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Pearl & The Oysters, Coast 2 Coast (Stones Throw Records)

Quatrième album de Pearl & The Oysters depuis leur essai inaugural en 2017 : le duo franco-américain a parcouru un sacré chemin en six ans. Démarrée à Gainesville en Floride, l’aventure s’écrit désormais à Los Angeles. Cette nouvelle vie s’accompagne aussi d’un nouveau label. Juliette Pearl Davis et Joachim Polack rejoignent ainsi Stones Throw. La structure, après avoir été un pilier du rap indépendant, s’aventure désormais régulièrement dans les terres pop. Les voisins de Pearl & The Oysters se nomment en effet Mid High Club, Benny Sings, Jerry Paper ou Stimulator Jones. Dès la couverture, signée par l’illustrateur indonésien Ardhira PutraCoast 2 Coast nous embarque dans un voyage nostalgique et rétro-futuriste, quelque part entre un vinyle de yacht-rock et une cartouche de Mega Drive. Continuer la lecture de « Pearl & The Oysters, Coast 2 Coast (Stones Throw Records) »

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Peel Dream Magazine : « Je suis un poppeux dans l’âme »

Joe Stevens - Peel Dream Magazine
Joe Stevens – Peel Dream Magazine / Photo : Samira Winter

Voilà trois semaines que Joe Stevens a quitté Los Angeles pour Londres. En résidence dans la capitale anglaise, il s’est produit chaque mercredi de janvier auprès d’invités de (son) choix, Sean O’Hagan [The High Llamas, Microdisney, Stereolab] ou Jack Cooper [Mazes, Ultimate Painting], pour ne citer qu’eux. Après quelques autres villes anglaises, c’est demain qu’il traversera la Manche pour entamer la première tournée européenne de Peel Dream Magazine, avec un premier arrêt à Paris. Un concert qui fera date, aussi parce que tant attendu par ceux qui avaient, comme nous, adoré Agitprop Alterna [chroniqué ici], paru en avril 2020, en plein confinement. Deux ans et demi plus tard, Stevens surprend avec le bien-nommé Pad, un album-concept cotonneux, fait de sonorités synthétiques et vintage, au fil desquelles évolue un personnage imaginaire. Dans un long entretien, le musicien nous explique ce virage esthétique, du shoegaze à ce qu’il nomme la « pop baroque », en évoquant évidemment ses plus grandes influences : les High Llamas, Stereolab et les Beach Boys.  

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The Simps, Siblings (Lex)

Ceux qui connaissent The Simps ont sans doute d’abord entendu parler d’Eyedress ; sur TikTok, où certains de ses titres sont devenus viraux, ou par King Krule et Dent May par exemple, avec qui le musicien a récemment collaboré. Une rumeur confirmée : Idris Vicuña de son vrai nom, dont le quatrième album, Mulholland Drive, paraissait l’été dernier, se retrouve depuis quelques mois dans la fameuse liste des artistes émergeants de l’hebdomadaire américain Billboard.

C’est lors de l’un de ses concerts en 2018 que Zzzahara fait sa connaissance. Ces enfants d’immigrés philippins se retrouvent autour d’une histoire culturelle commune, mais aussi d’un certain goût pour la bedroom pop lo-fi, le post-punk et la new wave. De fil en aiguille, elle devient sa guitariste sur scène. Ils jamment, utilisent des samples d’Eyedress, improvisent des paroles. Zzzahara a tendance à évoquer sa rupture récente, Idris est tout aussi sentimental. En étalant leur vulnérabilité d’êtres amoureux, ils admettent en rigolant faire ce qui se caractérise, dans l’argot et de manière assez péjorative, du simping. Les jeunes trentenaires prennent le parti d’assumer leur sensibilité : ensemble, ils sont The Simps. Continuer la lecture de « The Simps, Siblings (Lex) »

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Silk Sonic, An Evening With Silk Sonic (Aftermath Entertainment/Atlantic, 2021)

L’art de faire des albums à la fois populaires et exigeants est un noble sacerdoce très sous-estimé. Il est si agréable d’aimer immédiatement une chanson et d’en saisir la qualité d’écriture au fil des écoutes. Silk Sonic, le duo formé par Bruno Mars et Anderson .Paak, appartient à cette catégorie de musiciens pas si prolifiques que ça : les orfèvres de la pop. De Quincy Jones en passant par Electric Light Orchestra, Teddy Randazzo ou la Motown ; ils sont quelques uns à faire des merveilles dans le format imposé du couplet-refrain. Silk Sonic maintient en vie la tradition avec leur premier album An Evening With Silk Sonic (2021). En une trentaine de minutes, le chanteur perfectionniste et le talentueux batteur déploient huit chansons écrites, enregistrées et arrangées selon des codes plus anciens que l’âge du duo réuni. Loin d’être rétro ou un vulgaire pastiche, An Evening With Silk Sonic est une ode aux grooves ondoyants, une flamme intense de plaisir. Ce geyser de mélodies sucrées saturent les veines de douceur. Les deux musiciens convoquent le meilleur de la Philly Soul et des groupes vocaux des années soixante-dix. Qui aurait cru que nous pourrions citer les Chi-Lites ou les Stylistics dans une chronique en 2021 ? L’affaire sonne, en tout cas, merveilleusement bien. Continuer la lecture de « Silk Sonic, An Evening With Silk Sonic (Aftermath Entertainment/Atlantic, 2021) »

