Catégories mardi oldieÉtiquettes , , , , , , ,

Spearmint, A Week Away (hitBACK, 1999)

Le premier contact avec ce disque est une phrase. “Ça devrait te plaire”, m’avait prévenu mon ami Nicolas P. en me tendant le CD – et quand je repense à cet emploi du conditionnel, je ne peux m’empêcher de sourire. Je me souviens bien de ces mots-là, et pourtant, je ne me souviens pas de la période, ni de l’année exacte – mais c’est bien sûr 1999, il suffit aujourd’hui parfois d’un clic pour étayer sa mémoire. Et puis, je me souviens aussi du lieu, les bureaux de la RPM du boulevard Ménilmontant, ceux d’un septennat qui aura vu l’arrivée de la couleur, du rythme mensuel, des piges enfin payées et des salaires au lance-pierre, l’époque de l’âge de la déraison où l’avenir semblait appartenir à ceux qui se couchaient (plutôt) tard.
Continuer la lecture de « Spearmint, A Week Away (hitBACK, 1999) »

Catégories mixtapeÉtiquettes , , , ,

Le club du samedi soir # 46 : (born to) Moose

Moose
Moose / Photo : Philippe Levy

Oui, vous avez (peut-être) raison : “C’est encore la même histoire…” La même histoire ? Celle du groupe qui aurait dû, aurait pu et puis non. Celle de rois sans couronne, ni royaume. Celle où forcément il est question d’injustice, de malchance, d’erreurs, de ne pas être au bon endroit tout à fait au bon moment ; celle où l’on frémit en imaginant qu’un film de Frank Capra aurait eu une fin un peu triste et sans morale – parce que nous sommes sur ce point à peu près tous d’accord je crois : il n’y a pas grand chose de pire que d’imaginer un film de Frank Capra qui aurait eu une fin un peu triste et sans morale…

Continuer la lecture de « Le club du samedi soir # 46 : (born to) Moose »

Catégories sunday archiveÉtiquettes , , , , , , , , ,

Tony Wilson : « Qui dois-je imprimer alors, la vérité ou la légende? »

Anthony H. Wilson
Anthony H. Wilson

Il est une certitude. Détesté ou adulé, Anthony H. Wilson a changé le visage de la musique moderne. En créant un beau jour de 1978, avec une poignée d’autres illuminés, Factory Records. En « signant » Joy Division – devenu New Order – et Happy Mondays, mais aussi The Durutti Column et A Certain Ratio. En contribuant à la création de La Haçienda, le club par lequel la house music a débarqué sur le Vieux Continent. Journaliste, présentateur télé, manager, beau parleur et esprit frondeur, il a définitivement fait de Manchester l’un des points cardinaux de la scène internationale. De théories situationnistes en déclarations définitives, de décisions suicidaires en utopisme forcené, il a marqué toute une génération de mélomanes. Sans lui, peu de chances que Postcard, Creation ou Heavenly aient vu le jour. Sans lui, sans doute que ce magazine, et quelques autres, n’auraient jamais existé. En interview, l’homme aimait à citer un dialogue extrait du film de John Ford, L’Homme Qui Tua Liberty Valance (1962) : « Qui dois-je imprimer alors, la vérité ou la légende ? – Juste la légende, bien sûr ». Avec Anthony H. Wilson (1950-2007), les deux se confondaient plus que de raison. Continuer la lecture de « Tony Wilson : « Qui dois-je imprimer alors, la vérité ou la légende? » »

Catégories coverÉtiquettes , , ,

The Reds, Pinks & Purples reprend « Chemtrails Over The Country Club » de Lana Del Rey

Glenn Donaldson
Glenn Donaldson

C’est ma fille qui n’arrêtait plus de parler d’elle, après l’avoir découverte au fil de ses écoutes sur Deezer, et m’avait demandé si je la connaissais – j’adore quand elle me demande si je connais un.e artiste et surtout, j’adore si c’est bien le cas… Je lui ai dit la vérité, que je n’avais pas vraiment accroché « à l’époque » – et sincèrement, à part mon léger snobisme d’alors, je ne comprends pas pourquoi parce que cette chanteuse avait quand même – et ce jusqu’à son nom d’artiste à consonance hispanique – beaucoup d’atouts pour me plaire (mon ami Hervé m’avait d’ailleurs bien dit que j’avais tort). Alors, pour un autre média, j’ai demandé le mois dernier à écrire la chronique du nouvel album de Lana Del Rey, sans doute pour impressionner (un peu) ma fille et aussi parce que j’en avais déjà entendu deux ou trois chansons, et c’étaient deux ou trois belles chansons, des chansons de peu, surtout habillées par un piano et une voix débarrassée de toute frime, en particulier celle qui allait donner son titre au disque – et oui, il n’est pas vain de préciser que Chemtrails Over the Country Club, c’est quand même un bel album, hein…

