Catégories portraitÉtiquettes , , ,

Les chansons bleues

Depuis 15 ans, Mikhaël Hers truffe ses films de pépites pop et de références à nos groupes préférés. État des lieux avec l’intéressé.

Mikhaël Hers
Mikhaël Hers

Tenter lors d’une interview de déterminer de mémoire, sans béquille digitale, et durant plus de trois minutes quelle est la référence (Sarah 16 ? Sarah 22 ? 30 ?) du You Should All Be Murdered de Another Sunny Day n’est pas le genre d’exercice auquel on s’adonne avec régularité. On pourrait à l’extrême rigueur se livrer à cette passe d’armes avec un confrère journaliste ou une fan avinée au comptoir du Motel. Mais pas avec un cinéaste, français qui plus est. C’est pourtant la seconde fois que cette question existentielle nous anime, Mikhaël Hers et moi. Continuer la lecture de « Les chansons bleues »

Catégories billet d’humeurÉtiquettes , , , , , , ,

Double miracle

« Aucunes funérailles à l’horizon », représentation scénique éphémère issue des « Années Lithium »

Michel Cloup et Pascal Bouaziz / Photo : Emmanuel Plane
Michel Cloup et Pascal Bouaziz / Photo : Emmanuel Plane

En 2022, des miracles ont encore lieu dans les chapelles. J’en ai été témoin d’un, samedi soir, à Metz.

En pénétrant dans la cour de la chapelle des Trinitaires, au moment où les balances viennent de commencer, j’ai la surprise d’entendre les premiers accords de Heaven Boulevard, un extrait du deuxième album de Diabologum lors duquel les noms de célébrités décédées sont énumérées. Depuis quand n’ai je pas réécouté Heaven Boulevard ? Certainement depuis la dernière fois où j’ai vu Diabologum – première mouture – en concert, ce qui me renvoie aux Herbiers, espace d’Herbauges, en 1994. Continuer la lecture de « Double miracle »

Catégories billet d’humeurÉtiquettes , , ,

Montañita, le cadeau de la méduse

Montañita
Montañita

Je ne sais plus comment le lien est arrivé dans mon champ de vision virtuel, je ne sais pas plus pourquoi j’ai cliqué – ou peut-être que je sais finalement : parce que la consonance hispanique du nom, parce qu’un sixième sens, ce drôle de sixième sens qui me guide toujours en aller simple vers des chansons taillées sur mesure, des chansons coup de foudre. Je me souviens très précisément de quelques « dernières fois » : à peu près dans le désordre, Swimming d’Ultracrush, Not Going Back d’Henry Nowhere, Una Voz de Melenas, After You’ve Had Your Fling de The Intrepids, Everything I Wanted de Billie Eilish, des chansons qui tournent depuis en boucle. Des chansons dont on ne se débarrassera pas. Continuer la lecture de « Montañita, le cadeau de la méduse »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , , , ,

Peter Doherty & Frédéric Lo, The Fantasy Life Of Poetry & Crime (Strap Originals)

Peter Doherty & Frédéric LoFaute avouée est-elle toujours à moitié pardonnée ? Avec Peter Doherty, malgré une très sérieuse anglophilie musicale, je n’avais connu jusqu’à présent que des rendez-vous manqués. Même sa liaison avec Kate Moss ne m’avait pas convaincu de m’intéresser de plus près à ses chansons avec ou sans (je suis) Libertines – parfois à raison sans doute, mais j’imagine bien souvent à tort. Il existait jusqu’ici une seule exception notable, ce single de Wolfman si joliment intitulé For Lovers, une de ces ballade dépenaillées dont on ne sort jamais tout à fait indemne. Avec le Français Frédéric Lo, en revanche, on s’est souvent retrouvés : pour Crèvecœur bien sûr (Inutile Et Hors d’Usage jusqu’à la fin des temps), pour le beau disque avec Bill Pritchard (la très jolie balade Luck, en duo avec Étienne Daho ; la pop sautillante de Digging For Diamonds, qui reste dorénavant comme l’un des meilleurs titres de Madness circa 1985) et puis, pour quelques passions partagées aussi – l’album Voilà Les Anges de Gamine, au hasard et en souvenir d’une soirée d’automne clermontoise, passée accoudés à un bar de la vieille ville. Continuer la lecture de « Peter Doherty & Frédéric Lo, The Fantasy Life Of Poetry & Crime (Strap Originals) »

Catégories billet d’humeurÉtiquettes , ,

Vu d’ici : sous la neige et le printemps

L’entre-deux tours entre l’Ohio et la France.

Photo : Adrienne Lenker (Big Thief) via sa page Facebook
Photo : Adrienne Lenker (Big Thief) via sa page Facebook

Tenir pour fil conducteur d’une écriture le temps – météorologique – qu’il fait m’intrigue pas mal : c’est toujours de temps dont il s’agit, le temps dehors et les tempêtes intimes, les légères brises, les gels et les chaleurs qui font par leur collection que l’on se dira plutôt en été, ou plutôt en hiver. Dehors, et dedans. Ni dehors, ni dedans : là. Ici. Maintenant.
Du temps, des moments, leur apparition et leur disparition.
J’étais pour une dizaine de jours et des circonstances familiales dans l’Ohio, d’où j’ai suivi les résultats du premier tour des élections présidentielles, les journées précédentes, les journées suivantes, en compagnie d’ami·es et de la famille de ma compagne.
Il y avait d’importantes dissonances météorologiques ici comme dans le là-bas d’alors, en France, les pieds dans la neige et les récoltes au tombeau pour la deuxième année de suite.
Il y avait aussi les questions, les discussions, l’immense curiosité – les rouages de la baroque élection à deux tours de suffrage universel de la Cinquième République méritant un nombre d’explications pas moins élevé que les rouages de la baroque élection à un tour de suffrage indirect des États-Unis.
Chacun ses scandales, et ses vertus, et ses peurs. