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« Javelin » de Sufjan Stevens écouté par Stéphane Auzenet (The Reed Conservation Society)

« Mon amour est une arme jetée dans l’oubli de ton corps. »

Cet album de Sufjan Stevens est à écouter comme un recueil épistolaire. Des lettres d’amour mises en musique. Une histoire au long cours. L’amour de Sufjan ? Un amour perdu ? Disparu ? On a su il y a quelques jours que Sufjan dédiait ce disque à son compagnon décédé. Et le disque prend une autre tournure. Plus profonde, plus intense. La musique et surtout les paroles prennent un sens particulier. Il nous avait habitué avec Carrie and Lowell, 2015 à se livrer complètement. De manière somptueuse. On vit un peu plus à chaque nouveau disque la vie de Sufjan. Depuis toujours, avec lui, il nous invite à incarner ses émotions. Javelin, ou le javelot de l’amour ? Sufjan : Cupidon de la pop ? Continuer la lecture de « « Javelin » de Sufjan Stevens écouté par Stéphane Auzenet (The Reed Conservation Society) »

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Selectorama : Yan Skene

Yan Skene
Yan Skene / Photo : Lily Boult

En pleine pandémie, lassé d’entendre souvent les mêmes choses sur bandcamp, Yan Skene, une des têtes pensantes de Bleu Nuit, groupe de post-punk mélodique de Montréal en pause pour le moment, à l’envie de créer un label qui propose des sorties obscures et inclassables. C’est chose faite avec Contact Minimal Records. « Je cherche à sortir des artistes émergents de partout à travers le monde et d’offrir également des compilations d’artistes 70’s-80’s. C’est important de rendre hommage aux pionniers. »

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Will Samson, Harp Swells (12K)

Les sorties récentes de Selected Works de Sarah Davachi ou de Does Spring Hide Its Joy de Malone/O’Malley/Railton confirment le caractère incontournable d’une scène au croisement de l’ambient et des musiques minimalistes-répétitives. Comme si il s’agissait d’opérer un pas de côté concernant l’élan accélérationniste de musiques électroniques très largement dominées par le fonctionnalisme rythmique. Mais un pas de côté qui irait moins chercher du côté de la déconstruction post-club (comme ce qui a pu être le cas avec une certaine IDM) que du réinvestissement d’une tradition très largement redevable du moment Kosmische-Eno. Continuer la lecture de « Will Samson, Harp Swells (12K) »

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Ride, Tarantula (Creation, 1996)

L’amour pour un groupe de rock peut se mesurer à l’attachement que l’on porte aux disques ratés par ledit groupe. On a ainsi rapidement passé l’éponge pour Standing on the Shoulder of Giants d’Oasis (2000) car on se surprend à se dire que Go Let It Out était un single parfait. On se refuse d’oublier tous les disques de The Streets depuis Original Pirate Material et on commence à se dire que cela fait beaucoup. En 2023, Ride fait l’effort de ne pas tourner le dos à son passé. Le groupe d’Oxford a choisi, avec son label, de rééditer Carnival of Light (le toujours difficile troisième album, (1994) mais aussi Tarantula (1996), son album maudit qu’il a toujours rejeté. Et nous aussi. Continuer la lecture de « Ride, Tarantula (Creation, 1996) »

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Frédérique Sueur, Le temps mutile les talons (Undo Seat Belts / Rush Hour)

Salutation !Voici un lien vers le premier disque de Frédérique Sueur qui est sorti le 22 mai ( https://www.rushhour.nl/record/vinyl/le-temps-mutile-les-talons). J’ai tout de suite pensé à toi en l’écoutant. C’est un drôle de type ; je l’ai rencontré dans un parking de La Défense. Il joue les weekends au niveau -2 de Puteaux-La Défense, centre commercial Westfield. Je pourrais te parler de sa performance, qui vaut vraiment le détour, mais je préfère pas te spoiler ! Disons juste qu’elle atteste d’une démarche bien personnelle… et il commence à avoir un petit groupe de curieux qui viennent le voir.L’album, intitulé Le temps mutile les talons, est disponible chez Rush Hour, c’est produit par un petit label belge du nom d’Undo Seat Belts. Pour te donner une idée, le disque est hermétiquement cloisonné en deux parties, deux actes distincts au travers desquels se manifestent ses marottes. La face A, présente des chansons narratives d’où transparaît un goût pour les autofictions et la multiplicité d’identités à la Pessoa. La face B, quant à elle, est son véritable contrepied instrumental. Je dirais qu’elle est un exercice de style, un hommage aux musiques de film, et plus particulièrement au Giallo. Continuer la lecture de « Frédérique Sueur, Le temps mutile les talons (Undo Seat Belts / Rush Hour) »

