LA PLAYLIST BEST OF 2022

Qu’on en finisse ! Comme chaque année est à peu près systématiquement pire que la précédente, qu’on nous dit que la sobriété énergétique is the new y’a plus de Sans Plomb is the new année la plus chaude depuis J.-C., laissons-nous quelques moments hors contexte anxiogène pour écouter quelques-uns des meilleurs morceaux (selon nous bien entendu, en toute subjectivité et mauvaise foi) de cette année de l’enfer… en attendant la prochaine. Happy New Year, lectrices et lecteurs, et préparez-vous pour les 5 ans de section26 !

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer ou Spotify et en version mixée sur Mixcloud. Et aussi, sur agnès b. radio.

1. Spiritualized, Always Together With You (Bella Union)

Cet extrait de Everything Was Beautiful, album de 7 titres, vous a peut-être semblé familier. Il s’agit en effet d’une nouvelle version de Always Forgetting With You (The Bridge Song), paru sur la compilation Space Project lors du Record Store Day d’avril 2014. Alors que cette première version se caractérisait par une atmosphère lente et atmosphérique, la nouvelle se fait beaucoup plus tintamarresque. CG

2. Papercuts, The Strange Boys (Slumberland Records)

À San Francisco, Jason Quever continue son artisanat pop de chambre (après un crochet par la production pour Beach House, Dean Wareham et Cass McCombs). Le titre est ciselé comme un petit machin parfait tendance skygazing cotonneux, les clins d’œil et les échos sont nombreux et ils nous plaisent tous. PN

3. Horsegirl, Option 8 (Matador)

« Encore » un trio féminin qui sort son premier album, mais cette fois-ci du côté de Chicago où les jeunes filles de Horsegirl ont fait leur armes sur la scène teenage indépendante, qui s’est particulièrement épanouie ces dernières années sous la présidence de Donald Trump. Rapidement adoubées par leurs idoles (ou celles de leurs parents ?), à moins de 20 ans elles sortent un premier album enregistré sous la houlette de John Agnello, avec comme invités Steve Shelley ou encore Lee Ranaldo. Dans ces Versions of Modern Performance, les échos distordus de Dinosaur Jr. et de Sonic Youth sont plus que présents, même si le chant résonne davantage comme celui de Laetitia Sadier, une autre influence du groupe. Au-delà des ces références impeccables, il faut voir dans ces Versions la promesse d’un futur où la jeunesse sonique (re)prendra le pouvoir, possiblement après avoir (symboliquement) tué ses idoles. PR

4. The Stroppies, Smilers Strange Politely (Tough Love Records)

Un deuxième album pour la formation de Melbourne : belle fraicheur automnale australe et guitares jangly qui restent en tête, c’est une recette qui a fait ses preuves. VDPJ

5. EggS, Local Hero (Howlin’ Banana/Safe In The Rain/Prefect Records)

Un enthousiasme communicatif insufflé par ce groupe de potes : « On n’est pas des professionnels de la musique, c’est même pour ça qu’on s’amuse, […] on fait la musique qu’on aime. » Et ils le font tellement bien. CM

6. Jeanines, Any Day Now (Slumberland Records)

L’Internationale indie pop ne peut que tomber sous le charme d’Any Day Now, qui sonne évidemment bien plus Pastels que Presley. PR

7. Alvvays, After the Earthquake (Transgressive)

Même les plus blasés de l’indie pop auront du mal à ne pas afficher un petit sourire niais en écoutant le nouvel album de Alvvays. Habile mélange de shoegaze de poche et de dream pop qui aurait gardé les pieds sur terre, Blue Rev désarme par sa capacité à viser dans le mille, à trouver la mélodie parfaite qui fait oublier les 30 000 autres qui sont venues avant. Sans doute pas avec ça qu’on changera le monde – mais au moins de quoi s’apporter un peu de baume au cœur. EV

8. Sinaïve, Trash Mental (Buddy Records/Langue Pendue)

Une nouvelle pépite du quatuor strasbourgeois, qui méritait mieux qu’une sortie en catimini sur YouTube. Un 45t transparent ou en or, carrément, oui ! RS

