
Et pourquoi donc une playlist suédoise ? Je n’ai jamais mis les pieds en Suède, je ne parle pas le suédois – mais il n’est jamais trop tard pour s’y mettre parce qu’une langue qui abuse des trémas et des petits ronds au-dessus de la lettre A est forcément attractive. Je me suis intéressée à la scène suédoise grâce à Reno, taulier chez Badseeds Recordshop et Music From the Masses à l’époque où il co-dirigeait le petit mais excellent label défricheur Beko. Et au hasard des rencontres Facebook, j’avais échangé avec les Suédois de Luxury Records – je me souviens d’un deal parfait, je leur avais fait quelques badges et ils m’avaient envoyé leurs dernières sorties. Et puis il y a eu mon amour définitif pour The Radio Dept., qui m’a aussi donné envie de creuser un peu plus et d’aller piocher dans des labels comme Sincerely Yours, Hybris ou Labrador. Voilà donc une playlist 100% suédoise, bien pop et totalement subjective. Je n’ai pas ajouté Abba (trop facile) mais rien ne vous empêche de mettre Waterloo à fond dans votre salon et de danser comme des petits fous. Continuer la lecture de « Le club du samedi soir #52 : Knäckebröd, Surströmming & Aquavit »





Ce n’est pas tous les jours qu’on se reconnecte à soi au détour d’un disque. Même si l’on a pris l’habitude de vivre avec les versions successives de soi-même, la superposition reste, la plupart du temps, un peu cloisonnée. Comme pour tout le monde, l’adolescence a façonné nos goûts de façon déterminante mais trop de choses ont changé pour que la continuité demeure autrement que sous la forme résiduelle de la nostalgie attendrie. Réécouter les albums qui ont nourri ces premières passions, procure généralement la même impression que la contemplation des photos d’enfance : les traits sont les mêmes, bien sûr, mais le temps a laissé des traces et de l’usure, y compris dans ces chansons favorites que l’on aurait aimé préserver pour toujours. On peut les retrouver, les apprécier parfois, mais combien de fois avec une fraction significative de l’enthousiasme initiale, sincèrement ? Le souvenir des premières découvertes est quasiment devenu plus précieux que le support musical lui-même, dont la fréquentation s’avère même cruelle, de temps en temps. Et quand quelques jalons se révèlent, en apparence, inaltérables, c’est qu’ils sont devenus, au fils des ans, les compagnons et les support d’interprétations nouvelles et différentes : ce sont les mêmes œuvres, évidemment, mais dont le temps a transformé l’écoute et le sens que l’on en retire, rendant la continuité largement illusoire. 