Everything is everything

Retour sur le concert épique des versaillais il y a deux jours aux Nuits de Fourvière à Lyon.

PPhoenix sur la scène des Nuits de Fourvière, le vendredi 10 juin 2022.
Phoenix sur la scène des Nuits de Fourvière, le vendredi 10 juin 2022. / Photo : Michel Valente

« Je crois que l’on sent la poésie comme la musique,
comme l’amour, ou comme l’amitié, ou toutes les choses du monde.
L’explication vient après
. »

Jorge Luis Borgès, Entretiens, Littérature I.

*

Comment expliquer, comment raconter ce que j’ai senti durant le concert de Phoenix à Fourvière ?

Les lumières se rallument, et je suis là, silencieux, à chercher les mots justes, ces mots que je cherche -je crois en apercevoir certains – dans le regard des personnes qui s’éloignent du Théâtre antique. Il est si difficile d’emballer certaines sensations avec des mots. Ce ne sont peut-être pas que des mots d’ailleurs ce qu’il y a dans ces regards. J’aperçois des chansons – je revois la foule chanter en cœur Lisztomania avec dans leurs voix, l’émotion des retrouvailles – . J’aperçois des souvenirs aussi, les miens essentiellement, dont certains sont habités par les chansons de Phoenix – avec parfois des mots qui frappent le cœur, une mélodie, souvent, qui obsède, des sons qui envoûtent – .  Je ne vivrai pas pleinement le concert, je m’en apercevrai bien plus tard. Je suis pris dans un aller – retour permanent entre le passé et le présent, comme si emporté dans un tourbillon de la vie, les souvenirs et les chansons cherchaient à se retrouver. D’ailleurs, après le concert, dans les discussions, il ne sera question que de ça, de souvenirs. Et ils sont beaux les souvenirs de Phoenix racontés par les personnes avec qui je suis. Spritz à la main, boisson pop par excellence, j’écoute, simple spectateur de cette conversation , ces souvenirs de concert – celui de la Gaîté Lyrique ayant visiblement marqué les esprits – , les rencontres de certaines personnes avec les membres du groupe. Il y a aussi l’amitié qui existe avec d’autres, belle amitié dont je serai témoin quand tous ensemble, nous irons à la rencontre du groupe – il y a des accolades, il y a des regards qui ne mentent pas -.

Ce sont toutes ces choses qui me viennent à l’esprit, le lendemain, quand dans le train du retour, seul, je prépare les chansons qui vont m’accompagner pendant le voyage. Il y a celles qui ont été jouées à Fourvière – Lisztomania, Long Distance Call, If I Ever Feel Better, Too Young, Trying To Be Cool – , celles qui comptent – Telefono, Lasso, Rally, Alphabetical, Honeymoon -, la belle oubliée – Everything Is Everything – et puis il y a Fior Di Latte, celle qui vient de me laisser une marque qui ne me quittera plus jamais.

Fior Di Latte. J’étais jusqu’alors, fasciné par la magie de ces mots, je les trouvais empreints d’une beauté inexplicable. Il y avait aussi le chant de Thomas Mars, happé à chaque fois par la manière qu’a Thomas de chanter, découper, Fior di Latte, un truc entre Otis Redding et Roger Daltrey. Mais ce soir, à Fourvière, je suis ébloui par la douceur de cette chanson, par son romantisme. Je regarde les personnes autour de moi et d’un coup, je me vois projeté dans une scène de cinéma – une scène de vie -. Je suis avec elle, au milieu de la foule. Je la regarde dans les yeux et je lui chante ces mots, Fior Di Latte. Elle sourit. J’en profite alors pour lui glisser ces mots, Ti voglio bene.

Le train part. J’écoute Fior Di Latte, je revois les téléphones allumés, je revois la scène. Je vais tout doucement m’endormir et la rejoindre dans mes rêves. Elle dort. Je me glisse sous les draps et lui glisse cette chanson dans les oreilles. Ainsi qu’un baiser sur ses lèvres.


Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *