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Bertrand Betsch, Demande à la poussière (Microcultures) / Institut, L’effet whaou des zones côtières (Rouge-déclic) / Da Capo, Paradise (Autruche)

Plongé dans la rédaction des Années Lithium, je sens mes oreilles se déformer lentement au gré des musiques qui me parviennent de mes jeunes années, forcément rêvées, imaginées, recomposées. Forcément aussi, comme mû par ce vieux réflexe de sonder les réseaux sociaux à la recherche d’amis collège-lycée-fac, je me suis piqué de reprendre l’histoire où elle s’était arrêtée : rien ne vaut le présent finalement pour éclairer ce passé qui passe trop vite. Et on peut dire que ces derniers temps, les retrouvailles ont été belles avec les anciens de la maison Lithium. C’est d’abord Superbravo et La Fresto dont j’avais relaté les aventures ici, mais on pourrait citer aussi Michel Cloup Duo & Pascal Bouaziz, en compagnie du regretté Joseph Ponthus, sur À la ligne – Chansons d’usine, Nicolas Paugam et son magnifique Le ventre et l’estomac de 2019 (et sa chanson-vie parfaite, Rendez-vous au sommet). Ces dernières semaines, avec l’annonce d’un nouvel opus de Mendelson et de Françoiz Breut, c’est au tour de Da Capo, d’Institut et de Bertrand Betsch de remettre le couvert. Continuer la lecture de « Bertrand Betsch, Demande à la poussière (Microcultures) / Institut, L’effet whaou des zones côtières (Rouge-déclic) / Da Capo, Paradise (Autruche) »

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Monokultur, Ormens Väg (Mammas Mysteriska Jukebox / Ever/Never)

Par les temps qui stagnent, ils sont précieux ces disques qui font voyager sans avoir à quitter son salon. Nécessité faisant loi, ces songes musicaux (merci de ne pas parler de dream pop) sont même devenus d’une importance capitale. Le dépaysement, c’est justement ce que Monokultur nous offre avec Ormens Väg, cette seconde collection de rêveries sonores qui marie dans les limbes le familier et l’étrange.
Tout au long de ce disque, on repère de nombreuses influences qui semblent limpides : ici Grouper, là Peaking Lights, His Name Is Alive, Delia Derbyshire ou encore Scientist. Continuer la lecture de « Monokultur, Ormens Väg (Mammas Mysteriska Jukebox / Ever/Never) »

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Mustang, Memento Mori (Close Harmonie)

Mustang…Commencer par la fin – Memento Mori -, se souvenir effectivement que l’on va mais alors que les dernières notes s’évaporent, s’apercevoir que ces dix chansons nous laissent entre deux eaux – entre la vie et la mort – avec des questions plein la tête, et dans la bouche, pour reprendre les lignes d’un poème lu récemment, « le goût du sang mêlé au goût d’une figue fraîche ». Parler de Memento Mori en désordre, au gré des marques qu’il a laissé, et vous présenter toutes ses chansons et ses personnages. Continuer la lecture de « Mustang, Memento Mori (Close Harmonie) »

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Neil Young, Archives Vol.II (Reprise Records, Warner Music)

Avec ce travail de réédition d’albums, de publication de live et de compilation d’inédits entrepris depuis plusieurs dizaines d’années, Neil Young est devenu le gardien de son propre temple, une sorte de Moses Asch monomaniaque et autocentré qui, à 75 ans passés, trouve encore le temps d’enregistrer des disques, et parfois même des bons. Aussi généreux et enthousiasmant soit ce projet, il n’est pas sans poser des problèmes d’éthique. Lorsqu’on raconte ses propres aventures, peut-on aussi être un bon historien ? La question ne se posait pas vraiment pour le premier volume des Archives, paru en 2009. Le Loner y exhumait les premiers trésors d’une trajectoire, certes sinueuse, mais résolument ascendante : des enregistrements des Squires en 1963, jusqu’au succès planétaire de Harvest, consacré cathédrale du folk-rock dès sa sortie en 1972, en passant par la pop lumineuse de Buffalo Springfield, un premier solo sous-estimé, quelques titres avec Crosby, Stills et Nash, le premier Crazy Horse, intense et sale, puis au milieu de tout cela, After The Gold Rush, véritable pierre de touche de cette période Topanga Canyon. Continuer la lecture de « Neil Young, Archives Vol.II (Reprise Records, Warner Music) »