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Rain Parade, Emergency Third Rail Power Trip (1983, Enigma)

1983 est une année importante pour la musique pop. La sortie du synthétiseur DX7 contribue à drastiquement changer le son de la pop mainstream. Les synthétiseurs font certes de régulières apparitions dans les charts depuis les années soixante dix, mais ils sont souvent utilisés dans un contexte organique. Au début des années quatre-vingt, le paradigme change. Il est possible d’envisager des productions réalisées à 100% avec des outils électroniques, comme des boîtes à rythmes, des samplers (pour ceux qui en ont les moyens), des séquenceurs. La bascule est radicale. Au zénith de la culture yuppie et de la célébration de la réussite, tout le monde adopte ce nouveau son. Signe de modernité triomphante, il ringardise instantanément le reste. Un village gaulois résiste cependant dans l’ombre. Continuer la lecture de « Rain Parade, Emergency Third Rail Power Trip (1983, Enigma) »

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Charles, Let’s Start A Family Tonight (Babe City Records)

Les grands artistes (1) ont un avantage indéniable sur le commun des mortels. Quand bien même on les détesterait – pour de bonnes ou de mauvaises raisons, là n’est pas la question -, il arrive souvent qu’on leur rende de curieux hommages, parfois même inconsciemment. Si Ariel Pink n’est crédité que sur quatre morceaux pour sa contribution à la basse  et à la guitare, on sent bien qu’il a inspiré très largement le disque de son ex, Charlotte Ercoli Coe. Certes, on l’entend pousser des hurlements sur The Offended Olympics (si ce n’est lui, c’est donc son frère) avec une ironie qui ne manque pas de piquant, Fallogentrismo ressemble étonnamment à The Bottom, Rex Harrison partage une partie du refrain de Kitchen Witch qu’elle avait par ailleurs coécrite. On retrouve aussi un goût pour l’ambivalence, le travestissement, un jeu sur l’identité masculine et féminine dont aime jouer le Californien. Mais surtout, il y a cette production typique, tissée dans le coton des rêves, qui a infusé depuis quinze ans la musique pop des artistes lo-fi de Los Angeles en premier lieu pour se répandre un peu partout. Continuer la lecture de « Charles, Let’s Start A Family Tonight (Babe City Records) »

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Pearl & The Oysters « Treasure Island » (Tip Top Recordings / Feeltrip)

Pearl & The Oysters
Pearl & The Oysters / Photo : Laura Moreau

français Pearl & The Oysters, duo français formé de Juliette Davis et Joachim Polack, désormais installé à Los Angeles après avoir écumé la Floride, revient le 3 septembre avec un nouvel album intitulé Flowerland (Tip Top Recordings/ Feeltrip). Si le groupe a changé de label, après deux albums chez Croque Macadam (le label que j’ai fondé), Pearl & The Oysters (2017) et Canned Music (2018), les amateurs de la formation pop ne seront pas déroutés par les nouvelles compositions du duo. Treasure Island, envoyé en éclaireur, donne le ton. La chanson confirme l’appétence des Franco-américains pour les tempi modérés et les teintes mi-figue mi-raisin. Groovyla composition évoque la nostalgie des étés finissants, quand le soleil a doré la peau et qu’il est temps de repartir au boulot… Une chanson délicate et élégante avec ce petit soupçon de fantaisie dans la production. Un nouvel album qui saura sans doute trouver son public, notamment chez les amateurs de Mild High Club, Dent May, Drugdealer, Mac Demarco ou Homeshake.

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The Bangles, All Over The Place (1984, Columbia)

Dans le milieu des années quatre-vingt, poser avec une Ricken’ sur une pochette de disque a tout d’une déclaration d’intention, particulièrement sur une major. Pensez donc, la gratte des Beatles, Byrds, Creedence Clearwater Revival et des Who ! Deux ans avant All Over The Place des Bangles, nos Dogs s’y étaient essayés sur Too Much Class For The Neighbourhood dans une photo à l’esprit très similaire. Quelques années plus tôt c’était Tom Petty qui posait avec sa guitare fièrement, devant un fond rouge. Les temps ont cependant changé entre Damn The Torpedoes (1979) et All Over The Place (1984). Cinq ans peuvent sembler une infime fraction de temps, mais à l’échelle du rock, c’était alors un tourbillon. Continuer la lecture de « The Bangles, All Over The Place (1984, Columbia) »