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Matt Low, Une vie cool (Bleu Nuit)

Ah ben oui. Lui, tiens.

« L’homme aux cent blessures. » Qui peut s’entendre : « L’amour, sans blessure. »

C’est ça.

Disclaimer : c’est là où nous sommes, où nous en sommes, les premiers mots de la première chanson du dernier disque de Matt – je l’appelle par son prénom, lui, parce que je ne le connais pas de cet amour issu d’abord de sillons et de concerts, mais de vive vodka depuis flûte, plus de vingt ans et nos premières guitares, nos premières basses. C’est un frère, c’est la famille – même s’il est passé au mezcal entretemps, parfois, dit-il. Ça se comprend, ici le bourbon noie les dernières nuits de nos âges – sucrer ou fumer au lieu de brûler – la jeunesse passe et on cultive le jardin chaque lendemain du monde, chacun à nos façons et en nos compagnies, lui avec Jean-Louis Murat – qui l’a fait chanteur – et Elysian Fields – dont il est désormais le crucial bassiste. Un crucial artiste. Continuer la lecture de « Matt Low, Une vie cool (Bleu Nuit) »

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Nico, The Marble Index (Elektra, 1968)

Nico, The Marble IndexC’est un calvaire, un Golgotha, un disque qu’il vaut mieux avoir sur la table qu’à l’esprit. Ce qu’un John Cale coupable en sourdine mais à peine, avait pris comme justificatif d’une déroute marchande annoncée.

« The Marble Index is an artefact, not a commodity.
You Can’t Sell Suicide. »

Cette image quand même, grand résumé parfait et moqueur de cette adolescence, la nôtre en adoration devant la figure d’un suicidé et la lente, patiente, archéologie de fait qui telle une enquête fantastique de Lovecraft nous ferait tracer les lignes de la connaissance rétrospective entre les Doors, l’incalculable Velvet Underground, et les inestimables Kraftwerk,  puis Can, trois groupes qui ont eu beaucoup de mal à descendre de l’ignoble piédestal où nous les avons placés pour l’éternité au nom de notre idolâtrie puérile mais toujours vivace pour Joy Division.

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Françoiz Breut, Vif ! (62 Records / PIAS)

Dans un univers fait de mille éclats et oscillant entre urbanisme bitumé et terres fertiles, Françoiz Breut déplie depuis vingt-sept ans son leporello poétique teinté de surréalisme et de ligne claire, que du très normal pour cette Bruxelloise d’adoption sans doute branchée depuis toujours sur le circuit alternatif de l’entre deux.

Son huitième album Vif !, sorti le 19 avril, convoque à la fois Desnos, Queneau ou Pérec pour les paroles et des univers sonores pop aux demi-teintes psychédéliques. Après avoir arpenté le bitume dans l’album précédent, Flux-Flou de la Foule, sorti en 2021 (PIAS), Françoiz change de décor et prend sa loupe d’entomologiste pour explorer librement une autre forme de vie. Continuer la lecture de « Françoiz Breut, Vif ! (62 Records / PIAS) »

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V/A, Born Bad Record Shop – 25 years Anniversary (Les Disques Les Mauvais Garçons)

Quatre ans après la compilation des 20 ans (fêtés en retard), le disquaire Born Bad revient avec un nouveau 33 tours sous les bras célébrant 25 ans d’activisme. Dans un contexte pas simple, profitons de cette occasion pour saluer le travail de fond de Born Bad et d’autres en France. Avec la flambée du prix des vinyles et plusieurs fermetures d’établissements, il faut plus que jamais défendre cette exception culturelle. Pour l’occasion la boutique Born Bad a mis les petits plats dans les grands en proposant une série de soirées et une compilation. Continuer la lecture de « V/A, Born Bad Record Shop – 25 years Anniversary (Les Disques Les Mauvais Garçons) »

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Cléa Vincent, Ad vitam ærtenamour (Midnight Special Records)