Continuer la lecture de « The Reds, Pinks & Purples reprend « Chemtrails Over The Country Club » de Lana Del Rey »

Catégories interview, sunday archiveÉtiquettes , , , , , ,

Shack, une histoire vraie

Alors que la si chic structure anglo-française Violette Records fête aujourd’hui ses huit ans et un jour – et que sa naissance est intimement liée à ce garçon dont la carrière aura été aussi chaotique que la vie – et qu’hier, ce site a mis à l’honneur cette scène tout juste incroyable du Liverpool des années 1980 – où a grandi The Pale Fountains –, il était impensable de ne pas se souvenir qu’en 1999, à la sortie du troisième album de Shack, Michael Head a failli être reconnu à sa juste valeur : le songwriter le plus doué de sa génération – voire bien plus, si affinités. Continuer la lecture de « Shack, une histoire vraie »

Catégories mixtapeÉtiquettes , , ,

Le club du samedi soir # 40 : Revolutionary spirit — Liverpool, 1978-1989

Echo And The Bunnymen
Echo And The Bunnymen

C’est comme un conte de fées. Comme un film de Frank Capra. Comme un fantasme. Voilà : c’est ce genre d’histoire improbable qui a priori ne peut pas être vraie, avec des héros qui n’ont pas des corps d’athlètes mais des têtes de dieux grecs, des héros qui ne marchent jamais seuls. C’est la fin des années 1970, dans une Grande-Bretagne déjà meurtrie. Ce sont des jeunes gens qui n’ont pas beaucoup d’avenir – “On n’a pas le choix pour s’en sortir : footballeur ou rock star” (rock star martyr était aussi une option) –, écrasés par le passé de leur ville portuaire – un passé incarné par un quatuor qu’on n’a pas le droit de ne pas aimer sous peine d’être excommunié. Oui, mais. Continuer la lecture de « Le club du samedi soir # 40 : Revolutionary spirit — Liverpool, 1978-1989 »

Catégories liveÉtiquettes , , , ,

Mustang en live et en interview chez vous, maintenant.

C’est une sensation un peu bizarre. À chaque fois que je rentre là, par la porte qui donne sur le parvis. Dix mètres dans la pénombre, et elle me saute aux yeux, cette affiche taille XL qui orne l’un des murs de la Petite Coopé, l’une des deux salles – celle-ci fait aussi office de bar – de la fameuse Coopérative de Mai, née il y a 21 ans presque jour pour jour et devenue l’un des lieux emblématiques du Clermont-Ferrand qui rocke, folke, danse, rappe et bien plus si affinités. C’est une couverture de la RPM, une couverture de l’année 2010 où à l’occasion de la sortie du premier album de Mustang, A71 – une autoroute de circonstance pour le trio clermontois alors monté à Paris –, la rédaction du magazine avait pensé à cette rencontre qui semblait tomber sous le sens entre deux amoureux de rock – dans son sens le plus large possible – et de langue française : d’un côté, le chanteur, guitariste, auteur et compositeur en chef Jean Felzine, qui affichait alors 21 printemps, et de l’autre, Daniel Darc, artiste cabossé ressuscité depuis la parution du miraculeux Crèvecœur en 2004… Continuer la lecture de « Mustang en live et en interview chez vous, maintenant. »

Catégories sunday archiveÉtiquettes , , , , , , ,

Devoir de mémoire

Début 97, pour la sortie de leur premier album « Homework », rencontre avec les Daft Punk.

Daft Punk / Photo : Philippe Levy
Daft Punk en une du numéro 12 de la RPM / Photo : Philippe Levy

Je me souviens bien de cette une photographiée par Philippe Levy – parmi les quelque 110 que j’ai accompagnées en quinze ans. Je m’en souviens bien pour un nombre assez incalculable de raisons. L’une des principales, c’est sans doute le débat qu’avait provoqué au sein de notre comité de rédaction haïku – Serge, Philippe, Éric, sans doute Jean-Fabien et moi, donc – la récente décision de ces deux garçons à peine sortis de l’adolescence de ne pas (plus) afficher leur tête, ni sur la couverture, ni dans l’article. Je n’étais pas d’accord avec ça. Je n’étais pas d’accord parce que cette décision me paraissait absurde. D’abord, parce qu’ils avaient déjà joué à visage découvert, parce que des photos d’eux avaient déjà circulé (et à chaque fois que je pense à ça, je pense à la très belle photo prise par Éric Pérez sur la scène de l’Ubu, lors des Trans Musicales de 1995), parce qu’on les avait vus aussi à la télé – pas forcément à une heure de grande audience mais quand même, je me souviens du bus dans les rues de Glasgow  ; ensuite, parce que je ne trouvais pas l’idée si originale que cela : The Residents, Kiss ou pendant un temps, Cabaret Voltaire avaient déjà joué sur l’anonymat. Continuer la lecture de « Devoir de mémoire »