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David Bermude

David Berman
David Berman

Je viens d’une génération musicale qui s’est heurtée trop violemment au réel. La génération qui a gaspillé ses poètes, comme le disait Roman Jakobson. Jason Molina bouffé par l’alcool, Mark Linkous régurgité violemment par les stupéfiants, tout comme Elliott Smith – voilà des ruines ensorcelantes. Jeff Buckey noyé et perdu dans les eaux du Mississippi ? Ah ! Quel triste inventaire. Il demeure pourtant des vivants, des grands vivants, qui ont choisi, eux, de disparaître. David Berman s’est réfugié, sans compromission, dans le secret. Il est un modèle. Continuer la lecture de « David Bermude »

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Garage-rock : le genre majeur des groupes mineurs

Les années soixante furent ô combien prolifiques en termes de formations essentielles. Dylan, Beach Boys, Beatles, Byrds, Kinks, Who, Pink Floyd, Rolling Stones, en moins d’une décennie, inondèrent les ondes et s’imposèrent durablement dans le cœur des amateurs de musique pop.  À l’ombre de ces idoles jamais déboulonnées, en Amérique du Nord, une frange particulièrement concurrentielle se disputa de rares places au soleil des charts, à l’assaut du cœur de la jeunesse étasunienne. Continuer la lecture de « Garage-rock : le genre majeur des groupes mineurs »

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Tous au Ptit Fays, tival !

C’est une histoire rocambolesque, et comme toutes les histoires (belges), elle vaut son pesant de chicon. Des pâturages et des bois à perte de vue, une petite place, un clocher, un chapiteau, le décor est planté. Bienvenue à Petit-Fays, un charmant village de l’Ardenne namuroise. Organisé en marge de la kermesse du village, le P’tit Faystival, à l’inverse des festivals de masse, privilégie une approche humaine et une ambiance décontractée. Ici de pas de tête d’affiche, il suffit de se laisser porter par une programmation toujours audacieuse, à la fois cosmopolite et pointue, sans être snob. Continuer la lecture de « Tous au Ptit Fays, tival ! »

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Dave Evans, The Words In Between (Earth Recordings)

Dave EvansSur les rares archives qui subsistent de ses épisodiques apparitions télévisuelles au début des années 1970, Dave Evans semble s’effacer tout entier derrière son instrument, cette guitare à caisse verte qu’il a lui-même bricolée pour mieux l’adapter aux exigences si particulières d’un style à la fois limpide et percussif. Les yeux et la bouche entièrement clos, esquissant tout juste un demi-sourire, il s’abandonne intégralement aux délices de la virtuosité, concentré sur l’objectif prodigieux : faire surgir de ses dix doigts le déluge de notes que d’autres, Davy Graham ou Bert Jansch inclus, peineraient à susciter même si la nature les avaient généreusement dotés de quatre mains. Continuer la lecture de « Dave Evans, The Words In Between (Earth Recordings) »

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Bernard Estardy – Le géant aux doigts d’or (2ème partie)

Bernard Estardy
Bernard Estardy, le Baron, mettant au point sa formule.

On a déjà évoqué dans la première partie de cet entretien avec Julie Estardy, le côté anglo-saxon du génie de son père, Bernard Estardy, son éclectisme musical, cette aptitude à passer sans le moindre cynisme des musiques savantes ou ambitieuses (Manset, Ferrer) aux rengaines les plus populaires (Carlos, Jean-Pierre François…). On a longuement évoqué cette vitalité et cette générosité inépuisables qui lui permettaient, un jour, de sculpter des cathédrales sonores (La Mort d’Orion de Manset, Le Lac Majeur de Mort Shuman, La Veuve de Joe Stan Murray de Julien Clerc, L’Albatros de Joe Dassin…), et le lendemain, de façonner des tubes taillés pour les pistes de danse (Magnolias For Ever, Alexandrie Alexandra, apothéose de sa collaboration avec Claude François, le J’attendrai de Dalida avec sa rythmique disco imparable ou, dans un autre genre, le Jolie Poupée de Bernard Menez, le Papayou de Carlos). Mais justement, s’inspirait-il de modèles étrangers pour la prise de son ou le mixage ? Et plus largement, s’intéressait-il à la pop anglo-saxonne ? Continuer la lecture de « Bernard Estardy – Le géant aux doigts d’or (2ème partie) »