une passion commune et communicative pour un certain classicisme bien tempéré, où le respect mutuel et l’envie de s’abandonner aux envies musicales du moment l’emportent sur les pulsions nostalgiques ou rétrogrades. Continuer la lecture de « Big Pop – Brisa Roché & Fred Fortuny »

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Buck Meek : « L’enregistrement a été une guérison »

Rencontre avec le guitariste de Big Thief pour la sortie de son second album solo.

Buck Meek
Buck Meek / Photo : Adrianne Lenker

Reconnaître.
On a quelques nuages devant soi, l’arrière du crâne doucement enfoncé dans la pelouse, et on reconnaît. Si l’on a devant soi des nuages, on peut reconnaître des formes. Ou les laisser venir sans les associer à quoi que ce soit, et les apprécier tout aussi tranquillement, apparitions, disparitions.
Si l’on a dans les oreilles un nouveau disque – je pense souvent au plafond de ma chambre, à l’encadrement de la fenêtre et au ciel bleu de l’été tandis que je découvrais et reconnaissais infiniment Washing Machine l’été d’après sa sortie, interdit par l’émotion, c’était mon premier –, on peut y reconnaître ou non des formes. Continuer la lecture de « Buck Meek : « L’enregistrement a été une guérison » »

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Sheggi forever

Retour sur la frontgirl des Fat Tulips avec les souvenirs de son ami et batteur du groupe, Matt Johnson.

Sheggi Fat Tulips
Sheggi / Photo : Alison Wonderland via Damaged Goods Records facebook page

En novembre dernier, nous apprenions la disparition de Sheggi (de son vrai nom Katy Clarkson), guitariste et chanteuse des Fat Tulips. Comme Alex Taylor des Shop Assistants – également décédée cette année -, Frances McKee des Vaselines ou encore Amelia Fletcher de Talulah Gosh et Heavenly, Sheggi faisait partie de ces frontgirls iconiques des années 1980-1990 qui ont incarné la quintessence d’un certain type d’indie pop conjuguant l’amour des mélodies acidulées, des rythmiques souvent rapides et des parties de guitare énergiques. Continuer la lecture de « Sheggi forever »

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Irmão Victor – Désordre et progrès

Irmão Victor
Irmão Victor

Il y a deux ans environ, on avait découvert Irmão Victor à l’occasion de la publication par le label toulousain Pop Superette d’un premier bilan compilatoire de ses cinq premières années d’activisme musical. Enregistré en partie en France et publié fin novembre, Mariposario confirme – et amplifie même – toutes les sensations les plus déroutantes déjà éprouvées lors de cette première rencontre mémorable avec les œuvres très singulières de Marco Benvegnu, le jeune songwriter brésilien qui demeure seul maître à bord de ce projet. Une pop séduisante et biscornue, où les mélodies limpides s’entremêlent aux stridences psychédéliques pour composer de petites vignettes sonores surréalistes. Rentré au pays natal après son escapade hexagonale, Benvegnu a consenti à lever quelques-uns des épais mystères qui entourent encore ses créations. Continuer la lecture de « Irmão Victor – Désordre et progrès »