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David Byrne, Qu’est-ce que la musique ? (Philharmonie de Paris)

David Byrne, Qu'est-ce que la musique ?La figure du musicien-théoricien a toujours été singulière dans le domaine des musiques populaires : de Brian Eno à David Grubbs ou David Toop, elle a le plus souvent concerné ce lieu plutôt marginal qui a assumé un certain dialogue avec les musiques expérimentales et autres gestes avant-gardistes. Tout se passant comme si l’impératif de réflexivité ne pouvait concerner que cette figure du créateur fréquentant le bord le plus « savant » des pratiques musicales contemporaines : Eno, dans la préface qu’il consacre au classique Experimental Music de Michael Nyman, parle en effet d’une « musique hautement intellectuelle », d’une « expérience spirituelle qui, dans les faits, était un terrain où nous pouvions exercer, mettre des propositions philosophiques en pratique ou nous approprier des procédés fascinants et ludiques. » (p. 10.) L’élaboration de concepts, la mise en œuvre d’hypothèses théoriques, allant ici de pair avec cet archétype de l’artiste chercheur et inventeur de formes. Et à ce titre, la figure de David Byrne ne nous semble pas déroger à la règle. Continuer la lecture de « David Byrne, Qu’est-ce que la musique ? (Philharmonie de Paris) »

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David Pajo, 1968 (Drag City, 2006)

David Pajo, 1968Pourquoi lui plutôt qu’un autre ? Peut-être pour les quelques souvenirs qu’il m’avait laissés ou bien parce que ce soir, je n’(en) attendais pas grand-chose si ce n’est des moments de beauté qui viendraient se glisser entre les silences. Pourquoi l’avoir acheté à l’époque d’ailleurs ? Sûrement la pochette et les quelques histoires que j’avais lu sur lui. Ou peut-être ces mots lus récemment – « ….simplicité qui donne de la profondeur. » – ces mots qui m’ont fait penser à Bark PsychosisHex (1994)- , SlintSpiderland (1991)-, puis qui m’ont donné envie de. Tout ça, ce ne sont que des questions qui ne méritent pas de réponses. Continuer la lecture de « David Pajo, 1968 (Drag City, 2006) »

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Papivole #9, Mon histoire avec la presse musicale, 1978-2018 : Emmanuelle Debaussart et Best

Emmaunelle Debaussart / Photo : Richard Bellia
Emmaunelle Debaussart / Photo : Richard Bellia

Dans les années 80, mon grand frère, Eric, conservait dans sa chambre tous les périodiques, achetés par mon père, mois après mois. Il y avait des piles de magazines pour adultes (et adolescents) sur ses étagères : de la bande-dessinée (beaucoup : (À suivre), Métal Hurlant, Pilote, Charlie Mensuel, Fluide Glacial…), de la photo (Photo, La revue de la photo), des trucs érotiques (Lui surtout, quelques Absolu) et de la musique évidemment : Rock’n’Folk depuis la fin des années 70 et son grand rival, Best. Pour la presse musicale, il y avait un rituel destructeur, chaque fin d’année. Afin de gagner de la place (nous vivions dans un appartement à la surface limitée, déjà mangée par les milliers de livres de mon père), mon frère entreprenait de ne conserver que les pages qui l’intéressaient et il entamait chaque mois de décembre un grand découpage, arrachage, déchirage des revues « rock ». Continuer la lecture de « Papivole #9, Mon histoire avec la presse musicale, 1978-2018 : Emmanuelle Debaussart et Best »

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Moon Duo : Révolution disco

Sanae Yamada Ripley Johnson Moon Duo
Sanae Yamada et Ripley Johnson, Moon Duo

Deux ans après le remarquable Occult Architecture, diptyque aussi fascinant que bizarrement clivant, Sanae Yamada et Ripley Johnson, les deux cerveaux de Moon Duo, reviennent aujourd’hui avec Stars Are the Light, un sixième album très réussi qui, tout en faisant tourner les boules à facettes d’une disco universelle largement fantasmée, élargit spectaculairement le champ du nouveau rock psychédélique que le duo façonne patiemment depuis 2010. Pour cela, Moon Duo a choisi de prendre un surprenant virage électro-pop, délaissant d’un coup les références appuyées à Suicide et Spacemen 3 pour mieux se rapprocher de sonorités discoïdes qui tranchent singulièrement avec tout ce que le groupe a pu produire jusque-là. Continuer la lecture de « Moon Duo : Révolution disco »

