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C’était David Crosby (1941-2023)

David Crosby
David Crosby

Dans Harvest Time, le documentaire fourni en DVD avec la version du 50e anniversaire d’Harvest parue pour la Noël, il se joue une scène assez révélatrice. On y voit Neil Young avoir toutes les peines — certes relatives, en buvant des bières et en se marrant comme une baleine — à mettre une touche finale aux harmonies de Words avec Nash et Stills, alors que quelques temps auparavant, il y parvient presque sans peine aucune sur Alabama avec Nash et Crosby. Stills est là encore, et à trois ils ont la plus belle collection de sous-pulls au monde, avec un niveau de zouaverie paradoxalement revu à la baisse. En trois nuances un peu exagérées, Crosby trouve le ton juste pour les chœurs, civilise paradoxalement ce motet brutaliste : les autres n’ont plus qu’à se coller dessus. Mettre (tout) le monde à l’unisson par le seul fil de sa voix, comme par magie, peut-être était-ce là, bien au-delà de ses frasques, le plus grand talent de David Crosby. Et ce génie absolu à harmoniser les sons et les autres venait de loin. Et repartira plus loin encore, en devenant un véritable vétéran du chaos. Continuer la lecture de « C’était David Crosby (1941-2023) »

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Lightships, Electric Cables (Geographic)

lightshipsAu petit jeu des tentatives extraconjugales, les membres de l’équipage Teenage Fanclub, monstre sacré d’une certaine pop parfaite depuis 1990, ont largement procédé par pointillisme, au gré de diverses collaborations généralement familiales et heureuses (BMX Bandits, The Pastels, Kevin Ayers) plutôt que par des projets clairement identifiables. Norman Blake fut le premier à s’illustrer dans une échappée belle sous le pseudonyme de Jonny en 2011. Continuer la lecture de « Lightships, Electric Cables (Geographic) »

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« Tenement Kid » de Bobby Gillespie (White Rabbit)

La légende veut que dans un bar new-yorkais, au milieu des années 90, Martin Duffy était tellement fait qu’il n’avait même pas remarqué s’être pris un coup de surin. A l’heure triste où nous pleurons ce génie, cette anecdote à la fois sordide et du plus haut comique ne figure malheureusement pas au sommaire de l’autobiographie de Bobby Gillespie, puisqu’il a choisi de clore ce premier livre (on attendra sagement le second) le jour de la sortie de Screamadelica, le 23 Septembre 1991, le même jour que Nevermind de Nirvana. «  Et pour pas mal de gens, les nineties ont commencé ce jour-là… ». Ce sont donc ses années de formation, d’enfance, d’adolescence qu’il livre avec son brio habituel. Au-delà des figures tutélaires qu’ont pu être Malcolm McLaren ou Tony Wilson pour une génération forgée par le punk et sa suite, Gillespie a surtout hérité de l’esprit combatif de ses parents et notamment de son père, figure syndicale importante du monde de l’imprimerie britannique.

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Musical Écran 2022 : « In The Court Of The Crimson King » de Toby Amies

Il suffit d’un simple moment, d’égarement ou de grande concentration, pour tomber dans King Crimson. Pour beaucoup, ce ne sera jamais le cas et tant mieux pour vous. Parce que sinon, vous êtes ou assez riches, ou totalement foutus. Vraiment, ces coffrets rétrospectifs de plus d’une vingtaine de compact discs répartis par albums ou époques et validés par le maître sont autant jouissifs que dispendieux. Aucun groupe n’a pareil souci de patrimoine, c’est dire l’importance du lien et la qualité de la liaison*. En revanche pour rester un musicien actif dans ce groupe, et c’est je crois le sujet principal de ce film, c’est une autre paire de manches. Et de manches, il ne sera que peu question ici, tant caserner dans la secte de Robert Fripp semble être une affaire éminemment sérieuse, souvent temporaire donc, entre le sacerdoce, le partage du sublime, et la nécessité de l’intensité. Continuer la lecture de « Musical Écran 2022 : « In The Court Of The Crimson King » de Toby Amies »

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Bill Callahan, YTI⅃AƎЯ (Drag City)

Ce que je retiendrai du scoutisme, au-delà d’un paquet de nerfs, du savon noir, de l’odeur, à la longue écœurante, des feux de bois et de petites humiliations, c’est que le danger n’est jamais loin et qu’il faut rester à l’affût. Et j’avoue volontiers avoir baissé ma garde à propos de ce sacré Bill. Mais, bien au-delà du confort souvent majestueux que ses disques récents m’ont toujours apporté, la lassitude rentrant peu à peu en ligne de compte, vous n’avez pas idée de mon vrai métier, et l’ennui n’est pas forcément étranger à la félicité. Bien au-delà de ça, dans ces disques jolis, et loués unanimement par les professionnels de la profession, ô combien je m’ennuyais. Parfois, pas toujours (Apocalypse quand même), mais souvent. Mais je restais à l’affût, en vain mais pas toujours. Et aujourd’hui, me voilà bien récompensé.

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Codeine, Dessau (Numero Group)

Des chansons connues sur le bout des doigts, au fond du cœur et qu’on redécouvre pourtant d’une oreille neuve. Qu’est-ce que tu veux de plus ? Un miracle ? C’en est un, à son échelle. Celle d’un lit superposé que l’on a gravi plus d’une fois pour retrouver un confort à la fois cotonneux et exaltant, et la paix, surtout. Ça n’est pas grand-chose ce disque de Codeine mais ce pas grand-chose, c’est parfois l’impression tenace que les disques portent le sceau de la vérité, de l’histoire, d’une histoire infiniment plus grande que celle connue et que ceux qui l’ont fait. Et que celle-ci n’est pas tronquée, elle est juste autre, plus fragile souvent, mais tout aussi ensorceleuse. Continuer la lecture de « Codeine, Dessau (Numero Group) »

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Codeine, When I See The Sun (Boxset – Numero Group)

Même si c’est la stricte ou la triste vérité, il serait réducteur et malhonnête de ne voir rétrospectivement en Codeine que le groupe qui a énoncé les bases d’un genre (Slow-core ou Sad-core) qui, constituant l’acte de naissance d’un certain rock américain des années 90 à nos jours (Low, Bedhead, Red House Painters, Idaho, Spain) et même au-delà (Diabologum, Mogwai) n’a pourtant jamais ou trop rarement été reconnu à sa juste valeur. Continuer la lecture de « Codeine, When I See The Sun (Boxset – Numero Group) »

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Stranger Teens #12 : « Charlotte Sometimes » par The Cure

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

J’ai bien tourné le problème dans tous les sens, je voulais évoquer les deux premiers disques hors métal que j’ai acheté, tailler un édifice démesuré aux Cramps*, vous dire que The Cult c’était à découvrir un peu, ériger une stèle un peu nulle à Nikki Sixx ou Blackie Lawless, vous conter à quel point Seek And Destroy de Metallica avait changé la donne, tout, complètement remanié mon univers, à un point inimaginable. Et Paf, d’un coup, dans Stranger Things, ils nous font Master Of Puppets, extrait de l’album du même nom et qui tombe précisément dans cette période frondeuse molle. Beaucoup. Trop. Facile. Not it, am afraid. Continuer la lecture de « Stranger Teens #12 : « Charlotte Sometimes » par The Cure »