« Comme un voyage en avion,
un séjour en apesanteur
« 

Cléa Vincent, la femme aux mille visages, revient et reprend le fil de sa belle discographie officielle. Exit les aventures tropicalistes (Tropi-Cléa 1, 2 et 3), les addenda inattendus sous la forme de petits 45t pirate (Kim et Cléa, Quelque chose qui me chiffone), les projets de côté qui prennent la lumière (Les Clopes où Laurence Inutile, son alias, chante et compose des hymnes mélancolo-rigolo comme Eternellement Schlag), les disques pour enfants (Chansons douces et 36 touches avec à chérir pour toujours les petits bijoux Ecole militaire et Askip), exit tout ça. On oublie sans doute d’autres chemins de traverses tant la musicienne, productrice (on attend la suite des Sessions du carreau notamment) sait se démultiplier dans une histoire dense et déjà sertie de petites légendes : ce n’est pas donné à tout le monde de commencer sa carrière par un album « perdu » qui s’échange encore sous le manteau, ou d’animer un show vidéo qui revisitait avec bonheur les cases variétés TV, le fameux et malheureusement abandonné Soooo Pop, en accueillant Katerine, Christophe, Lio, et les nouvelles pousses de la chansons françaises. Continuer la lecture de « Cléa Vincent, Ad vitam ærtenamour (Midnight Special Records) »

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Pernice Brothers, Who Will You Believe (Ashmont/New West)

Growing old seemed like death
to me when I was young.
Now I want to grow old.
And I want to belong.
Joe Pernice, How Will We Sleep

Dans Haute Fidélité de Nick Hornby (1995), le héros et ses adjuvants en érudition musicale éprouvaient toutes les peines du monde à concevoir la playlist idéale pour un enterrement – celui du beau-père de Rob. Cinq bonnes chansons évoquant la mort ? En dépit de leur connaissance encyclopédique des recoins les plus confidentiels de la pop, les trois disquaires ramaient lamentablement et finissaient par contourner la difficulté avec une pirouette et quelques rires. Trente ans plus tard, la tâche semble moins insurmontable. Nos figures de référence ont vieilli, et nous avec elles. Ou l’inverse. Continuer la lecture de « Pernice Brothers, Who Will You Believe (Ashmont/New West) »

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Ed Harcourt, El Magnifico (Deathless Recordings)

Ed Harcourt est le dernier grand romantique. On le savait déjà, mais il nous le confirme avec ce nouvel album au titre évocateur, El Magnifico. Enregistré dans sa maison et dans une église, ce disque nous ramène à la grande époque de cet éternel jeune premier. Alors que le monde s’enflammait pour les Strokes (à juste titre) et pour le premier disque des Libertines (ce qui se discute), Ed Harcourt campait sur ses positions en s’enfermant avec un Death In Vegas et Gil Norton pour faire se rencontrer les disques de Radiohead et les débuts d’Elton John sur son premier album. Continuer la lecture de « Ed Harcourt, El Magnifico (Deathless Recordings) »

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Jean-Louis Murat – Les Jours Du Jaguar, par Pierre Andrieu (Le Boulon)

Je me souviens très bien de cet instant-là. Quelques semaines à peine après m’être installé à une dizaine de kilomètres de Clermont-Ferrand, attablé à la terrasse d’un bistrot de la capitale arverne, mon ami Hervé – un gars vraiment du coin – m’a dit à peu près ces mots-là : “Tu verras, tu n’écoutes pas Murat de la même façon quand tu roules sur les routes auvergnates un jour d’automne… Il faut avoir vécu ça”. Quelques semaines plus tard, je crois qu’il m’avait dit à peu près la même chose au sujet du Steve McQueen de Prefab Sprout… Mais surtout, il avait raison – d’autant plus raison que Murat fut je crois très fan dudit Steve McQueen (l’album, pour l’acteur je ne sais pas), à tel point qu’il était allé jusqu’à louer les services du batteur Neil Conti, qui joue sur ce chef d’œuvre de 1985. Mais Hervé avait tort aussi : parce qu’il ne m’avait pas dit alors (alors, c’était vers 2011) qu’on n’écoutait pas non plus Murat de la même façon sur les routes auvergnates un jour de printemps. Parce qu’il ne m’avait pas dit l’effet que pouvait produire au hasard Le Lien Défait avec la chaine des puys comme ligne d’horizon dans un crépuscule naissant. C’est un effet dingue. Et un effet d’autant plus dingue quand on a appris quelques heures plus tôt, au détour d’un coup de téléphone à la fin d’une réunion, sa subite disparition… Continuer la lecture de « Jean-Louis Murat – Les Jours Du Jaguar, par Pierre Andrieu (Le Boulon) »