Le club du samedi soir #25 : Right on tracks — une rêverie ferroviaire

Alors que les affres du doute flottaient encore il y a quelques semaines — pour les quelques centralistes urbanisés dont je suis —, maintenant nous le savons : nous reprendrons le train pour le solstice d’hiver, nous en aller revenir dans nos proches régions passer quelques jours avec ceux qui nous sont chers. Prendre le train, cette singulière invention de l’ère industrielle, c’est par le corps tout entier emprunter tout un cheminement historique et poétique, se laisser cahoter en rythme les yeux pris dans le défilement infini du paysage et partager collectivement ce moment de transport fait de destinées individuelles. Passer les gares qui ne servent plus et s’arrêter dans celles qui subsistent encore, se remémorer à chaque étape tous les trajets arpentés dans sa vie.

Quelques traces vernaculaires bâties de cette ancienne révolution de la modernité à parcourir rêveusement à travers les archives du bel Atlas des régions naturelles d’Eric Tabuchi et Nelly Monnier, peut-être y trouverez-vous votre gare de cœur à vous ? Ces points géographiques se mêlent souvent, et parfois mélancoliquement, à des histoires d’attachements personnels. Au fil des rails, le réseau matériel de liens plus abstraits qui nous retiennent ou nous libèrent, ces 26 titres mélangés pour vos oreilles comme une tentative de plongeon dans le sujet : sifflements des chefs de gare et réminiscences de vapeur, tchou-tchous et clic-clacs incarnés en musique, avec en tête la tête des premiers spectateurs de la locomotive entrant dans la gare de La Ciotat, de la modernité impressionniste de Saint-Lazare, des mystères des labyrinthes de la gare d’Anvers par le Jacques Austerlitz de W.G. Sebald, des légendes de hobos de l’outre-atlantique à la réalité terrifiante des sinistres wagons de la mort, des trains en vrac, partout et tout le temps, ceux des matins du quotidien et ceux des attentes suspendues de notre cœur…

…toujours en espérant que le voyage vous ravisse les oreilles !

Tracklist

Prélude – Mystery Train, scène inaugurale (Jim Jarmusch, 1989)

1. The Velvet Underground, Train Round The Bend (Loaded, 1970)
2. Beck, Broken train (Midnight Vultures, 1999)
3. Haruomi Hosono, Chattanooga Choo Choo (Tropical Dandy, 1975)
4. Kevin Ayers, Stop This Train (Again For Doing It) (Joy Of A Toy, 1969)
5. Paul Parrish, Morning Train (The Forest Of My Mind, 1968)
6. Kevin Morby feat. Cate Le Bon, Slow train coming (Harlem River, 2013)
7. Dionne Warwick, Trains And Boats And Planes (Here, Where There Is Love, 1966)
8. The Shangri-Las, The Train From Kansas City (Shangri-Las – 65!, 1965)
9. Kraftwerk, Trans-Europe Express (Trans-Europe Express, 1977)
10. Les Rita Mitsouko, Le petit train (Marc & Robert, 1988)

Interlude – Europa, hypnose d’introduction de Max von Sydow (Lars Van Trier, 1991)

11. David Bowie, Station To Station (Station To Station, 1976)
12. Devo, Red Eye (Duty Now For The Future, 1979)
13. The Gun Club, Black Train (Fire Of Love, 1981)
14. Epic Sountracks, Waiting For The Train (Sleeping Star, 1994)
15. Robyn Hitchcock, I Often Dream Of Trains (I Often Dream Of Trains, 1984)
16. REM, Driver 8 (Fables of the Reconstruction, 1985)
17. The Cure, Another Journey by Train (Single, 1980)
18. The Electric Prunes, Train For Tommorrow (The Electric Prunes, 1967)
19. Katerine, Gare du Nord (Les Créatures, 1999)

Interlude – La Prose du Transsibérien et la petite Jeanne de France de Blaise Cendrars lu par Richard Bohringer (BPI/Radio France, 1987) / Colleen, In The Train With No Lights (Everyone Alive Wants Answers, 2003)

20. Steve Reich / Kronos Quartet, America – Before The War (Different Trains, 1989)
21. The Pastels, Truck Train Tractor (Truckload Of Trouble, 1993)
22. Lightnin’ Hopkins, How Long Has the Train Been Gone (Single, 1965)
23. Captain Beefheart, Click Clack (The Spotlight Kid, 1972)
24. Maria Tănase, Trenule, Masina Mica (Folk Romanian Songs Vol. 2 / Recordings 1953-1957, 2009)
25. The Doobie Brothers, Long train runnin’ (The Captain And Me, 1973)
26. The Ethiopians, Engine 54 (Engine 54, 1968)