

quotidien pop moderne since 1991
La vie dans les replis du temps. Ou plutôt dans les sillons d’un disque de Carole King. C’est à ce pas de retrait, loin de l’époque, que nous invite pour l’instant Ben Schwab, en vacances de Drugdealer. Sur le premier album de son nouveau projet, Sylvie, il est beaucoup question de prolonger les lignées musicales, de maintenir une certaine forme de fidélité aux héritages. C’est, en effet, après avoir découvert, dans les combles de la maison familiale, une caisse de bandes magnétiques enregistrées par son père et ses camarades en 1975 et demeurées inédites à ce jour que Schwab a décidé d’honorer à sa manière ces vestiges de l’archéologie intime. Déja-Vu, comme chantaient les quatre autres, ou déjà entendu ? Sans doute, mais ce n’est pas vraiment la question. Il y a, dans la ferveur personnelle qui imprègne ces sept morceaux, quelque chose de plus puissant et qui échappe aux nostalgies convenues de la reconstitution historique. Un sens de la continuité enthousiaste que l’on retrouve dans les propositions d’écoute défendues par Schwab et qui, tout comme lui, bousculent les contraintes trop strictes de la cohérence chronologique. Continuer la lecture de « Selectorama : Sylvie (Ben Schwab) »
Subjective as fuck, établie en fonction des goûts de chacun dans cet univers impitoyable de furieux passionnés aux aspirations éclectiques, notre playlist du mois se veut un constat à l’instant T de ce que la Pop Moderne propose en nouveautés qui ne nous tombent pas des oreilles. Ici, une petite cartographie mondiale, aux rythmes variés et à l’écriture affutée. Prenez-là comme un pansement aux maux de notre époque, pas plus, pas moins.
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Rentrer dans le Living Room de Roméo Poirier qui sort là son troisième LP (après Hotel Nota, chroniqué ici), c’est se poser dans un monde imaginaire où l’on croit entendre des oiseaux exotiques, des craquements d’arbres, une jungle équatoriale recréée de façon électronique. Allongé au bord de cette rivière de sons, on retrouve le goût d’écouter, de tendre l’oreille au moindre détail savamment mis en scène par le musicien. A la métaphore guerrière qui voudrait qu’on suive un compagnon coûte que coûte, on préfèrera celle de la métaphore du voyage : on aura toujours envie d’être dans les pas de Roméo Poirier, partout où il va, depuis qu’on le connaît, dans toutes les contrées qu’il explore, de l’avant-pop de Roméo & Sarah à son travail solo dont les géographies électroniques s’étendent sans se presser, sans trop se dévoiler non plus. La preuve dans un Selectorama où chaque mot semble soupesé, non sans humour d’ailleurs. Continuer la lecture de « Selectorama : Roméo Poirier »
Il arrive que nous oubliions l’existence de groupes vénérés à une époque et qui semblent tombés dans l’oubli. Que ce soit à une grande échelle, comme The The, ou à une plus petite, les néo-zélandais The Garbage & The Flowers, certains ont continué à être productifs. Mais à leur rythme. Ces derniers n’ont sorti que trois albums et sept singles depuis 1991. Le dernier en date étant le EP Cinnamon Sea, une merveille de psychédélisme doux et fragile. On ne retiendrait d’une écoute rapide que des mélodies accrocheuses et un chant approximatif, le tout produit sans trop d’efforts. Ce serait pourtant passer à côté d’un secret trop bien gardé de la scène underground de Nouvelle Zélande et d’Australie. Continuer la lecture de « Selectorama : The Garbage & The Flowers »
Etre constamment en alerte, c’est ce qui anime fatalement chacun de nous en ces temps obscurs. Nous y sommes condamnés, mais avons aussi loisir de transformer cet état en une veille musicale permanente, où la découverte chasserait l’anxiété. Cette rentrée, nos semaines sont remplies de musiques diverses et variées, nous vous les soumettons, en étant presque sûrs qu’un moment ou l’autre livrera ses vertus soignantes, son baume réconfortant, ou son énergie salutaire.
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Si le groupe n’avait fait que de rares apparitions ces dernières années – leur plus récent album, Allombon, sorti chez Born Bad Records, date de 2014 – ce retour sur la scène du Paris Popfest s’annonce comme un espoir pour ceux, donnt nous faisons partie, qui chérissent la pop érudite et précieuse de Dorian Pimpernel. Nous avions envie de découvrir quelques pierres blanches qui balisent leur chemin, où la beauté mélodique prime par-dessus tout. Ce sont Johan Girard et Jérémie Orsel qui ont répondu à ce Selectorama. Continuer la lecture de « Selectorama : Dorian Pimpernel »
Kiwi Jr. fait partie de ces groupes pop insolemment favorisés par les dieux, qui semblent taillés pour n’écrire que des tubes. Le don mélodique assez impressionnant du groupe, la voix à la Stephen Malkmus du chanteur-guitariste Jeremy Gaudet, et ses textes tantôt grinçants, poétiques ou saugrenus – dans lesquels on retrouve toute une galerie de personnalités comme Judy Garland, Julie Andrews, les Kennedy, Marylin Monroe ou… Kobe Bryant !-, sont pour beaucoup dans le charme du quatuor de Toronto. Si leurs morceaux les plus énergiques peuvent rappeler les Strokes et les Parquet Courts des débuts, certains titres font également penser aux meilleures heures de la pop néo-zélandaises des années1980 labellisée Flying Nun. Quoi qu’il en soit, il plane sur la musique de Kiwi Jr. un vent salutaire de fraîcheur et de légèreté qui pourrait même mettre en joie le plus blasé des nihilistes. Et un groupe qui s’amuse à reprendre Tugboat de Galaxie 500 ou Gold Star for Robot Boy de Guided By Voices en live ne peut qu’avoir notre bénédiction. Continuer la lecture de « Selectorama : Kiwi Jr. »