Le premier contact avec ce disque est une phrase. “Ça devrait te plaire”, m’avait prévenu mon ami Nicolas P. en me tendant le CD – et quand je repense à cet emploi du conditionnel, je ne peux m’empêcher de sourire. Je me souviens bien de ces mots-là, et pourtant, je ne me souviens pas de la période, ni de l’année exacte – mais c’est bien sûr 1999, il suffit aujourd’hui parfois d’un clic pour étayer sa mémoire. Et puis, je me souviens aussi du lieu, les bureaux de la RPM du boulevard Ménilmontant, ceux d’un septennat qui aura vu l’arrivée de la couleur, du rythme mensuel, des piges enfin payées et des salaires au lance-pierre, l’époque de l’âge de la déraison où l’avenir semblait appartenir à ceux qui se couchaient (plutôt) tard.
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Catégories chronique nouveauté
Frøkedal & Familien, Flora (Autoproduit)

On avait déjà évoqué en ces pages – virtuelles, certes, mais pages tout de même – le talent d’Anne-Lise Frøkedal à l’occasion de la publication de l’avant-dernier album d’I Was A King – Slow Century (2019) – l’un des groupes auxquels elle continue de contribuer tout en construisant depuis 2016 un parcours plus personnel. Troisième étape de cette carrière solo, Flora confirme les dons singuliers d’auteur et d’interprète de la Norvégienne. Les poncifs de l’écriture pop associent fréquemment les femmes qui chantent – a fortiori, quand elles évoquent des images naturalistes, comme c’est souvent le cas sur Flora, et en particulier sur Set Your Spirit Free, jolie protest-popsong aux échos écolos – à des figures imaginaires confortablement balisées : les fées des bois souvent, les sorcières parfois. Continuer la lecture de « Frøkedal & Familien, Flora (Autoproduit) »
Catégories sunday archive
Bonnie « Prince » Billy : les années Palace

A l’heure (du loup) où Will Oldham se réacoquine avec son compère Matt Sweeney sous le nom de Superwolves, nous avons remis la main sur cette interview d’avril 2004, où il évoque ses années Palace.
En choisissant de réenregistrer des chansons de ses diverses incarnations Palace (Brothers, Songs, Music), sélectionnées par le vote des internautes sur le site du label américain Drag City, Will Oldham est parvenu à revisiter de manière sobre et cohérente les différentes pièces d’un palais où régnait souvent l’intranquillité. Soucieux du moindre détail, il revient sur les lieux d’un des plus imposants édifices de la musique américaine contemporaine, ce Greatest Palace Music en forme de best of fantasmé.
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Catégories playlist
LA PLAYLIST DES NOUVEAUTES DE JUIN 2021
Nous sommes à deux doigts de l’été, et pourtant, on se fait toujours rincer comme des bigoudènes dépressives en octobre. Peu importe, la production musicale rayonne et scintille, comme le prouve cette chaleureuse fournée de nouveautés. La Pop J Pop des Tapeworms, les girls band excitées Chai et The Linda Lindas, le retour de nos aussies d’amour Goon Sax, un duo russe glaçant comme une vodka on the rocks, quelques amours de toujours (Damien Jurado, Gruff Rhys)… N’hésitez pas, appuyez sur play et laissez-vous embarquer vers le soleil. (TS)
Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer ou Spotify et petite nouveauté, en version mixée sur Mixcloud. Et aussi, sur agnès b. radio.
NDLR : Les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.
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Catégories affichage libre
L’immensité – Rebecca Elson, Rose Melberg & Tony Molina, Jacques Rivette
Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine

Attendre la pluie pour finalement recevoir le soleil. Changer le chagrin en un talisman lumineux, jamais fané de gaieté. Il y a toujours dans l’immensité du ciel de Bretagne, ce basculement et ce vertige. Sur le chemin bordé d’ajoncs, il y a du mauve et du jaune crus à la André Derain ; ailleurs, c’est le gris et le brun salé de Vilhelm Hammershøi. Je me languis de voir tes jambes nues et tes cheveux bouclés se fondre dans le coloris d’un sable tendre. Pas loin, les roches roses de Primel livreront leur couleur à des embruns noircis de pluie retenue. Viennent les premiers bains sous les grappes d’étoiles. Ce désir de voir un détail caresser l’idée d’un infini, c’est peut-être l’impulsion première de la poésie. Continuer la lecture de « L’immensité – Rebecca Elson, Rose Melberg & Tony Molina, Jacques Rivette »
Catégories selectorama
Selectorama : Nine Antico

De petits boulots en coups de cœur souvent illusoires, Sophie (Sara Forestier), la presque trentaine, erre dans un Paris en noir et blanc filmé par Nine Antico, qu’on connaissait avant tout par son coup de crayon générationnel bien senti (Girls Don’t Cry, Le Goût du paradis, Coney Island Baby, entre autres). Comme dans ses BD à l’humour bittersweet, elle émaille ça et là son film de références musicales comme de petites pierres blanches qui nous ont immédiatement parlé. Jugez plutôt : Daniel Johnston, Electrelane, Yo La Tengo et trois morceaux de Lispector, dont on vous a souvent parlé ça et là sont dans la BO, Bertrand Belin, Lescop et Berroyer dans le casting. Frais et piquant, Playlist s’éloigne vite d’une colorimétrie de posture pour un cadre graphique parfaitement saisi, et de la promesse de romcom vendue sur l’affiche vers un portrait de fille dans la tourmente d’une vie pas toujours facile, mais terriblement touchant et drôle. On a évidemment eu très envie de lui demander de nous détailler un peu ses choix musicaux entre trois coups de fil et deux e-mails en cette période effrénée de sortie de son film en salles. Continuer la lecture de « Selectorama : Nine Antico »
Catégories chronique nouveauté
Ryley Walker, Course in Fable + Ryley Walker & Kikagaku Moyo, Deep Fried Grandeur (Husky Pants)
Depuis 2014, Ryley Walker construit une œuvre étonnamment clivée avec, d’un côté, des albums solos souvent très intéressants, façonnés par le désir de réinventer, ou de réactualiser un héritage musical parfois un brin envahissant (John Fahey, Van Morrison, John Martyn, Tim Buckley, etc), et de l’autre, des albums instrumentaux, enregistrés en collaboration (avec Bill McKay ou Charles Rumback, principalement) et ouvrant sur des terrains plus expérimentaux où se mêlent jazz, acid folk et rock progressif. Continuer la lecture de « Ryley Walker, Course in Fable + Ryley Walker & Kikagaku Moyo, Deep Fried Grandeur (Husky Pants) »
Catégories borne d'écoute
Exclu Clip : Pop Crimes, Up To The Moon + There Were Smiles (Howlin Banana / Safe In The Rain)

Il y a quelques mois, le quatuor francilien Pop Crimes nous offrait une petite session filmée en studio qui témoignait de l’énergie tendue et de la justesse de ses compositions. Et comme nous aimons suivre ceux qu’on aime surtout en ces temps compliqués, les revoici avec une ballade absolument désarmante du genre à réchauffer les cœurs et à nous envoyer dans l’espace, Up To The Moon, mise en clip par Gaspard Rolland, à retrouver des vendredi 4 juin sur un 45 tours co-publié par les labels Howlin Banana et Safe In The Rain. Enregistré par leurs bons soins cet hiver dans le studio où Romain travaille – au micro cette fois, quand ce n’est pas Nicolas -, il a été masterisé par Etienne Colin, qui a entre autres déjà travaillé sur les disques de Volage ou Buvette. Sur l’autre face tout aussi temporairement assagie, There were smiles qu’il faudra par contre attendre jusqu’à vendredi pour écouter, mais n’en doutez pas, le jeu en vaut clairement la chandelle.