Le collectif TRUC continue son petit bonhomme de chemin dans les marges des marges, en toute discrétion, comme s’ils sortaient d’une aventure d’une série inédite de Franquin, genre des aventuriers à la Spirou et Fantasio à la recherche d’enregistrements perdus d’un gaffophone oublié. C’est ce qui nous vient en tête quand on échange avec eux à propos de ce numéro nouveau de leur série de compilations cassette. Ce coup-ci, ils se sont mis en tête de sortir une Golden Cassette, tentative humble et fauchée de donner une suite, sinon une alternative à ce disque en or envoyé par la NASA par les sondes Voyager dans les années 1970, et contenant des enregistrements sonores de notre planète. Ceux qui lisaient Pif Gadget quand ils étaient petits ont sans doute garder précieusement une petite plaque de métal doré avec un homme et une femme à poil faisant un salut poli et distant à destination de nos amis extraterrestres. Bref, TRUC a réuni des artistes du monde entier pour faire le point sur notre époque, un petit polaroid qui se développera en partie au Cirque électrique le 10 novembre à Paris. Ne manquez pas le lancer de la cassette dans le ciel, à l’aide de ballon gonflé à l’hélium, c’est tellement plus poétique que des lanceurs à carburants. Continuer la lecture de « Le collectif TRUC lance sur orbite une Golden Cassette ! »
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Teenage Fanclub : « Il n’y a jamais de moment idéal pour enregistrer un album »
Le concert parisien a été annulé, alors on est un peu triste. Eux aussi, même s’ils ont affronté la déception de manières bien différentes. Raymond McGinley est rentré à l’hôtel à l’heure des poules et s’est endormi tôt devant la télévision. Norman Blake a profité des instants de liberté nocturnes, accidentellement dérobés au planning exigeant d’une tournée européenne, pour écluser les pintes dans les bars de la capitale en compagnie du batteur Francis McDonald. Les deux arborent pourtant, de bon matin, un teint aussi frais que possible et des sourires de jeune homme. Pour ce qui nous concerne, reste donc en lot – plus que copieux – de consolation, le plaisir d’une conversation du lundi matin avec ces musiciens à la passion intacte, autour d’un album dont le titre apparaît plus que jamais comme une antiphrase. Nothing Lasts Forever, donc. Sauf Teenage Fanclub. Continuer la lecture de « Teenage Fanclub : « Il n’y a jamais de moment idéal pour enregistrer un album » »
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Buck Meek : « Jouer de la guitare est instinctif et cathartique »
On avait rencontré Buck Meek à l’occasion de la sortie de son inépuisable et pourtant discret deuxième album, Two Saviors, discret quand on l’envisage à la mesure de l’audience que Big Thief draine désormais. Si le guitariste se met dans le groupe susmentionné au service des chansons d’Adrianne Lenker, des traces de son propre songwriting, à la fois sinueux et lentement, étonnamment évident, n’ont jamais cessé d’apparaître sur les disques de la formation. La dernière en date n’étant pas la moindre, le classique instantané et signé à quatre mains Certainty, sur le non moins instantané et non moins classique Dragon New Warm Mountain I Believe in You. Continuer la lecture de « Buck Meek : « Jouer de la guitare est instinctif et cathartique » »
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Blonde Redhead : « Je me demande régulièrement si je ne déteste pas la musique »
Blonde Redhead a beau avoir eu une carrière en dents de scie, il font partie de ces groupes à qui on donne systématiquement une chance à chaque album. Le côté brouillon et référencé des débuts a laissé place progressivement à une musique personnelle et moins dense, dont beaucoup pensent que les sommets sont Misery is a Butterfly et 23. Mais ne rentrons pas dans un débat sur la meilleure période du trio, là n’est pas l’essentiel. Car même lorsque l’on sent que l’inspiration leur échappe parfois, quelque chose d’attachant et d’unique se détache de leurs chansons. La réussite de Sit Down For Dinner, album à la finesse mélodique épatante, est en ce sens une très belle surprise. Continuer la lecture de « Blonde Redhead : « Je me demande régulièrement si je ne déteste pas la musique » »
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Faucheuse, démo (Oscuridad En Mi Vida)
« Et la nuit tombe, sans un bruit »
