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Lispector & Dodu reprennent « I Want Our Love To Always Last » de David Lee Jr. (inédit)

Lispector
Visuel : Lispector

Lispector nous fait l’amitié de nous proposer un exercice de style dont elle a le secret, et dans lequel elle excelle tout simplement : la reprise, mais plus que, puisqu’elle incarne plus qu’elle ne joue, si bien que ces covers se fondent tout simplement dans son univers musical. Que ce soit cette forte tête de Springsteen (Dancing In The Dark) ou cette tête à claque de Billy Idol (Eyes Without A Face), personne ne résiste. Accompagnée par Dodu (Dorian Verdier de JC Satan et du collectif Iceberg de Bordeaux), Lispector chante pour celui qui a mixé son magnifique dernier album paru chez Teenage Menopause et qui lui a proposé cette chanson écrite par l’obscur David Lee Jr, batteur de jazz de son Etat(s-Unis). I Want Our Love To Always Last (1974) est une étonnante pépite brute de musique noire (une douceur mélodique à la Daniel Johnston, jouée par un une Family toute Stone) qui semble avoir été écrite pour Lispector.

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Star Feminine Band, s/t (Born Bad)

star feminine band« La musique, c’est notre affaire, la musique, c’est notre boulot »

Ce ne sera pas manquer de respect à ce collectif de jeunes femmes du Bénin que de laisser à d’autres, beaucoup plus savants et éclairés, le soin de développer l’histoire précise et le contexte géographique et culturel de la création de ce disque. Je pense notamment au brillant texte de Jacques Denis pour le site Pan African Music, agrémenté d’un entretien approfondi avec André Balaguemon, professeur et ange gardien de tout ce petit monde. Le Star Feminine Band est le fruit d’un accompagnement dans le cadre d’une école de musique, dans le village de Natitingou au nord du pays. Dans un carcan socio pédagogique qui pourrait se révéler étouffant, elles ont généré une musique d’une liberté et d’une simplicité qui donne le sourire, tout en véhiculant une énergie juvénile, comme un bain de jouvence. Continuer la lecture de « Star Feminine Band, s/t (Born Bad) »

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« Mais qu’est-ce que c’est que ce TRUC? »

Interview collective autour de la sortie de « Instruments imaginaires », compilée par Pierre Bastien

Pierre Bastien

Il y a un truc avec les musiques instrumentales : j’y suis assez facilement sensible. Les peu de fois où j’ai mis les pieds en studio pour assister à un enregistrement, j’étais d’ailleurs très vite séduit par les pistes instrumentales, et il m’est souvent arrivé de penser qu’y poser une voix serait du gâchis. Et puis, dans les discussions, on m’a aussi parlé de la voix, et que souvent la signature d’un groupe, c’était son chanteur. Quand il y a quelques années, j’ai raccompagné Pierre Bastien à l’aéroport, après un concert à la médiathèque avec ses petites machines en Meccano, je lui ai posé la question bateau de savoir quelles chansons l’avaient marqué ses derniers temps… Il m’a répondu ceci en substance : « Des chansons? Ah non, mais moi, je déteste les voix dans la musique ». C’était la première fois qu’une personne me disait ça aussi frontalement, sans aucun fard. Continuer la lecture de « « Mais qu’est-ce que c’est que ce TRUC? » »

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Domenique Dumont, People On Sunday (The Leaf Label)

J’avais découvert Domenique Dumont, entité originaire de Riga (Lettonie), sous les feux croisés de recommandations privées (dont celle de l’avisé Michel Wisniewski, le patron de Scum Yr Earth, qui les avait vus en concert) et de prescriptions imparables (un texte de Stephen Pastel pour Monorail, sans doute). J’ai écrit « entité » parce qu’il y a un petit mystère autour de ce sobriquet francophile derrière lequel se faisait discret un certain Arturs Liepins. Solo, groupe, duo, mystérieux musicien français? Son entretien publié ici nous permettait de passer derrière le miroir des deux magnifiques disques inépuisables parus alors chez Antinote : Comme ça (2015) et Miniatures de Auto-Rhythm (2018). Continuer la lecture de « Domenique Dumont, People On Sunday (The Leaf Label) »