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I Love You (Miss Robot) – The Buggles

17 secondes qui ont changé ma vie

« Ex Machina » d’Alex Garland (2014) / Photo : UPI

Il avait hésité. C’est ce qu’était encore la vie de mon père, à 40 ans : une hésitation. C’était avant le chômage, et la certitude d’avoir définitivement perdu. Il avait hésité puis laissé sa main choisir : ce ne serait pas le disque de Madness qu’il ramènerait à la maison, également sur les rayonnages du supermarché où il avait fait halte en quittant le bureau, mais The Age of Plastic, le premier album d’un duo britannique, The Buggles, dont le premier single Video Killed The Radio Star allait bientôt faire pivoter l’axe de rotation de la Terre, et dont la pochette graphique semblait tendre des passerelles de fils colorés vers ses Rotring et sa planche à dessin, ses outils d’ouvrier. Continuer la lecture de « I Love You (Miss Robot) – The Buggles »

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Selectorama : Stephen Duffy

Stephen Duffy
Stephen Duffy et son petit gilet léopard Paul Smith en 1985 / Photo : Chris Duffy

Cet été, tandis que BMG annonçait la venue d’un nouvel album de The Lilac Time (Return To Us, sorti il y a un mois à peine), je me suis replongé comme tous les deux ou trois ans dans la discographie éclatée de Stephen Duffy, songwriter britannique à l’ancienne, un peu perdu dans le monde contemporain. C’est pourtant en s’accrochant à la modernité pop synthétique qu’il toucha du doigt le succès que beau nombre de ses contemporains n’ont fait que fantasmer au final. Sans doute pour mieux retourner à un terroir qu’il fantasmait à son tour (mais pas tant que ça, héritage familial, tout ça) : instruments acoustiques, maison perdue dans la campagne, veste de tweed et Clarks aux pieds… C’est ensuite en yo-yo qu’il bâtit sa carrière, entre voyages initiatiques aux États-Unis ou contrat d’homme de l’ombre pour chanteur à succès (Robbie Williams) pour toujours revenir à sa famille originelle, près de son frère Nick Duffy, fondateur des Lilac Time. Continuer la lecture de « Selectorama : Stephen Duffy »

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Guerilla Toss, What Would The Odd Do? (NNA Tapes)

Pochette de Guerilla Toss, What Would The Odd Do?Une décennie que Guerilla Toss se démène dans son coin, ne sachant jamais tout à fait où mettre le curseur entre noise rock mal fagoté et art pop cinglé. Recruté chez DFA en 2015 où il a déjà signé une poignée d’albums, le groupe américain est exceptionnellement de retour sur son label originel NNA Tapes pour un EP cinq titres aux allures de nouvelle réinvention. La porte d’entrée idéale pour ceux qui avaient raté les chapitres précédents. Et il faut dire que What Would The Odd Do? donne terriblement envie de (re)faire connaissance avec le quintet, celui-ci balançant coup sur coup une série de missiles dance-punk irrésistibles et farfelus. Continuer la lecture de « Guerilla Toss, What Would The Odd Do? (NNA Tapes) »

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Pastel Coast, Hovercraft (autoproduit)

Pastel Coast, HovercraftAprès un EP et un single , voici enfin le premier album de Pastel Coast. La pochette d’Hovercraft fait immanquablement penser à celle d’Atlas de Real Estate. La ressemblance n’est pas que visuelle : incontestablement, le groupe français partage avec ses camarades américains un certain panache pour la pop à guitares lumineuse et cristalline. Le vent marin, le sable immaculé de la Côte d’Opale imprègnent les chansons et celles-ci nous parviennent en une succession de vagues ondulantes. Continuer la lecture de « Pastel Coast, Hovercraft (autoproduit) »