Hicks & Figuri, Sayonara Muchacho (Herzfeld)

Hicks & Figuri

« There’s nothing wrong about you
The blues is always right
There’s nothing else you can do
When the blues run wild
Falling in love
Makes the blues run wild »

On pourrait avec un plaisir d’archéologue patenté s’amuser à dresser la liste longue comme dix bras des apparitions de Pierre Walter ces vingt dernières années, depuis son apparition publique sous le nom de Spide pour le label Vergo jusqu’à son deuxième album pour Herzfeld par l’intermédiaire de son alias Hicks & Figuri (j’évoquais déjà le précédent LP, Navaja dans ces colonnes). On le fera sans doute un jour, rien ne presse, et Discogs prendra sa fessée, on vous le promet : projet mystérieux, inconnus, non aboutis, parus en micro quantité sur des micro labels, caché dans des groupes derrière d’autres musiciens, on ne peut pas dire que l’auteur-compositeur-interprète se soit un jour économisé. On peut même dire qu’il joue avec le feu, qu’il arrive même qu’il se brûle sur les flammes de sa production massive de chansons miniatures, toujours à peu près les mêmes, qu’il tisse la journée, pour les défaire la nuit venue, et les remettre sur l’ouvrage le lendemain, telle Pénélope attendant son Ulysse, sous la forme de plus en plus parfaite de LA chanson.

Hicks & Figuri
Hicks & Figuri en 2019.

Dans le monde d’Hicks & Figuri qui semble stable maintenant, il y a de toute façon peu de matériel en jeu (la photo intérieure de la pochette résume sans doute bien cette idée, un petit bureau dérangé avec au centre LE 4-pistes), quelques partis pris (un anglais de peu de mots comme langage ; peu de mots, mais précis) et sans doute une obsession de la mélodie mélancolique qui tient presque du renoncement, pourquoi aller voir ailleurs, finalement ?  Il y a un esprit monacal dans la façon dont Hicks & Figuri aborde le jeu musical : on ne touche pas à la recette, le temps passe et alors ? Tout se joue alors au détail : des touches de synthétiseurs en poussières d’étoile, des modulations sur sa voix, parfois plus grave, parfois plus aigüe, une reverb plus appuyée ici et là. Il faut avoir vu ce minuscule œil du cyclone en concert pour saisir l’immuable force qui fait avancer ce musicien. Il est capable d’enchaîner ces chansons qui tiennent à un cil sans coup férir, pratiquement sans blanc entre les plages, on comprend l’immensité du réservoir de mélodies que l’homme tient en son sein et qu’un regard extérieur (ici Olivier Stula, Vaillant au civil) peut démêler. Et d’après d’autres sources sûres, il aurait déjà quatre ou cinq albums déjà prêts. On veut bien le croire.


Sayonara Muchacho de Hicks & Figuri est sorti fin d’année dernière sur le label Herzfeld.

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