Selectorama : BMX Bandits

De temps en temps, mais rarement, il arrive que la vraie vie ne ressemble pas à un western de John Ford et donc, que les faits dépassent la légende. C’est exactement le cas dans l’épopée rocambolesque vécue par BMX Bandits, formation à géométrie très variable initiée en Écosse par le dénommé Duglas T. Stewart il y a près de 40 ans. Dans le désordre, elle a compté dans ses rangs de futurs Teenage Fanclub et The Vaselines, Kurt Cobain a déclaré qu’il s’agissait là du seul autre groupe dans lequel il aurait voulu jouer, des presque débutants nommés Oasis ont assuré sa première partie et un documentaire a même tenté dès 2011 de raconter tout ça et un peu plus… Et pourtant, tout ça, ce n’est rien comparé aux mélodies que seul ou en équipe, ledit Stewart est capable d’imaginer depuis les premiers jours. Le nouvel LP– douzième du nom – s’intitule Dreamers On The Run ne déroge pas à la règle et secondé ici par le benjamin Andrew Pattie, l’homme continue d’assouvir ses fantasmes pop. Des fantasmes qu’il égrène dans un selectorama regroupant dix chansons qui ont beaucoup compté à l’heure d’imaginer ce nouvel album.

01. Everly Brothers, Bowling Green

Quand en général on pense aux Everly Brothers, on pense immédiatement à leurs grands classiques de la fin des années 1950 et du début des années 1960. Mais ils ont réalisé de très bons disques à la fin des sixties aussi. Quand Andrew m’a fait écouter sa chanson Setting Sun, je l’ai tout de suite aimée, mais elle ne sonnait pas comme du BMX Bandits. Je lui ai alors fait écouter Bowling Green et lui ai suggéré d’arranger Setting Sun dans cette veine. Et cela a créé un monde qui a permis à cette chanson de rejoindre l’univers du groupe…

02. The Electric Prunes, Holy Are You

Nous savions que nous voulions utiliser des arrangements de cordes sur notre album mais nous voulions des cordes qui aient un son particulier… Commes celles imaginées par David Axelrod sur l’album Release Of An Oath des Electric Prunes was the main influence on the string arrangements for our album.

03. Emerald Web, Flight Of The Raven

Emerald Web était un duo électronique mais aussi un couple. Ce morceau se trouve sur le premier album, paru en 1979. Nous avions le désir de créer des paysages dans certaines de nos chansons et ce titre nous a certainement menés vers cette approche-là. Il nous a aussi influencés dans notre façon d’utiliser les synthés pour le chapitre industriel du disque, sur des morceaux comme My Name Is Duglas et Home Before Dark.

04. Suicide, Cheree

Suicide était vraiment un groupe unique, personne ne sonnait de la sorte… C’est une autre des influences pour Home Before Dark. Cheree est conduit sans relâche par un son très industriel mais il y a aussi beaucoup de beauté et d’amour qui se dégagent de cette chanson. Nous avions nous aussi le désir de marier une ambiance industrielle avec une certaine beauté. Nous souhaitions que la personne qui interprète la chanson apparaisse comme vulnérable dans le paysage musical que nous avions peint pour elle.

05. Phil Ochs, One Way Ticket Home

Le point de départ de notre chanon Cockerel’s Waiting est un refrain qu’Andrew a trouvé quand il était ado. Nous avons écrit les couplets ensemble et j’ai ajouté une section qui donne l’impression de pouvoir être chantée par des cow-boys autour d’un feu de camp dans une version fantasmée de l’Ouest américain… Je pouvais entendre précisément dans ma tête le monde dans lequel cette chanson se devait d’exister et je l’ai jouée à Andrew comme un moyen d’accéder à ce monde. Dès les premiers accords, j’ai vu son regard et son imagination s’illuminer ! Van Dyke Parks a arrangé ce titre pour Phil Ochs et lui aussi a imaginé des paysages d’un grand Ouest imaginaire un peu similaires pour l’album Song Cycle.

06. Chris Montez, Watch What Happens

L’une de nos principales influences dans l’approche de cet album, c’étaient des arrangeurs, des producteurs, des gars comme Nick DeCaro, qui a justement arrangé et produit cette très belle version d’une chanson de Michel Legrand. L’histoire d’amour dont parle ce morceau et ses arrangements ont été une grande source d’inspiration. Nick DeCaro a également arrangé une partie de l’album The Secret Life Of… d’Harpers Bizarre, qui nous a lui aussi beaucoup guidés dans la façon d’agencer notre album. Lenny Waronker a produit ce disque de Harpers Bizarre et à la fin des années 1960, il a travaillé avec Everly Brothers et Van Dyke Parks. Nous considérons ces types-là comme des génies, des géants et ils ont autant d’importance pour nous qu’une rock star à part entière.

07. Stereo Total, L’Amour À Trois 

Stereo Total était l’un de mes groupes favoris : il rassemblait tellement d’éléments que j’aime dans sa musique, Gainsbourg, Bo Diddley, Kraftwerk, The Velvet Underground, bubblegum disco music. J’ai composé Hop, Skip, Jump (For Your Love) en pensant aux chansons de Stereo Total. L’idée n’était de copier mais de créer une atmosphère semblable…

08. Sofie Royer, Schweden Espresso

Sofie Royer est mon autrice-mais compositrice préférée du XXIe siècle. Sa musique n’a pas eu une influence directe sur les chansons du disque mais elle a eu un effet incroyablement positif sur moi et ma passion pour la création… Sa musique me touche profondément. Quand je l’écoute ou quand j’y pense, j’ai comme l’impression d’avoir contracté une merveilleuse maladie… C’est comme ça que la musique devrait avoir et je voulais essayer d’imaginer sur notre nouvel album une musique qui puisse toucher les gens aussi profondément.

09. Todd Rundgren, Just One Victory

Ça fait 35 ans que la musique de Todd Rundgren, celle du début des années 1970 en particulier, a une influence colossale sur BMX Bandits. Son album A Wizard, A True Star est le disque qu’Andrew et moi avons le plus écouté ensemble. Sur la route, en tournée, il est certain qu’on va l’écouter. La diversité, la musicalité, l’ambition artistique sont autant de sources d’inspiration et ont été déterminantes à l’heure d’enregistrer Dreamers On The Run…

10. Ennio Morricone, Forse Basta (version 4)

Ce morceau vient d’un dessin animé adapté de l’ouvrage de Raymond Peynet, Les Amoureux. Le début montre les deux amoureux main dans la main, qui courat tout en bas de l’écran alord qu’au dessus d’eux défilent des images terribles de famine, de l’Holocauste, de la guerre, de bombes atomiques… Ils fuient à la recherche d’un lieu où leur amour pourrait s’épanouir. C’est la musique qui accompagne cette scène et c’est aussi l’influence originelle dans notre volonté d’enregistrer un album au sujet de rêveurs en fuite à la recherche d’un endroit où leurs rêves pourraient se réaliser…