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Bérurier Noir : « L’agonie fait encore partie du combat »

Quarante ans après ses débuts, le groupe majeur de la scène rock française réédite ses exploits discographiques.

Bérurier Noir en concert aux Transmusicales de Rennes il y a 20 ans pile, le 04.12.2003 / Photo : Éric Pérez
Bérurier Noir en concert aux Transmusicales de Rennes il y a 20 ans pile, le 04.12.2003 / Photo : Éric Pérez

40 ans. L’épopée des Bérus aurait commencé voici 40 ans. Difficile à dater en fait, les deux principaux protagonistes Loran et François avaient déjà une vie musicale avant, et le groupe avait déjà connu plusieurs moutures quand ils décident de se produire une ultime fois lors d’un concert d’adieu en février 1983, dans le squat de l’usine de la rue Pali-Kao à Paris. De fait, beaucoup y voient la véritable naissance des Bérurier Noir, un des groupes le plus importants du rock français (toutes périodes confondues). Depuis, ils sont rentrés dans la légende et patrimoine commun de l’abonné à Spotify. Leurs badges fleurissent encore parfois sur les blousons des lycéens en manif. Mouloud Achour porta leur tee-shirt lors de ses émissions sur MTV. Sans oublier une reformation ardente lors des Transmusicales de Rennes en 2003, qui rappela aux madferits français qu’il existait aussi bien (ou pire) que Noël et Liam dans l’hexagone. Cinq mille places écoulées en quinze jours. Une foule d’ados pogotant de la scène à la porte. Des vieux de la vieille débarquant de partout. Des incidents, largement prévisibles entre des organisateurs dépassés par l’affluence, les punks à chien et les provocations policières. Continuer la lecture de « Bérurier Noir : « L’agonie fait encore partie du combat » »

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Cœur Sacré, un hommage de Frédéric Lo à Daniel Darc (Universal Music France / Virgin Music France)

On se lasse de tout sauf d’aimer. Si j’avais pu lui parler, une minute, rien qu’une toute petite minute, j’aurais aimé lui dire ça à Daniel Darc, ces quelques mots. Puis, je me serais comme on dit éclipsé, ça aurait été ma manière à moi de lui rendre hommage. Dix ans qu’il n’est plus là, dix ans qu’il est devenu ce que j’aime appeler un fantôme doré et certains ont choisi aujourd’hui, pour lui rendre hommage, de reprendre ses chansons et nous devons les remercier. Reprendre des chansons milles fois écoutées, ancrées en nous à jamais – Chercher Le Garçon, La pluie Qui Tombe, Les Armées De La Nuit –, quand je l’ai appris, un soir aux Vinzelles, de la bouche de Frédéric Lo, je n’ai pas su quoi en penser. Et puis, je me suis souvenu de ces mots de Daniel Darc – “Je suis la fleur dans la poubelle, ne me laissez pas me faner” – et puis, j’ai vu, et entendu, Frédéric Lo et Bill Pritchard chanter – I Remember Oh So Well –  et puis, j’ai vu, et entendu, Frédéric Lo et Peter Doherty chanter – Without Use & All Used Up – et puis, je me suis dit qu’avec Frédéric Lo aux commandes, on risquait de fréquenter la beauté et puis, je me suis mis à attendre ce disque et puis, ce disque est arrivé, il s’appelle Coeur Sacré. Continuer la lecture de « Cœur Sacré, un hommage de Frédéric Lo à Daniel Darc (Universal Music France / Virgin Music France) »

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Queen, par David Rassent (Le mot et le reste)

There is nothing simple about this.
Hanif Abdurraqib

Un bout de génération se reconnaîtra : au tournant des années 1980-1990, les visages du rock d’avant l’adolescence – et d’avant Nirvana, disons – porteront haut une certaine flamboyance, une guitare rouge et une moustache, et enseigneront de premiers mots anglais, Greatest Hits Vol. 1. Dans les chambres de fin d’enfance et des premiers CD – le plus souvent acceptés sur la platine familiale –, il y aura souvent un groupe dépassant alors la notion d’art pour être autre chose – de la musique, du rock, du camp, des chansons – pour devenir très vite, puberté venue et passée, un souvenir plus ou moins accepté, plus ou moins honteux, consommé ensuite avec nostalgie lors des passages à la radio ou des ivresses œcuméniques en quête de pardon – car vraiment, tout le monde – ou presque – aime de bonne foi au moins un tube de Queen, ou aime l’écouter même sans l’aimer. Continuer la lecture de « Queen, par David Rassent (Le mot et le reste) »

