En 2018, l’anglais Duke Garwood publia en avec son complice Mark Lanegan l’album With Animals via Heavenly Recordings. Aussi sombre que la poix, ce disque eut le mérite d’illuminer nos soirées d’hiver et surtout d’éclairer la carrière de Garwood, musicien londonien proche des Archie Bronson Outfit. Un type bien donc. Depuis la sortie de ce disque, Mark Lanegan a cassé sa pipe, non pas à cause de ses errements passés, mais à cause de la pandémie de Covid 19. Du fléau, il en est question dans ce disque car il fut enregistré par Garwood lors du confinement de 2020 avec le batteur Paul May (déjà présent sur les disques de la période Heavenly Recordings). Rogues Gospel quitte les atmosphères sombres dessinées par la route commune tracée avec feu Mark Lanegan. Garwood repart à l’assaut de ses obsessions sonores, à savoir ces mélopées shamaniques qui avaient séduit un certain James Nicholls alors tout jeune patron du label Fire Records. Continuer la lecture de « Duke Garwood, Rogues Gospel (God Unknown Records) »
Catégories mardi oldie
Tia Blake And Her Folk Group, Folksongs & Ballads (Ici Bientôt / Kuroneko)
C’est à la fois une réédition et une épiphanie. Des chansons très anciennes enregistrées il y a cinquante ans par une femme très jeune. Un disque sans âge qui semble avoir traversé les décennies quasiment intact, tel une momie miraculeusement préservée dans les bandelettes de la confidentialité. Un point de croisement et de convergences aussi. Entre de petites histoires intimes – la rencontre amoureuse et artistique, à Paris, entre une novice américaine et un chanteur folk sicilien, disquaire à ses heures pas si perdues – et des aspirations collectives – celles que portent de jeunes musiciens français qui cherchent à prolonger les impulsions politiques de l’époque dans l’exploration des formes musicales traditionnelles. Les musiques des peuples leur apparaissent comme une alternative cohérente avec leurs idées et, parfois leurs engagements. Continuer la lecture de « Tia Blake And Her Folk Group, Folksongs & Ballads (Ici Bientôt / Kuroneko) »
Catégories avant-première
Avant-première : Postillons* de Clara Le Meur en vidéo !
Clara Le Meur aime les fins d’année : alors qu’on avait remarqué sa cassette Hier à la plage sortie en catimini fin décembre de l’année dernière, la voilà qui ressurgit du diable vauvert (plus précisément du Mexique où elle s’est établie pour une résidence) avec une vidéo de sa chanson parfaite Postillons*, tirée de cette même cassette. On a vu dans cette pop une image un peu grise fluo, comme le tableau précis d’une errance dans l’univers synthétique des jeunes générations, balayées par le blues confinement, COVID, climat, tout ça. La vidéo donne le parfait contrepoint à cette musique de chambre (dans sa littéralité) en s’offrant un bon bol d’air. Comme celui que prennent les deux héroïnes de la vidéo en balade en forêt. Tiens, ça donne envie de poser son clavier et d’aller faire un petit tour dans les Vosges… Fin d’année en fanfare, car Clara revient aussi avec une compilation à rallonge où elle a invité la fine fleur des nuages numériques à réinterpréter les merveilleuses chansons de sa cassette !
Catégories chronique nouveauté
Collectif, Beatriz MMXXI (Le Paradoxe du singe savant)
A chantar m’er de so qu’eu no volria
Je chante ce que je préfèrerais taire
Tout commence par une statue.
Aucune statue n’est anodine, on le sait depuis longtemps, on le sait aussi depuis Bronze de Bertrand Belin, une chanson pas anodine sur la vanité de qui érige.
Sur la place de l’Évêché de Die, plus souvent appelée par les habitants “place de la Comtesse”, se trouve un buste à l’origine de ce nom d’usage, érigé par des occitanistes du XIXe siècle. Il représente Beatriz, comtesse de Die.