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Dolly Mixture, Everything & More

Groupe culte (mais influent – ce ne sont pas les Wendy Darlings qui prétendront le contraire) des années charnières 1970 et 1980, le trio féminin Dolly Mixture compile aujourd’hui ses sessions pour la BBC sur vinyle, disponible sur le site officiel du groupe. L’occasion est donc trop belle pour ne pas revenir sur la parution du coffret CD paru en 2010, Everything & More…

De nos jours, c’est entré dans les mœurs : voir des jeunes femmes s’époumoner sur des mélodies à la fragilité assumée, tenir le bon tempo, plaquer l’accord parfait fait partie du lot quotidien – et on ne s’en plaindra pas. Elles sont même une ribambelle, ces filles qui voient la vie en rock, dans des formations intégralement féminines ou têtes pensantes de groupes mixtes. Elles composent, toisent, chantent, jouent leur répertoire de pop songs vitaminées, où se bousculent l’ingénuité de la scène C86, la sensualité de la soul et l’assurance de songwriters convaincus de leurs talents. Alors, quand les Dum Dum Girls et les Vivian Girls, Best Coast ou Air Waves tiennent le haut du pavé, déchargent leur électricité sur les ondes et les scènes du monde entier, il n’y a pratiquement plus personne pour ouvrir grands les yeux et rester estomaqués. Mais ça n’a pas toujours été le cas. Continuer la lecture de « Dolly Mixture, Everything & More »

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Stéphane Milochevitch, La bonne aventure (Talitres)

« J’ai enregistré ce CD
pour qu’un jour tu l’entendes par hasard
en coup de vent en coup d’un soir
en coup de poignard »

D’abord faire le deuil, celui de Thousand, entité floue aux deux albums sortis de nulle part, passionnant, touchant, en diptyque – passion critique rock , passion assemblage – du portrait en tissu (Le tunnel végétal, 2018) à celui en céramique (Au paradis, 2020), deux disques dont on ne s’est toujours pas remis, qui vieillissent avec nous tranquillement, avec deux trois écoutes mensuelles, des chansons qui jouent à prendre ou perdre des places dans notre top 50 mental (en ce moment l’obsession est portée sur Narval et Le bâton ivre). D’ailleurs, on attendait de pied ferme le troisième volet (le fameux triptyque, on sait aussi compter jusqu’à trois, ou un retable, tiens, si on pense aux obsessions spirituelles du chanteur), avec un portrait en coquillage, ou en statue de bois, on ne saura pas, peut-être qu’il viendra plus tard, ou jamais, peut-être qu’on le fantasmera et que ça sera mieux. On était prévenu, ceci dit, il y avait cette prédiction dans le dernier : « Appelle moi demain, demain Milochevitch ». On aurait dû comprendre, ce  message aux exégètes, cette annonce d’une fin et d’une résurrection. Continuer la lecture de « Stéphane Milochevitch, La bonne aventure (Talitres) »

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Selectorama : Pierre Rousseau

Pierre Rousseau / Photo : Charles Negre
Pierre Rousseau / Photo : Charles Negre

Auteur récent du très élégant Mémoire de forme, Pierre Rousseau élabore des mondes électroniques qui tiennent plus de l’architecture ou du travail plastique que de la pop, même si jamais n’est délaissée l’accroche mélodique : d’ailleurs, l’approche générale laisse place entière aux émotions, les plages dégageant une charge mélancolique évidente, éloignée d’une abstraction froide qui parfois guette ce genre d’initiative. Les rythmiques plutôt agitées mais douces ancrent les compositions dans une modernité toute actuelle, mais des traces d’utopies du passé résistent dans le fond, une époque de croyance en un futur où sciences et raison se marieraient pour le bonheur de tous : dirigeables lents et silencieux dérivant dans le ciel, champs de blé traversés par les aérotrains, exploration spatiale internationale, exploration intérieure aussi, en douceur grâce à de belles musiques fonctionnelles nous amenant à une extase des synapses. Un peu le résumé du programme de Mémoire de forme, en quelque sorte. Continuer la lecture de « Selectorama : Pierre Rousseau »