9. Arlt, Le Renard (Objet Disque)

Si Arlt était anglais, cette chanson remplacerait Sleaford Mods dans le cœur des lecteur·ices de blogs à tote bag, et tout le monde se mettrait à lire de la poésie québécoise en terrasse, et s’installerait à Clermont-Ferrand plutôt qu’à Marseille pour vivre la vie d’artiste. Enfin, je crois. CC

10. Michel Cloup, Résurrection (Ici d’ailleurs)

Peut-être pas une résurrection, on reste dans les canons établis depuis Expérience et MC Duo, mais sans aucun doute un accomplissement intense pour Michel Cloup qui semble toucher du doigt un public plus large que d’hab, et c’est mérité ! RS

11. Loop, Axion (Reactor)

Sonancy by Loop

Sonancy premier album de Loop en 33 ans – ne déçoit jamais, au contraire : plus on l’écoute, plus il recouvre ce monde en feu d’une brume sonique finalement aussi cathartique que bienvenue. EG

12. Baston, Zodiac (Howlin’ Banana)

« Stratégie de comm’ : faire les morts pendant 3 ans – sortir un disque – faire les morts pendant trois ans – sortir un disque – ad lib. » C’est Baston qui l’énonce, et autant dire que cela nous réjouit au plus au point. Le single, puissant et hypnotique, tape fort. CM

13. Dry Cleaning, Gary Ashby (4AD)

Faire une chanson sur « la complainte d’une tortue de compagnie qui s’échappe du chaos familial” pourrait laisser dubitatif. Et pourtant, Gary Ashby donne vraiment envie d’écouter le deuxième album des Britanniques, Stumpwork. CM

14. The Cool Greenhouse, Hard Rock Potato (Melodic Records)

Après une flopée d’EPs et un album, la bande londonienne revient avec son deuxième album, Sod’s Toastie. Le single est alléchant, lancinant, urgent, et la voix de Tom ressemble à s’y méprendre à celle de Nathan RocheVDPJ

15. EXEK, (I’m After) Your Best Interest (Castle Face Records)

Alors que nous étions occupés, avec l’équipe de A Certain Radio, à boire un demi en terrasse en fin d’après-midi – oui, parfois le week-end commence tôt – un email tombe : nouvel album d’EXEK, les australiens surdoués à la croisée des chemins entre post punk, dub et cold wave. On a immédiatement remis une tournée. TS

16. Laura Veirs, Winter Windows (Bella Union)

Depuis I Was a Fool, Laura Veirs n’en finit plus de repeindre les murs à grands coups de potion translucide. Une chanson et un clip décontractés, extraits d’un d’un chef-d’œuvre de plus, le dixième, au moins. CC

17. Cate Le Bon, Remembering Me (Mexican Summer)

Le dernier album de la Galloise datait de 2019. La revoilà avec Pompeii. CM

18. Jenny Hval, Classic Objects (4AD)

Dans la catégorie jeune norvégienne lettrée, revoici Jenny Hval avec un disque tant attendu, Classic Objects, son premier pour 4AD. TS

19. Weyes Blood, It’s Not Just Me, It’s Everybody (Sub Pop)

En découvrant cette chanson, j’ai cru lire la première lettre reçue depuis longtemps d’un·e ami·e immarcescible. Puis, quelques heures plus tard, après la trente-septième écoute et un quart, j’ai découvert que je relisais encore et encore la même lettre, souriant et pleurant en même temps. CC

20. Aoife Nessa Frances, Emptiness Follows (Partisan Records)

Les fans regretteront peut-être la beauté minimaliste des débuts, c’est pourtant avec un plaisir non dissimulé que nous découvrons Emptiness Follows, single doucement psychédélique qui prend même le risque d’intégrer des nappes de trompettes jazzy. DJ

21. Peel Dream Magazine, Pad (Tough Love Records)

Suite au merveilleux et très stéréolabien Agitprop Alterna paru en 2020, Joseph Stevens revient avec Pad, son troisième album. Doux et naïf comme une berceuse. CG

22. Widowspeak, While You Wait (Captured Tracks)

Album-concept enregistré autour d’une veste brodée, The Jacket n’a aucune velléité à révolutionner la musique, mais la voix de Molly Hamilton (qui rappelle celle de Harriet Wheeler des Sundays), survolant les guitares dans des réminiscences dream pop, a quelque chose de réconfortant dans sa nostalgie 90s, à l’heure où les images de soldats dans la grisaille remplacent celles du désert du Golfe derrière les envoyés spéciaux de CNN. PR

