Il y a vingt ans déjà, les membres de Fugazi annonçaient faire une pause d’une durée indéterminée. Deux ans auparavant sortait ainsi leur septième (ou neuvième si nous comptons 13 songs et Instrument Soundtrack) album : The Argument. Celui-ci conclut une saga entamée une douzaine d’années plus tôt, avec deux EPs (Fugazi et Margin Walker), définissant le son de l’underground nord-américain de l’époque. Avant d’être un pivot de la scène post-hardcore des années 80-90, Fugazi est surtout la rencontre de quatre musiciens exceptionnels, issus de la fantastique scène de Washington DC. Continuer la lecture de « Fugazi, The Argument (Dischord Records, 2001) »
Étiquette : Année : 2023
Catégories chronique nouveauté
Harp, Albion (Bella Union / PIAS)
Tim Smith n’a aucun problème avec Radiohead. Dans une vieille interview dont j’ai oublié la source, il avait même le culot de déclarer : « J’écoute beaucoup plus Jethro Tull que Radiohead ; seulement faire des chansons de la trempe de celles de Jethro Tull c’est complètement hors de portée pour moi. » On connait de visu et in situ le sens de l’humour souvent fastidieux des texans, ça n’en pose pas moins le problème. Parce qu’on voudrait bien aimer plus que de raison ce disque, le premier en solo de l’ex-leader de Midlake, attendu par les fans (dont je ne suis pas mais certains amis chers, si) comme le messie depuis une éternité. Il parait que sur The Courage Of Others (2010) le dernier album de Midlake avec Tim Smith, il avait été évoqué Pentangle et Fairport Convention. Du peu de souvenirs qu’il m’en reste, l’écoute du disque avait du me mettre en rogne en ces augures puissantes mais rarement atteintes. Continuer la lecture de « Harp, Albion (Bella Union / PIAS) »
Catégories selectorama
Selectorama : Andrew Hitchcock / Action Painting!
These Things Happen. Il n’aura échappé à aucun fan d’indie pop que le titre donné par Jane Duffus à son récent livre consacré à l’histoire de l’iconique label Sarah Records, a été emprunté à celui de l’immortel tube d’Action Painting!, sorti en 1990. Un hommage bien mérité à ce single du groupe d’Andy Hitchcock qui pourrait passer pour l’Idée platonicienne de la chanson jangly pop venue s’incarner dans le monde sensible, morceau qui n’a rien à envier aux meilleurs titres des Field Mice ou autres McCarthy. Continuer la lecture de « Selectorama : Andrew Hitchcock / Action Painting! »
Catégories chronique réédition
The Apartments, Apart (Hot Records / Talitres)
Apart…
C’est l’album qu’il est devenu presque impossible de réécouter en faisant abstraction de la suite – les drames intimes, les dix-huit années de silence qui ont suivi sa publication et même les retrouvailles plus récentes. Impossible de ne pas y entendre les signes avant-coureurs de l’effacement à venir dans ces chansons de ruptures, d’abandon, d’ambulances et de départ. Continuer la lecture de « The Apartments, Apart (Hot Records / Talitres) »
Catégories avant-première, documentaire
Dans les arcanes du laboratoire expérimental de Veik
Il y a toujours une forme de fascination envers le processus créatif d’un artiste. Un questionnement permanent quant à ses sources d’inspiration, son cadre de travail ou ses modalités de création. Nous ne connaissons finalement la plupart du temps que le projet final, la face visible de l’iceberg. A Caen, le trio Veik a choisi de présenter les choses à l’envers. En amont d’une nouvelle production à venir, ils ont collaboré à la fois avec l’artiste sonore et plasticien Thibault Jehanne, et le vidéaste et photographe Mathieu Lion. Le résultat est un documentaire de 33 minutes (à visionner ci-dessous) en forme de plongée immersive dans leur travail collectif, d’où émerge à la fois la captation de son, la création de pédales d’effets, et leur utilisation dans la composition de nouveaux titres.
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Catégories chronique nouveauté
Pop Crimes, Gathered Together (Howlin’ Banana, Safe In The Rain, Les Disques Du Paradis)
Évidemment, c’est une histoire qui n’est plus vraiment la mienne. D’autres – plus jeunes, plus proches du cœur de l’action ou plus directement concernés par les rencontres qui ont permis l’émergence du groupe – se sont déjà chargé de l’évoquer. Depuis les premiers tâtonnements, il y a déjà plus de trois ans jusqu’à la sortie très attendue de ce premier album en passant par la publication de quelques titres et deux Ep’s très alléchants. On y croise des noms, des lieux et même quelques visages familiers des heureux témoins de la vitalité réjouissante de la scène indie-pop – à Paris, mais pas seulement. Eggs, En Attendant Ana, Special Friend ou le Supersonic et l’International à Paris : les destins ont fini par s’entremêler au fil des concerts communs, des départs et des amitiés reconfigurées entre Romain Meaulard, Nicolas Pommé, Morgane Poulain et Quentin Marquès. Continuer la lecture de « Pop Crimes, Gathered Together (Howlin’ Banana, Safe In The Rain, Les Disques Du Paradis) »
Catégories borne d'écoute
Un Jeanines par jour éloigne le docteur pour toujours
On aurait pu imaginer que New York, ville-monde, ville-monstre qui a vu naître tant de groupes depuis des décennies, finirait un jour par ne plus être féconde. Ce moment est pourtant bien loin d’être arrivé. Et les fans de pop ne s’attendaient certainement pas à voir apparaître au cœur de la Big Apple de très bons groupes à tendance twee, comme Ribbon Stage ou Jeanines. D’ailleurs, le virus twee n’a pas non plus épargné le reste du pays, comme en témoigne la musique des Californiens de Cindy – dont le dernier LP Why Not Now est un petit bijou –, ou encore celle de The Umbrellas, eux aussi réminiscents de ce genre musical qui a fait florès dans les glorieuses années 1980 au Royaume-Uni, avec The Pastels et autres Talulah Gosh. La twee est donc bien vivante outre-Atlantique. Continuer la lecture de « Un Jeanines par jour éloigne le docteur pour toujours »
Catégories hommage
Taï-Luc, soldat perdu du punk français
Taï-Luc vient de nous quitter. Il était le chanteur charismatique de La Souris Déglinguée. LSD, un groupe légendaire, mythologique, de punk-rockabilly-ska-funk qui a poussé sur le pavé parisien de la fin des années 1970. Il n’a jamais connu ni la gloire médiatique ni l’honneur des disques d’Or. Mais l’aventure de LSD tient autant à son public, à ses « fans », sa « Raya » si vaste que s’y côtoyaient des profils a priori inconciliables (skin natios et gauchistes de toute chapelle), qu’à l’indiscutable (aucun débat autorisé, car aimer LSD c’est parfois marier le paradoxe de l’intelligence et de la mauvaise foi) qualité musicale et du propos (ils furent nos Jam, nos Ramones et nos Madness, tout en un, faute de véritable concurrence). Continuer la lecture de « Taï-Luc, soldat perdu du punk français »