Climats #40 : Yo La Tengo, Nicolas Comment

Paris la nuit vue du ciel par la Nasa
Paris la nuit vue du ciel par la Nasa

Edith Piaf reprise en rocksteady, ce serait la promesse du retour du soleil ? Et la musique de Jonathan Richman protège-t-elle de la grêle ?

Climats met en avant disques et livres selon les aléas de la météo.

Vestiges estivales

C’est toujours comme ça, on voudrait que cette chanson nous raconte autre chose, soit la source d’autres impressions. Mais non, cette mélodie-là insiste, elle est têtue. On peut boire notre café tiède, piocher une autre Dunhill, ouvrir grand la fenêtre qui donne sur le givre ambiant – Yo La Tengo nous amènera toujours dans une autre réalité. Aselestine ne déroge pas à cette règle. Immédiatement, la voix de Georgia Hubley nous raconte ce que l’on avait oublié. Elle a, dans le timbre de sa voix, cette note bleue qui fait ressurgir ce qui ne veut décidément pas s’effacer en nous. Oui, cette mélodie est têtue et nous voilà reparti pour une autre tournée de café, une autre Dunhill. Yo La Tengo provoque le rituel, petite pierre posée sur une date importante et autre pensée magique. Ce groupe résiste au temps, continue ses ritournelles – vaille que vaille. Je crois que leur constance est un refuge. Et puis cette fraîcheur à dénicher les premiers standards du rock and roll, ce désir renouvelé de jouer de la pop. Leur façon de se réapproprier le Andalucia de John Cale (in Paris 1919, 1973 – ndlr), en faire un petit moment fragile vers lequel on reviendra souvent. Grâce à eux, on n’oublie pas nos années d’amateur de musique indé, nos exigences et nos tables de la loi. Yo La Tengo est une boîte de Pandore adorable où rien de mauvais ne sort lorsqu’on l’ouvre. Elle nous fait rencontrer, seulement, ce que l’on a été.

Les nuits de Paris

Nicolas Comment possède sa propre boîte de Pandore. Celle-ci recèle l’ombre et la lumière. Diariste élégant, dandy collectionnant les fragments de nuit, Comment se souvient. Il y a quelques années, il avait publié un Tanger brumeux – on retrouve dans Chronique du temps qui passe cette manière d’appréhender les personnes ou les lieux : une manière brumeuse, volatile… Pas d’aspect définitif ni de sentences dans les portraits qui suivent. On pourrait dire qu’il s’agit de portrait sans modèle. Mais les rencontres ont bien été là. Les fins de nuits avec Christophe, ce petit gabarit si souple et dansant comme un serpent lorsqu’il s’agissait de s’asseoir sur une chaise. La musique écoutée à l’aube et les fonds de Ruinart pour accompagner certaines épiphanies. Nicolas Comment partage sa vie entre des femmes sublimes et les rendez-vous avec des ainés qui ont mille vies à raconter. Des heures passées en équilibriste. Ce recueil est un hommage à une vie de bohème qui a pu faire rêver les jeunes gens. Ces rêves semblent se dissoudre lentement… comme le temps passe.


This Stupid World par Yo La Tengo sortira le 10 février chez Matador / Beggars France
Chronique du temps qui passe par Nicolas Comment est disponible chez Mediapop / Chic Medias

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