Close Up Daniel Darc n’est pas qu’un livre de Marc Dufaud sur Daniel Darc, c’est un livre sur Daniel Darc et sur le cinéma et sur l’amitié.
En 1990, quand il a écrit le synopsis du film le Garçon Sauvage, au lendemain d’un concert au Gibus, Marc Dufaud a décidé de poser sa caméra – son regard – et de laisser la vie – celle de Daniel Darc, la sienne – se dérouler devant ses yeux. Il y aura, entre 1993 et 2004, quatre films – Le Garçon sauvage, White Trash, Les Enfants de la Blank, Rêve Coeur – puis en 2019, Pieces Of My Life, celui qui, pour reprendre l’expression de Marc Dufaud, les encapsule tous les quatre. Ces films, c’est une certaine idée du cinéma – poser sa caméra et regarder la vie – qui n’existe plus. Le cinéma aujourd’hui, à quelques exceptions près, n’est plus la vie – et la vie, quant à elle, c’est quoi ? – et c’est comme ça.
Pourquoi parler cinéma alors que nous sommes là face à un livre ? Parce que c’est un livre – pellicule avec des chapitres qui sont autant de morceaux de vie, ou des bobines de vie collées, montées comme on monterait un film. Marc Dufaud peut s’envisager comme un ajusteur, un monteur, un écrivain, les titres pourraient être nombreux, mais toujours puisés du côté de l’artisanat, du do it yourself. Aux stylos ou aux claviers, c’est une écriture qui préfère les ciseaux et les tubes de colle et qui découpe un souvenir, un morceau de vie et le transforme, ou le place, dans le texte. Marc Dufaud nous montre tout au long de ce livre, une vie qui se déroule devant lui avec Daniel Darc en acteur principal de son propre rôle. Tout s’assemble et se polymérise : l’obsession des rues, les errements, les excès, le romantisme violent, la famille Rozoum, l’appartement de la rue Cauchois, un père silencieux – Albert -, une mère aimante – Marie-Rose -, la chambre de Daniel Darc et « son bordel qui confère au génie ». Marc Dufaud réussit à ce que le lecteur rentre dans le texte, se perde avec Daniel Darc et devienne spectateur de cette vie et de ces moments de créations musicaux et cinématographiques. Close Up Daniel Darc n’est pas un livre qui raconte, c’est un livre qui montre.