Il est facile, comme partout, de passer à côté, et c’est ce que longtemps peut-être Kate Fletcher, résidente du pays diois qui a notamment publié le formidable Theories of Entanglement l’an passé, a fait : passer à côté, jusqu’à ce que Sofia Neves attire son œil et/ou son oreille sur la comtesse. C’était en 2015. Continuer la lecture de « Collectif, Beatriz MMXXI (Le Paradoxe du singe savant) »
Catégories playlist
LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE NOVEMBRE 2022
Alors qu’on s’approche à grands pas de la fin de l’année et de ses inévitables classements de meilleurs albums, voici encore une fois cet espace de liberté qui nous autorise à vous proposer de manière totalement subjective et indépendante, une poignée de coups de cœur pour vos oreilles. Un petit voyage mondial dans la pop moderne toujours aussi créatif et enthousiasmant. Une heure et demie de changement de rythme dans cette vie effrénée.
Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer, Spotify ou en version mixée sur Mixcloud. Et aussi, sur agnès b. radio.
NDLR : Les playlists Deezer, Spotify et Youtube ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.
Continuer la lecture de « LA PLAYLIST DES NOUVEAUTÉS DE NOVEMBRE 2022 »
Catégories interview
Pole – Le temps distordu
Figure tutélaire du genre dubtronica, Pole vient présenter son LP « Tempus » au Festival BBMix ce week-end.

Tempus (Mute records), nouvel album de l’allemand Stefan Betke et de son projet principal Pole, creuse un sillon inauguré il y a plus d’une vingtaine d’années avec sa fameuse trilogie Pole 1, 2 et 3. Une dubtronica abstraite et froide, conceptuelle et expérimentale, qui est assurément l’une des aventures esthétiques les plus passionnantes de la scène électronique allemande contemporaine. Nous avons pu rencontrer Stefan Betke à l’occasion de son passage au festival BBMix le 26 novembre, et évoquer avec lui une œuvre aussi fascinante qu’indispensable. Continuer la lecture de « Pole – Le temps distordu »
Catégories festivals, séries
Fred Frith et moi
Le guitariste anglais avant-gardiste vu par ceux qui l’aiment, juste avant sa venue au BBMix ce week-end.
Fred Frith, guitariste anglais aux multiples casquettes peut se targuer d’être le fondateur du RIO (Rock in Opposition), créant le lien artistique entre John Cage et Frank Zappa. Résumer sa carrière en quelques lignes est tout bonnement impossible tant Fred Frith a passé les quarante-cinq dernières années à sans cesse ouvrir des portes à de nouveaux sons et à de nouvelles pratiques. Pour sa venue le dimanche 27 novembre au carré Bellefeuille, les équipes du festival BBMix ont demandé à une série d’artistes de dresser un court portrait de Fred Frith via leur morceau préféré. (Texte : BBMix) Continuer la lecture de « Fred Frith et moi »
Catégories Chronique en léger différé
Michael Rault, id. (Wick Records)
Wick est un label rare. Succursale rock de la célèbre maison de disques soul/funk Daptone, elle développe un catalogue quantitativement raisonnable et de qualité depuis 2015, alternants albums et singles en 45 tours. Wick ne compte ainsi qu’une poignée de signatures parmi lesquels les excellents Ar-Kaics, Mystery Lights , Jay Vons et notre homme du jour Michael Rault. Tous ont en commun une approche vintage et organique, sans tomber dans l’excès de zèle rétro et pastiche. Michael Rault, trentenaire canadien, désormais californien, publie régulièrement des disques depuis la fin des années 2000. Sa carrière a pris un tournant en 2018 avec l’excellent It’s A New Day Tonight, son premier album pour Wick. Il y explorait le glam et la powerpop seventies avec un sens aiguisé de la mélodie. Continuer la lecture de « Michael Rault, id. (Wick Records) »