23. Bill Callahan, Coyotes (Drag City)

Morceau pépère, néanmoins excellent, qui ne donne qu’un aperçu vicieux et vicié d’un album assez incroyable. Je sais que Bill est un vrai/faux frondeur, un Mark Hollis faussement avachi sur les marches du ranch et j’ai bien l’impression que là, sans renier obligatoirement le confort majestueux des efforts précédents, il se passe enfin quelque chose. EG

24. David Christian and The Pinecone Orchestra, Lockets, Drop-outs and Dragnets (Tapete Records)

Après trente ans au sein de Comet Gain, David Christian se lance en solo. Ce morceau sous haute influence Go-Betweens en est l’un des points forts. DJ

25. Twain, The Light (Keeled Scales)

Sur ce fil impossible qu’est par définition la chose folk (tradition, pastoralisme, chanson, modernité), Mat Davidson de Twain chemine parce qu’il n’y a rien d’autre à faire : un pas après l’autre, une chanson après l’autre, empilant les albums parfait dont le petit dernier n’est pas le moindre. Sidération garantie pour qui s’offre la chance de gratter, creuser, laisser advenir : il s’agit d’un trajet sans retour. CC

26. Big Thief, Spud Infinity (4AD)

Certains jours de certaines années comme celle-ci, je me dis que je pourrais aussi bien essayer de rencontrer cette chanson, celle que je rêve d’écouter et de faire écouter, celle qu’écrirait Gary Snyder s’il avait un groupe. Il y aurait du violon, de la guimbarde, beaucoup de joie, des blagues et des chaussures de marche. Il y aurait quelque chose de réel. CC

27. Nick Wheeldon, I am the Storm (Le Pop Club Records)

Sur les conseils d’une amie chère et bretonne, découverte d’un expatrié de Sheffield qui écrit des chansons depuis des lustres, de ces chansons qui pourraient figurer au générique de la compilation Ghost Riders… C’est dire l’idéal du spleen. CB

28. Flowertown, Half Yesterday (Paisley Shirt Records/Mt.St.Mtn)

Paisley Shirt Records nous régale toujours autant avec la belle pop de chambre de Flowertown. Morceau issu de leur dernier effort du même nom, idéal en plusieurs circonstances (longs trajets, levers et couchers de soleil, etc.). VDPJ

29. Alex G, Miracles (Domino)

Le fragile Miracles est l’un des moments de grâce de God Save the Animals, le dernier album du Philadelphien qui, en continuant de s’amuser avec les styles musicaux, les voix et les atmosphères sonores, ne cesse de nous surprendre. CG

30. Josephine Foster, Nun of the Above (Fire Records)

Chère Josephine, cela tombe bien j’adore les jeux de mots et cette petite comptine de science-fiction également. PN

31. Daniel Rossen, Shadow in the Frame (WARP)

Le chanteur de Grizzly Bear impressionne de maîtrise sur cet extrait de son premier album solo. Une envoutante et complexe folksong au classicisme loin d’être barbant. LM

32. Julien Gasc, Amour Velours (Corps Double)

Suavité extrême, élégance folle des arrangements, un petit pas de côté avec ses amours bossa, Julien Gasc revient avec un single doudou. TS

33. Sylvie, Further Down the Road (Full Time Hobby)

Ben Schwab a finalement complété le bijou folk qu’est ce premier album de Sylvie. Sept titres d’une finesse mélodique et d’une grâce bouleversantes, conviant Sam Burton et Marina Allen, dont la voix échappée d’un autre âge transcende cet ultime single, Further Down the Road. CG

34. Triptides, So Many Days (Curation Records)

So Many Days fleure bon l’Amérique. Quelque part entre The Byrds et The Jayhawks, la country-rock va très bien à nos Californiens. AGF

35. Rose Mercie, Witching (Jelodanti Records)

On ignore encore si c’est un coup de génie ou de l’inconscience pure mais il fallait vraiment oser mettre LE tube ultime d’un album déjà au firmament d’une année 2022 qui n’en demandait pas tant, en dernière position. Je vous défie de ne pas écouter ce morceau en boucle. EG

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *