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Stranger Teens #33 / Guest : Gilb’R

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

Pour moi, le morceau qui a sauvé mon adolescence et qui a ouvert la porte à toute la suite de mon éducation musicale est A Love Supreme de John Coltrane, que j’ai découvert tout seul je crois, à l’âge de 14 / 15 ans. L’adolescence est une période chelou où on ne maîtrise pas les choses. Quand on veut parler, on hurle ; quand on veut aimer, souvent, on se fait jeter, etc… On n’est pas sûr de son goût et en même temps, c’est là qu’il se construit. Et on a besoin d’un endroit ou se réfugier : pour moi, c’était la musique. Continuer la lecture de « Stranger Teens #33 / Guest : Gilb’R »

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Stranger Teens #32 / Guest : Mike Schulman (Slumberland Records)

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

Transmission Joy Division
Pochette du 12 » de Transmission par Joy Division (Factory, 1981)

J’ai eu l’immense chance de grandir dans une maison dans laquelle on écoutait en permanence de la musique très cool. Avant même d’être ado, dans les années 70, j’étais toujours branché sur une radio spécialisée dans la soul et le R&B, et je me suis plongé dans la collection de disques de ma mère (constituée de trucs comme ParliamentFunkadelic, Ohio Players, James Brown, de Philadelphia soul, etc.) et dans les 45 tours de Doo-Wop et de groupes de chanteurs de R&B que mon père avait achetés quand il était jeune. Lorsque j’ai commencé à m’offrir mes propres disques, j’ai été attiré par des artistes du même genre, mais j’ai aussi eu la chance de faire l’heureuse rencontre de Trans Europe Express de Kraftwerk, dont le disque entier était régulièrement diffusé sur la plus grosse station radio de Washington. En fait je n’écoutais pas beaucoup de rock et je trouvais celui des seventies particulièrement ennuyeux, à part quelques très bons disques des Raspberries, de Badfinger ou de David Bowie. Continuer la lecture de « Stranger Teens #32 / Guest : Mike Schulman (Slumberland Records) »

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Stranger Teens #31 / Guest : Le Superhomard

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

1984 : Je suis en 5e au collège Sancta-Maria à Villeneuve-lès-Avignon (petite ville assez bourgeoise située à 1 km exactement du centre d’Avignon) où ma mère est institutrice. J’ai commencé à découvrir un petit peu le monde merveilleux de la pop music l’année précédente quand ladite mère nous a orienté mon frère et moi vers deux cassettes des Beatles qui traînaient chez notre grand-mère je ne sais pas quel hasard et que nous nous empresserons de dupliquer sur la toute nouvelle chaîne hi-fi Amstrad que nos parents viennent d’acheter. Une face Abbey Road, une face la compilation bleue sur une cassette 90 mn chrome Philips ! À force d’écouter tous ces titres merveilleux en boucle, mon intérêt pour la musique était devenu de plus en plus important et j’avais commencé à acheter des disques (enfin plutôt à les faire acheter à mes parents de temps en temps à l’Intermarché local), avec des noms glanés par-ci par-là au collège avec quelques réussites (Seventeen Seconds de Cure, en boucle lui aussi) mais aussi des trucs moins glorieux (Alphaville par exemple). Continuer la lecture de « Stranger Teens #31 / Guest : Le Superhomard »

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Stranger Teens #28 / Guest : Chevalrex

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

"Eureka" de Jim O'Rourke sur le clavier de Chevalrex.
« Eureka » de Jim O’Rourke sur le clavier de Chevalrex.


Valence. Hiver 1999. Je suis en 1ère littéraire dans un lycée en périphérie de la ville, une classe de vingt-cinq filles et trois garçons. J’habite à dix minutes en voiture. Tous les matins, mon père m’y conduit. En vrac, les yeux encore collés, les cheveux en épis, j’interromps la matinale de RTL en glissant mes cassettes dans l’autoradio. Nous écoutons les groupes que j’écoute déjà en boucle à la maison et dont les images tapissent les murs de ma chambre, Pavement, Smog, Little Rabbits, Cat Power ou Dominique A. Avec leurs chansons, leurs voix singulières, ces musiciens laissent entrevoir à l’adolescent solitaire que je suis une possibilité : trouver sa voie, sa musique, sa langue. Continuer la lecture de « Stranger Teens #28 / Guest : Chevalrex »

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Stranger Teens #27 : « Golden Age » par Beach Fossils