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Steve Robinson, Swallowing The Sun (Sunshine Drenchy Records)

Steve RobinsonIl y a environ trente ans de cela, Steve Robinson faisait partie d’un groupe de folk-rock du côté de Tampa en Floride. En marge de la scène locale dominée par les formations de Metal de tous poils – même les plus long, The Headlights s’échinait à convertir un public rétif aux vertus mélodiques et aux arpèges en grains de cristal de The Byrds. Douloureusement confronté à l’indifférence ostensible d’un public qui ne partageait que rarement l’enthousiasme prosélyte de ces missionnaires de la qualité pop égarés en terres païennes, le groupe n’a laissé que de rares traces discographiques témoignant de sa brève existence – un EP en 1989, un album en 1993. Continuer la lecture de « Steve Robinson, Swallowing The Sun (Sunshine Drenchy Records) »

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Arab Strap, As Days Get Dark (Rock Action)

Arab Strap As Days Get Dark

Y réfléchir à deux fois.
Ne pas s’échauffer trop et vite et bien peser le pour comme le contre avant de voir si c’était vraiment une bonne idée.
Nos princes de la cuite ont bien mis ce proverbe à leur ardoise. Avec leur retour aux affaires d’un air de ne pas y toucher, avec leur pataude dégaine de types qui sont juste passés prendre un verre mais couchent tout le monde au petit matin.
Aussi fécondes furent leur retrouvailles scéniques au fil du temps, l’idée d’un nouvel album valait-elle vraiment concrétisation ?
Aidan Moffat et Malcolm Middleton se sont laissé le temps d’y penser, d’y réfléchir sobrement (lol) avant de commettre l’irréparable et c’est bien mieux ainsi. 

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« Vies et morts de John Lennon » de Hugues Blineau (Mediapop Editions)

Vies et morts de John Lennon de Hugues Blineau mediapop editions
« Vies et morts de John Lennon » de Hugues Blineau (mediapop editions) / Photo : LB


« Premières lueurs du jour.

Effet retard pour ceux qui n’ont pas appris la nouvelle. Ceux qui ne se sentiront pas concernés, et puis ceux qui réagiront spontanément, par des pleurs ou des cris. »

John Lennon est mort le 8 décembre 1980. Je ne m’en souviens pas, cela ne m’a pas marquée. Je vivais alors avec ma mère qui n’écoutait pas les Beatles et, par la suite, je ne les ai guère écoutés moi non plus. Je me souviens vaguement que certaines de mes amies de lycée le trouvaient beau, aimaient ses chansons ou portaient des lunettes de la même forme que les siennes. Rien de cela pour ma part, j’aurais sans doute été du camp des non concernés.

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Marc Almond & La Magia, The Stars We Are (Strike Force entertainment / Cherry Red)

Marc Almond
Marc Almond

Du précédent et bien nommé Mother Fist And Her Five Daughters (1987), nous avions un souvenir biaisé, évoquant les bas fonds barcelonais, le stupre (toujours, oui) et une atmosphère à la fois feutrée et vaguement angoissante. Suite à une dithyrambe bien sentie de Bayon dans Libé, nous rentrions enfin de plain-pied dans un disque solo de Marc Almond, et le réécouter aujourd’hui (pourquoi se gêner, hein) nous constatons ébahis que la veuve poignet n’était pas si honteuse et étouffante que ça. Bien que jouant encore sur sa fibre méditerranéenne, Almond y met déjà beaucoup plus de lumière qu’à l’accoutumée. Mais rien ne nous préparait alors à la luxuriance du suivant, le parfaitement intitulé The Stars We Are (1988), richement réédité ces jours-ci via Cherry Red. Ici, fini les caves sombres du Barrio Chino, tout y est excessif, merveilleusement troussé, en un mot : fabuleux. Fini la bamboche, bienvenue à Las Vegas. Qu’Almond quitte alors Virgin pour Parlophone, tout en gardant ses attaches chez Some Bizzare, ne doit pas être étranger à cette débauche absolue de lyrisme, d’intensité et de lumière. Si sur son successeur Enchanted (1990*) le beau Marc s’étouffe parfois sous les paillettes et le régime chantilly y amarena, le strass est ici alors à une dose parfaitement maîtrisée, excessive mais juste, le glaçage est toujours épais mais encore digeste.  Continuer la lecture de « Marc Almond & La Magia, The Stars We Are (Strike Force entertainment / Cherry Red) »