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Les Marquises, Soleils Noirs (Les Disques Normal)

Je ne retiendrai rien de ce départ

Soleils noirs, le cinquième album des Marquises, est sorti vendredi dernier, et il ne semble pas exagéré de dire qu’il s’agit du disque le plus aventureux, le plus radical (et là le terme de radicalité très souvent utilisé à tort et à travers semble approprié) du collectif lyonnais ou, devrais-je dire pour être plus exact, de Jean-Sébastien Nouveau, cette fois seul maître à bord ou presque. Presque car les deux longues compositions de vingt minutes chacune sont traversées par les nappes de violon de la musicienne Agathe Max. Il faut prendre le temps d’écouter ce disque élégiaque tranquillement et d’une traite- c’est préférable- car une écoute inattentive pourrait faire croire que les deux morceaux se ressemblent ou sont trop proches. Proches ils le sont dans la tension qui les parcourt, et pourtant il me semble que l’un est l’envers de l’autre. Continuer la lecture de « Les Marquises, Soleils Noirs (Les Disques Normal) »

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Charles Salles, Alain Pacadis, Face B (La Table Ronde)

Alain Pacadis, c’était le “Reporter de l’underground”, celui qui avant tout le monde et mieux que quiconque avait su capter l’énergie du punk et l’amener jusqu’en France, chroniquer les nuits folles et scintillantes du Palace ou des Bains-Douches pour embarquer tout lecteur des articles de nightclubbing (dans Libération) avec lui vers la fin des seventies, de concerts branchés en soirées disco décadentes, entrer en bonne compagnie entre les enfers et paradis artificiels. L’homme a marqué de son empreinte les années 1980, musicalement et journalistiquement, incarnant l’exubérance de la mode et les folies du nightclubbing. Mais comme tout être intense, il peut avoir plusieurs visages dont un plus intime, plus réservé, moins connu puisque moins mondain. Et ce (premier) roman nous offre cette délicieuse Face B d’Alain Pacadis, en évitant la biographie amalgamant les stéréotypes, en nous plongeant dans une vie trouble, claire, touchante, via une écriture étonnante et très littéraire. Continuer la lecture de « Charles Salles, Alain Pacadis, Face B (La Table Ronde) »

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Cat Power Sings Dylan: The 1966 Royal Albert Hall (Domino)

Dès les premières secondes de l’une des chansons les plus chéries, une autre voix, la même voix pourtant, les mêmes accords, la même évidence, et tous les fils sont tirés, on aperçoit la trame, on la voit, on ne voit qu’elle, rien d’autre que ce moment, une chanson. On ne se demande rien, on ne fait pas mine d’être surpris·e : c’est tellement là.

Elle porte une bague égyptienne, qui brille avant qu’elle ne parle.

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Mike Johnson, Bon Vivant (autoproduit)

C’est la bonne nouvelle de ce mois de novembre : une compilation de Mike Johnson. Vivant en France depuis des années, l’ex-bassiste de Dinosaur Jr. n’a rien publié depuis 2006. Il sort, via son Bandcamp, une cassette composée de démos enregistrées avec Jack Endino et Tim O’Heir entre Seattle et Boston en 1993. Guitariste des Snakepit à la fin des années 80, Mike Johnson accède la Ligue des Champions au début des années 90 en intégrant le poste de bassiste de Dinosaur Jr., le temps de trois albums. Mais coincé entre un Lou Barlow et un J Mascis, Mike Johnson est confiné dans l’ombre. Continuer la lecture de « Mike Johnson, Bon Vivant (autoproduit) »

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Charlene Darling, La porte (Disciples)

« Des regards tout mous de demi hommes, d’enfants de 30 ans, de demi hommes, pas comme les hommes d’avant, ceux dont on parlait dans les films »

Là où il semblait que son précédent effort Saint Guidon, paru en 2019, cherchait à arrondir les angles en trouvant une hypothétique et fantasmée voie de sortie vers une sorte de variété apaisée, La porte s’ouvre vers un territoire moins balisé et pas moins intéressant. Clairement défini par son introduction comme un disque de rupture amoureuse, il permet une catharsis âpre à son auteure qui – on s’en doutait – n’est pas là pour jouer les demoiselles en détresse. Continuer la lecture de « Charlene Darling, La porte (Disciples) »