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

Mardi 1er septembre 2015, 09h55. Devant les grilles du lycée Jean Macé de Lanester, j’attends avec quelques cuillères à soupe d’appréhension ma rentrée en Terminale ES. Année plus-que-charnière, avec le crashtest nommé Parcoursup à compléter au mois de mars et le Bac à valider à la fin-juin. Mes parents me voient comme un futur Sciences-piste. Moi, absolument pas. Il faut dire que mon futur ne m’inspire pas des masses, mes deux seules passions – World Of Warcraft et la trottinette freestyle – n’étant pas vraiment réputées pour leurs nombreux débouchés sur le marché du travail. Entouré de mes copains de classe – je ne le sais pas encore, mais je deviendrai persona non grata dans leur bande une fois en fac de Droit -, je décide pourtant de passer mes cinq dernières minutes de vacances à décompresser en compagnie de Dustin Payseur & Friends. Continuer la lecture de « Stranger Teens #27 : « Golden Age » par Beach Fossils »

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Stranger Teens #26 : « Why Does It Hurt When I Pee » par Frank Zappa

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

Il y a beaucoup de chansons qui ont marqué mon adolescence. J’ai beaucoup hésité à écrire notamment sur In A Manner Of Speaking, la reprise de Tuxedomoon par Nouvelle Vague, puis sur Lola de Noir Désir, puis sur The Guns of Brixton de The Clash, et puis sur des choses moins avouables ; par exemple, j’avais écouté en boucle Les Hommes Que J’Aime de La Rue Kétanou parce qu’une fille dont j’étais amoureux m’avait dit que cette chanson comptait beaucoup pour elle, ou Absolution de Muse, parce qu’une autre fille dont j’étais aussi amoureux m’avait fait écouter sur son Discman une compile du groupe que son copain lui avait préparée (j’étais censé garder secret le fait qu’elle l’avait partagée avec moi, une transgression qui m’avait fait battre le cœur). Puis sur toutes les choses que l’on écoute par mimétisme, sans questionner – c’est pour ça que je connais encore les paroles de deux albums de Tryo par cœur, et que je m’en souviendrai probablement, de ce poison, quand, rongé par Alzheimer, je peinerai à me souvenir du prénom de mes petits enfants. Mais Joe’s Garage et Why Does It Hurt When I Pee – la chanson la plus con de l’album, qui en compte pourtant beaucoup – est le seul disque que j’aime toujours autant, et peut-être toujours pour les mêmes raisons. Continuer la lecture de « Stranger Teens #26 : « Why Does It Hurt When I Pee » par Frank Zappa »

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Stranger Teens #25 : « Talking in Your Sleep » par The Romantics

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

Nous l’attendions toute l’année. La petite fête foraine qui, pour une dizaine de jours, prenait ses quartiers chaque été au bout de la rue, sur le terrain de football où Guzella avait mis un contrat sur ma tête le jour où j’avais crucifié mon équipe avec une splendide lucarne contre mon camp, ressemblait à une version améliorée de la vie qui était la mienne à bientôt 14 ans. Tout y était plus bruyant, plus coloré, plus sucré, et les pommes d’amour que nous partagions lorsque, ivres de vitesse et de danger, il restait à l’un d’entre nous assez de monnaie pour en offrir une au groupe, suffisaient à nous faire oublier que la rentrée des classes était toute proche. Continuer la lecture de « Stranger Teens #25 : « Talking in Your Sleep » par The Romantics »

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Stranger Teens #24 : « Rich » par Lloyd Cole & The Commotions

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

Septembre 1985, bientôt treize ans. C’est la dernière rentrée au collège et il n’y aucune raison qu’elle diffère des trois précédentes. Les moellons centenaires du gigantesque bâtiment qui s’étend jusqu’au lycée sont semblables aux cellules de la paroi d’un gigantesque utérus. Ma mère ne se contente pas d’enseigner au sein de cette vénérable institution : elle l’incarne. Fils de, je demeure voué à prolonger l’excellence scolaire, attendue comme une simple évidence, dans cet environnement où la vigilance panoptique s’exerce à tous les instants. Mon meilleur ami – le seul en réalité – est le fils d’une ancienne élève idolâtre. Tous mes professeurs me connaissent avant même de me rencontrer et relaient mes succès – l’échec n’a jamais été une option envisageable – à l’autorité familiale omniprésente avant même que j’en sois informé. Continuer la lecture de « Stranger Teens #24 : « Rich » par Lloyd Cole & The Commotions »