Benny Sings, de son vrai nom Tim Van Berkestijn, sillonne les eaux internationales de la musique pop depuis une vingtaine d’années. Après une expérience de bassiste au sein du groupe hip hop Abstract Dialect, il prend son envol en solo en 2003. Depuis, le Néerlandais a sorti une dizaine d’albums. Sa carrière a pris une nouvelle dimension en 2018 avec City Pop. L’album marque le début de sa collaboration avec la structure indépendante Stones Throw. Le label, figure majeure du rap indépendant des années 90/2000 (J Dilla, Madlib, MF DOOM) a ajouté une corde à son arc en signant de nombreux groupes de pop. Benny Sings côtoie ainsi Mild High Club, Jerry Paper mais aussi Stimulator Jones ou Pearl & The Oysters.
Comme eux, Benny Sings pratique une musique s’affranchissant de codes trop pesants, mêlant à la pop indépendante, des influences hip-hop, groove et westcoast. Young Hearts chamboule cependant, quelques peu, les habitudes de Benny Sings. Le musicien hollandais a en effet décidé de collaborer avec le célèbre producteur Kenny Beats. Depuis quelques années, ce dernier a le vent en poupe. Il a notamment travaillé avec IDLES, Denzel Curry, Vince Staples ou Slowthai. Si l’intention est louable, Young Hearts ne convainc pas totalement. Certes, Benny Sings reste égal à lui même, mais difficile de ne pas regretter la délicatesse des grooves organiques de Music (2021),son précédent album. Sur Young Hearts, Les deux musiciens ont en effet opté pour des partis pris forts. Courageux évidemment, mais la magie n’opère pas toujours. Les beats sont mis très en avant dans le mixage, mais ces derniers sonnent souvent un peu plat et manquent de swing. Benny Sings est heureusement toujours très inspiré et compose quelques futurs classiques de sa discographie.
D’office, la chanson titre rentre dans le vif du sujet. La superbe The World évoque les velléités R&B de Natalie Prass. Les arrangements de Distance charment par leur vivacité tandis que Movie Star convie les fondamentaux du chanteur néerlandais. Young Hearts est, de fait, un album dense et pop. Benny Sings cherche à s’affranchir de la niche dans laquelle il aurait pu s’installer confortablement. L’intention est très louable, le résultat, sans être à coté de la plaque, manque toutefois d’un soupçon de finesse. Histoire d’avoir envie d’y revenir plus souvent.
