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Hicks & Figuri, Sayonara Muchacho (Herzfeld)

Hicks & Figuri

« There’s nothing wrong about you
The blues is always right
There’s nothing else you can do
When the blues run wild
Falling in love
Makes the blues run wild »

On pourrait avec un plaisir d’archéologue patenté s’amuser à dresser la liste longue comme dix bras des apparitions de Pierre Walter ces vingt dernières années, depuis son apparition publique sous le nom de Spide pour le label Vergo jusqu’à son deuxième album pour Herzfeld par l’intermédiaire de son alias Hicks & Figuri (j’évoquais déjà le précédent LP, Navaja dans ces colonnes). On le fera sans doute un jour, rien ne presse, et Discogs prendra sa fessée, on vous le promet : projet mystérieux, inconnus, non aboutis, parus en micro quantité sur des micro labels, caché dans des groupes derrière d’autres musiciens, on ne peut pas dire que l’auteur-compositeur-interprète se soit un jour économisé. On peut même dire qu’il joue avec le feu, qu’il arrive même qu’il se brûle sur les flammes de sa production massive de chansons miniatures, toujours à peu près les mêmes, qu’il tisse la journée, pour les défaire la nuit venue, et les remettre sur l’ouvrage le lendemain, telle Pénélope attendant son Ulysse, sous la forme de plus en plus parfaite de LA chanson. Continuer la lecture de « Hicks & Figuri, Sayonara Muchacho (Herzfeld) »

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Neutrals, Kebab Disco (Emotional Response)

Kebab Disco NEUTRALSAprès avoir sorti à l’arrache plusieurs cassettes, les Neutrals avaient fait presser en 2019 un excellent LP au titre des plus loufoques  : Kebab Disco. Victime de son succès, le disque attendait d’être réédité et c’est leur label Emotional Response Records qui a eu la bonne idée de le ressortir en version vinyle orange limitée à 100 exemplaires. On me dira qu’au vu des frais de ports prohibitifs pour l’acheminer vers la France, personne ne l’achètera, mais cette réédition sera une bonne occasion, pour ceux qui seraient passés à côté, de découvrir ce groupe californien.

Neutrals, c’est Allan McNaughton à la guitare et au chant, Phil Benson à la basse et aux choeurs et Phil Lantz à la batterie, trois quadras établis dans la région de San Francisco, qui prolongent allégrement l’adolescence en s’adonnant à une garage pop dans la veine de The Jam, des Undertones et des meilleures groupes de power-pop des années 80. Continuer la lecture de « Neutrals, Kebab Disco (Emotional Response) »

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Cassandra Jenkins, An Overview on Phenomenal Nature (Ba Da Bing)

An Overview on Phenomenal Nature Cassandra JenkinsAll I can do is offer up my own anecdotal evidence.
Alison Bechdel, The Secret to Superhuman Strength

Ça n’a pas fait un pli, ni deux, ni pléthore : quand j’ai écouté pour la première fois, de nombreux mois après sa sortie, An Overview on Phenomenal Nature, le titre y était pour beaucoup, ambiance empirique, phénoménologique, et je me suis pris à rêver – durant les rares secondes avant le premier clic, avant la première écoute – du compte rendu d’une epoche musicale, sans bien savoir précisément où ça pourrait mener, et donc précisément attiré par cette imprécision.

La destination est le chemin, lit-on un peu partout, à raison. Qui vous fait, et vous défait, lit-on aussi, raisonnablement. Ainsi, dès la première écoute du deuxième album de Cassandra Jenkins, a-t-on été fait, et défait, et de nouveau, et ainsi de suite, par le chemin infini de la projection de ce titre. Continuer la lecture de « Cassandra Jenkins, An Overview on Phenomenal Nature (Ba Da Bing) »

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LA PLAYLIST BEST OF 2021

Pour clôturer ces festivités et l’année désormais écoulée, nous avons remplacé durant la trêve des confiseurs de décembre notre playlist de nouveautés mensuelle par un best of de l’année. Un dernier coup d’oeil dans le rétroviseur, passons à la suite sans trop se retourner et regardons devant nous, comme depuis un certain temps, au jour le jour. On fonce et on verra après. Très belle année de la part de toute l’équipe de Section26.

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer ou Spotify et en version mixée sur Mixcloud. Et aussi, sur agnès b. radio.

NDLR : Les playlists ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.

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A Certain Ratio : « Découvrir New York a changé nos vies »

A Certain Ratio
A Certain Ratio

Lorsqu’un groupe que l’on respecte publie un album de remixes, ça sent généralement le sapin. Dans le cas précis d’A Certain Ratio, on parlerait plutôt d’un sapin de Noël. Si, sur la longueur de leur carrière, les mancuniens se sont plutôt montrés réfractaires à cet exercice, préférant avec la générosité qui les caractérise publier des inédits sur leurs EPs, on ne peut que les féliciter de ce changement d’avis. Malgré la diversité des remixes, on sent à l’écoute de Loco Remescalada que l’on reste dans l’univers du groupe. Comme si, de The Lounge Society à Skream, en passant par The Orielles, chaque remixeur avait voulu rendre hommage à un groupe qu’ils respectent plus que tout.

A Certain Ratio jouera au Festival BBMix ce vendredi 24 novembre au Carré Bellefeuille à Boulogne Billancourt.

