En 1972, le batteur madrilène Fernando Arbex est déjà un vétéran de la scène rock ibérique. Passé par le groupe pionnier Los Estudiantes, il est surtout un des piliers de Los Brincos, une des très grandes formations espagnoles des années soixante. Après l’expérience Alacrán, en compagnie du chanteur Iñaki Egaña (ex-Los Buenos), il monte Barrabás, un sextet, chantant en anglais. Le groupe se compose de nombreuses personnalités de la scène rock nationale d’alors : les frangins, d’origine philippine, Ricky et Miguel Morales (ex-Brincos et frère d’Antonio « Junior »), le Cubain Tito Duarte et le Portugais Juan Vidal (ex-Los Grimm). Dans les pas d’Osibisa, Mandrill, El Chicano et Santana, Barrabás expérimente avec les rythmes africains et latins. Festive et dansante, leur musique est une bacchanale de percussions. Arrangées, avec un sens aiguisé du détail, les huit compositions originales de leur premier album, généralement intitulé Barrabás, démontrent un savoir faire à la hauteur de leurs références. Continuer la lecture de « Barrabás, Barrabás (1972, RCA) »
Étiquette : Genre : Funk
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Stevie Wonder, Innervisions (Motown, 1973)
Au milieu des années soixante-dix, en une demi-décennie, Stevie Wonder publie cinq classiques. La série constitue l’une des plus remarquables de l’histoire de la musique populaire d’après-guerre. Elle place indéniablement Stevie Wonder parmi les génies de la pop, au coté des Beatles, Beach Boys ou de Kraftwerk. Cette affirmation n’a rien de péremptoire. Tout au long de sa carrière, le musicien afro-américain développe un style de composition unique, au point qu’une oreille (un peu) exercée peut identifier distinctement l’une de ses œuvres, y compris quand il les confie aux autres (The Spinners, Syreeta, Sergio Mendes, Minnie Riperton, Dionne Warwick…). Né prématuré (d’où sa cécité) en 1950, le jeune prodige rejoint la Motown en 1962 à l’âge de 11 ans. Il est déjà un musicien accompli sur de nombreux instruments (piano, batterie, harmonica…) Malgré le relatif échec commercial de ses premiers disques, il s’impose dans les années soixante comme une des valeurs sûres de l’écurie de Detroit. Continuer la lecture de « Stevie Wonder, Innervisions (Motown, 1973) »
Catégories mardi oldie
Leon Ware, Rockin’ You Eternally (Elektra, 1981), Marcos Valle, Vontade de Rever Você (Som Livre, 1981)
Le coup de foudre artistique entre Leon Ware et Marcos Valle est peut-être une des rencontres musicales les plus méconnues de la musique populaire moderne. À la toute fin des seventies, le duo écrit ensemble une quinzaine de chansons. Celles-ci sont enregistrées (pour certaines) sur les albums respectifs des deux musiciens de l’époque, plus particulièrement sur Rockin’ You Eternally et Vontade de Rever Você, tous les deux publiés en 1981. Les deux disques suivants, Leon Ware (1982) et Marcos Valle (1983), accueillent également plusieurs compositions réalisées à quatre mains. Rien ne prédestinait ces deux là à collaborer. Leon Ware, afro-américain, né à Détroit en 1940, démarre sa carrière de compositeur à la Motown en 1967 écrivant pour les Isley Brothers, Jackson Five ou Martha and the Vandellas. Dans les années soixante-dix, il devient un producteur et arrangeur demandé. Continuer la lecture de « Leon Ware, Rockin’ You Eternally (Elektra, 1981), Marcos Valle, Vontade de Rever Você (Som Livre, 1981) »
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Steely Dan, Aja (1977, ABC)
Détesté ou adoré, tout le monde, ou presque, a son avis sur Aja (1977) de Steely Dan. Disque par excellence pour tester sa chaîne hi-fi haut de gamme, l’album synthétise son époque, dans ses excès, ses folies mais aussi sa grandeur. Il marque le zénith d’une approche perfectionniste jusqu’à la maniaquerie du studio, devenu principal médium d’expression pour Walter Becker et Donald Fagen. Aja de Steely Dan est, en effet, aux années soixante-dix ce que Pet Sounds des Beach Boys est à la décennie précédente : un remarquable concentré de savoir-faire condensé en moins de quarante minutes par des musiciens aussi doués qu’obsédés. Continuer la lecture de « Steely Dan, Aja (1977, ABC) »
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Dance to the Music #4 : Brit Funk, la playlist
Pour accompagner l’article sur la Brit Funk, une playlist pour découvrir le genre et au delà. Le renouveau du jazz funk britannique fut aussi dense que varié. Retrouvez aussi la playlist et l’article sur la Brit Soul. Continuer la lecture de « Dance to the Music #4 : Brit Funk, la playlist »
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Dance to the Music #4 : Brit Funk (1974-1985)
Les années soixante et le début de la décennie suivante sont marquées en Angleterre par la recherche d’une identité pour la soul et le funk (voir le précédent épisode). L’apport de l’immigration issu des anciennes colonies, particulièrement caribéennes, amène cependant un souffle et une singularité aux productions nationales. Si les premiers succès soul sont plutôt classiques (The Foundations, Sweet Inspiration etc.), dans l’underground, des formations (Cymande) tentent de créer des ponts avec une musique à cheval entre le rock progressif et le funk, l’Afrique et les Caraïbes. 1974 marque l’émergence d’une production britannique assumée et authentique. Celle-ci culmine à la fin des seventies grâce à l’émergence d’une scène jazz-funk fertile aussi regroupée sous la bannière brit funk. Continuer la lecture de « Dance to the Music #4 : Brit Funk (1974-1985) »
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Dance To The Music #3 : Brit Soul, la playlist
Pour accompagner la lecture de l’article sur la Brit Soul, voici une playlist de 20 morceaux racontant l’évolution de la musique soul, puis du funk, en Angleterre, entre 1965 et 1974. Version jukebox ou playlist commentée, pour varier les usages. Continuer la lecture de « Dance To The Music #3 : Brit Soul, la playlist »
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Dance to the Music #3 : Brit Soul (1965-1974)
Quand les Beatles sortent Love Me Do en 1962, le rock britannique n’a certainement pas l’aura de son équivalent nord-américain en dehors des frontières de l’île. La British Invasion a cependant vite pris une ampleur inédite, y compris aux États-Unis, inscrivant le pays européen comme l’une des grandes nations du genre, la seule capable de rivaliser avec les frangins du nouveau monde dans un duel esthétique relevé. Le cheminement de la soul, et plus généralement la musique noire de l’autre coté de la Manche n’a cependant pas été aussi immédiat. À quel moment les Britanniques ont su s’affranchir du modèle étasunien, s’approprier cette sweet soul music et développer leur propre esthétique ? L’histoire commence avec les débuts de la Brit Soul, des années soixante au milieu de la décennie suivante. Continuer la lecture de « Dance to the Music #3 : Brit Soul (1965-1974) »