L’autre jour, je feuilletais un bouquin imprimé dans les années 1970 et je scotchais sur de très belles photos noir et blanc de jeunes gens de ces années-là, un peu des images d’illustration, je ne sais pas comment on appelle ça, mais avec une belle âme. On y voit des ados, les cheveux mi longs, Clarks aux pieds, avec des treillis mal foutus et des jeans à peu près pattes d’eph. Ils sont assis sur des mobylettes et se marrent. Ça m’a vachement touché, pas de façon nostalgique, parce que je ne suis pas de cette génération, mais il y avait une sorte d’immédiateté, disons pour aller vite que je n’ai pas l’impression qu’ils avaient conscience d’être photographiés, il n’y avait pas de poses. Ils étaient juste là. En ajoutant un petit poignet à clous à l’affaire, c’est ce truc très électrique et direct que j’ai entendu dans la cassette de Faucheuse, un groupe bordelais qui envoie et qui concasse le punk, le métal et des trucs extrêmes dont je ne connais pas le nom, avec cette meuf (une certaine E.B.) qui chante à fond les ballons. Continuer la lecture de « Faucheuse, démo (Oscuridad En Mi Vida) »
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Lael Neale : « Je ne veux pas que l’on puisse dater mes chansons »
Après une période de remise en question artistique de presque six années, Lael Neale semble avoir trouvé la formule lui accordant une liberté musicale croissante avec pour éléments de base son Omnichord et un enregistreur cassette. Avec Star Eaters Delight, elle confirme son statut d’ovni musical. Moins dépouillé que le précédent, l’album dévoile une palette plus riche et plus agressive. Entre le passé et le présent, Lael Neal crée une atmosphère unique qui, bien qu’efficace sur disque, prend toute son ampleur sur scène grâce à une présence magnétique et des interprétations dont la puissance et la conviction bénéficient d’un son moins lo-fi. C’est d’ailleurs lors de son passage à La Boule Noire à Paris que Lael nous a accueilli dans sa loge. Loin d’être la personne timide que l’on pourrait imaginer, c’est une femme sûre d’elle, heureuse d’avoir enfin trouvé sa voie qui nous raconte en détail le chemin parcouru pour arriver à la reconnaissance critique et publique de son travail, mais aussi de ses envies pour le futur. Continuer la lecture de « Lael Neale : « Je ne veux pas que l’on puisse dater mes chansons » »
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Sinéad et moi
Elle refusait d’être filmée par des hommes. Sa directrice photo revient sur les tournages des premiers clips, avec des photos inédites.
Tout n’a pas été écrit sur I Do Not Want What I Haven’t Got, le deuxième album de Sinéad O’Connor. Produit par Nellee Hooper à Dublin, ce disque fut publié le 20 mars 1990 alors que le monde entier écoutait Violator de Depeche Mode sorti la veille. La machine de guerre conçue par Martin Gore n’éclipsa pas I Do Not Want What I Haven’t Got qui fut l’un des disques les plus vendus des années 90.
Enregistré avec Andy Rourke (The Smiths), Jah Wobble et Marco Pirroni (qui avait été embauché par Adam & The Ants pour Kings of the Wild Frontier), I Do Not Want What I Haven’t Got consacrait l’Irlandaise qui avait déjà marqué des points avec The Lion and the Cobra (1987). Tout n’a pas écrit sur I Do Not Want What I Haven’t Got. La photographie (ou plutôt le photogramme) utilisée par Chrysalis pour la pochette est signée, Dominique Le Rigoleur, une directrice de la photographie française. John Maybury, le réalisateur du clip, a recruté cette directrice de la photographie française car Sinéad O’Connor refuse d’être filmée par un homme. Ce premier clip sera un prélude pour Dominique Le Rigoleur. Continuer la lecture de « Sinéad et moi »
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Sweeping Promises : « Il y a toute une histoire alternative du post-punk dans laquelle nous aimerions nous inscrire »
Il est des groupes qui vous explosent au visage comme une précieuse révélation, vous rappelant pourquoi et comment tout a commencé dans votre cœur. Mi-2020, les Américains de Sweeping Promises sortent en pleine pandémie Hunger For A Way Out, une délicieuse claque dans le marasme ambiant, explosion cathartique de post-punk chauffé à blanc, enregistré avec un seul micro, mais mille idées plein la tête. Trois ans plus tard et malgré une signature chez Sub Pop, le groupe laisse tous ses curseurs dans le rouge avec Good Living Is Coming For You, un deuxième album plus fort, plus sombre, plus éclectique, mais qui garde tout de leur fantastique idiosyncrasie : une production monolithique qui sonne comme la plus glorieuse cassette audio jamais entendue, un songwriting punk acéré qui vient se diffracter sur des plans new wave pleins de groove, et la voix de Lira Mondal, pur tremblement de terre pop. Le tout en s’inspirant du seul post-punk qui compte, si rare aujourd’hui, celui des débuts, qui crisse et réinvente le monde avec une audace ingénue et inspirante, et dont Sweeping Promises sont de glorieux descendants. En échangeant avec Lira Mondal (basse et chant) et Caufield Schnug (guitare et batterie), c’est le portrait d’un duo inséparable qui se dessine, deux artistes s’inspirant mutuellement et ayant une vision commune et singulière de la musique qu’ils veulent créer, dans une indépendance indéboulonnable et inspirante. Continuer la lecture de « Sweeping Promises : « Il y a toute une histoire alternative du post-punk dans laquelle nous aimerions nous inscrire » »