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Dean Wareham, I Have Nothing to Say to the Mayor of L.A. (Double Feature Records)

Dean Wareham

Pendant de nombreuses années, Dean Wareham a été une icône new-yorkaise. Une icône d’abord musicale : étudiant à la Dalton School de New York, il rencontre Damon Krukowski et Naomi Yang avec qui il forme, en 1987, à l’université Harvard, Galaxie 500. Quatre ans et trois chefs-d’œuvre plus tard (Today, 1998 ; On Fire, 1989 ; This is Our Music, 1990), le groupe se dissout et Wareham recrute un ex-The Feelies et un ex-The Chills pour fonder Luna, deuxième trio mythique. A partir de 2005, tout en composant pour lui-même ou aux côtés de sa femme Britta Phillips pour le duo Dean & Britta, il s’impose aussi dans le cinéma indépendant new-yorkais : des réalisateurs purement brooklyniens comme Noah Baumbach ou Greta Gerwig font appel au couple pour composer la bande originale de leurs films, et il apparaît en tant qu’acteur dans une dizaine de films et séries (y compris, entre deux réalisations pointues, un épisode de New York, police judiciaire). De quoi régulièrement oublier que depuis 2013, c’est dans la capitale-même du cinéma, Los Angeles, qu’il évolue. Son nouvel album, le troisième en solo, est là pour nous le rappeler.

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The Beau Brummels, Turn Around : The Complete Recordings, 1964-1970 (Now Sounds)

Il aura fallu près d’un mois pour commencer à digérer cette rétrospective quasi-intégrale de l’œuvre initiale de The Beau Brummels : huit volumes remplis à ras-bord – plus d’une trentaine de morceaux sur certains CD’s – qui composent un récit chronologique exhaustif – et pour partie inédit d’une petite épopée. Il y a pourtant bien des raisons valables de consacrer quelques heures d’attention au legs de ce groupe que l’on considère souvent comme secondaire. Réévaluer son importance relative, sans doute. Mais, après tout, cet aspect de la besogne a été déjà préalablement amorcé depuis que, au début du siècle, le jeu érudit des réhabilitations rétrospectives a conduit les amateurs de l’archéologie du folk-rock à panthéoniser au moins deux des albums les plus novateurs et donc remarquables du quintette de San Francisco : Triangle (1967) et Bradley’s Barn (1968). Continuer la lecture de « The Beau Brummels, Turn Around : The Complete Recordings, 1964-1970 (Now Sounds) »

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2021, les choix de la rédaction.

Visuel : Pauline Nunez

2021, année post pandémie (nous y serions, de fait, encore de plain-pied), pré-électorale avec de grosses gouttes inquiétantes qui coulent de nos tempes à nos pieds. L’angoisse molle est devenue prégnante, se carapatant tel un hérisson, mi-douceur recluse, mi-picots acérés. Il nous reste donc, et toujours et merci bien, l’improbable mais gigantesque évasion de nos disques de l’année. S’échapper, tisser un lien avec le cosmos, prendre la poudre d’escampette ? Plutôt deux fois qu’une, en effet.
De déconstructions victorieuses (Dean Blunt, incontestable, Aquaserge, enfin bouleversants) en retour inespérés (Arab Strap, Cheers mate(s) ou encore Saint Etienne, jamais aussi beaux qu’en roue libre), d’un Cap Canaveral à priori improbable mais qui fait finalement l’unanimité (Floating Points et Pharoah Sanders), c’est bien la porte des songes, de l’intime, de l’eminemment personnel qui semble remporter les suffrages, en en attendant d’autres, bien plus préoccupants. Quelques valeurs sûres jamais fiables (Low, importants mais moins que la dernière fois), toujours vertes (Mica Levi, reine du passe passe glorieux) de nouveau arrivants (Dry Cleaning, Bobby Would aussi bien sur disque qu’IRL) et des valeurs sures (Sufjan, toujours premier de la classe, salut Agnan) et au final un semblant de diversité, libre, démissionnaire (Mendelson, adieu et merci pour tout). Celle qu’on nous vendra surement au rabais dans les mois à venir (à moins de 160 boules, tkt) et ce pourquoi nous sommes là pour faire office de PASSEURs et savourer de concert (sous réserve) DE LA MUSIQUE PAS COMME LES AUTRES, pour faire un clin d’oeil à ceux qui se la coulent parfois douce à Biarritz, sachez qu’en 2022, en marge ou en direct du chaos, nous resterons, même en apesanteur et même s’il faut partir très très loin, fidèles au poste (ACR en force).

Etienne Greib

01. DEAN BLUNT, Black Metal 2 (Rough Trade)
02. FLOATING POINTS, PHAROAH SANDERS & THE LONDON SYMPHONY ORCHESTRA, Promises (Luaka Bop)
03. BOBBY WOULD, World Wide World (Saddle Creek)
04. ARAB STRAP, As Days Get Dark (Rock Action Records)
05. DRY CLEANING, New Long Leg (4AD)

06. LOW, HEY WHAT (Sub Pop)
07. MICA LEVI, Blue Alibi (autoproduit)
08. AQUASERGE, The Possibility Of A New Work For Aquaserge (Crammed Discs)
09. SUFJAN STEVENS & ANGELO DE AUGUSTINE, A Beginner’s Mind (Asthmatic Kitty Records)
10. SAINT ETIENNE, I’ve Been Trying To Tell You (Heavenly)
11. GROUPER, Shade (Kranky)
12. CHEVALREX, Providence (Vietnam)
13. LANA DEL REY, Chemtrails Over The Country Club (Polydor)
14. KINGS OF CONVENIENCE, Peace or Love (EMI)
15. L’RAIN, Fatigue (Mexican Summer)

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