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Charlotte Leclerc, Bingo (Delodio)

Suite des aventures intimistes du label Delodio qui, dans une démarche résolument non spectaculaire, semble avoir pris goût à éditer des disques qu’on peut qualifier de non intentionnels : en effet, ils proposent à l’auditeur des contenus destinés à n’être écoutés au départ que par leur auteur. On ne sait quel trésor de persuasion ont dû déployer les propriétaires de la discrète maison de disque parisienne pour convaincre les musiciens d’ouvrir leurs archives musicales, mais ça fonctionne. Après l’étrange et captivante compilation rétrospective de proto électro réalisées sur son PC dans les années 90 par Patrick Michaud, un ancien copain de classe de Fa Fane et F.M. (les gérants), le label s’attache à révéler une fois encore les travaux d’une très proche, Charlotte Leclerc, Continuer la lecture de « Charlotte Leclerc, Bingo (Delodio) »

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Dominique Ané, Fleurs plantées par Philippe (Mediapop éditions)

Avec Michel et Joël, on avait décidé de se poser sur un banc, au parc des Contades, à deux pas de la synagogue. On a discuté musique évidemment, et on a évoqué la reformation de Marquis de Sade, qui avait joué à Strasbourg il y a peu, beaucoup grâce au grand frère de Joël, Thierry. Marquis de Sade est un groupe important pour les deux frères. Pour Michel, je ne sais pas. Pour moi, pas trop. Trop lointain, trop sec, trop cérébral, une musique tout en chocs électriques, une voix spectrale… J’ai dit, un peu bravache :  » j’attendrai avec plaisir le moment où Philippe Pascal reformera Marc Seberg, là, je viendrai. » de Joël, Thierry. Marquis de Sade est un groupe important pour les deux frères. Pour Michel, je ne sais pas. Pour moi, pas trop. Trop lointain, trop sec, trop cérébral, une musique tout en chocs électriques, une voix spectrale… J’ai dit, un peu bravache :  » j’attendrai avec plaisir le moment où Philippe Pascal reformera Marc Seberg, là, je viendrai. »
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Le club du samedi soir #21 invite le journal Groupie

Groupie
Photo : Mathieu Wernert

Un mix de Groupie comme un jeu à point géant, où se bâtit cette bande-son saisonnière en excavant des disques durs des trucs téléchargés ici et là, hier (Super Timor, 2 Cheval) et aujourd’hui (Imre Kiss, Coy, Roméo Poirier, Harmonious Thelonious, Vague Imaginaires et dYmanche). Des pistes pour demain même (LL, Sinaïve), jamais entendues. Une ambiance lourde et brumeuse, entre la chaleur d’un été indien et les flottements de nuits hivernales désertées, dans lesquelles des silhouettes filiformes semblent s’effacer, comme dans la photo désagrégée de Mathieu Wernert. Une sorte d’attente en caisson d’isolation sensorielle, avec un orage violent, quelques voix perdues ou découpées en morceaux, des envies de bouger, frustrées et empêchées. Notre vie.

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Odessey & Oracle, Crocorama (Another Record)

Odessey & Oracle « Prise au piège
D’un manège
La tête enveloppée de papier chiffonné  / Les nouvelles
Bien trop cruelles
Vitrifiant les cœurs d’impuissants spectateurs  / Des sourires ébréchés qu’on ne peut plus consoler / Mais ressaisis-toi ! Faut pas pleurer comme ça »

Après avoir vu, il y a quelques mois, un concert ébouriffant des Lemon Twigs à la Laiterie à Strasbourg, j’étais resté sur le flanc. Pour tout vous dire, je ne suis pas spécialement intéressé par la virtuosité, la maîtrise instrumentale étant très éloignée de mes préoccupations. Je peux même vous dire, et ça n’est sans doute pas une surprise si vous me lisez plus ou moins régulièrement ici, que je suis souvent plus attiré vers l’inverse, ce qui « sonne plus humain » (comme on dit en studio quand on n’a pas envie de refaire une énième prise imparfaite), quelque chose qui se met en place, qui coince, qui couine, qui peine et qui galère. Continuer la lecture de « Odessey & Oracle, Crocorama (Another Record) »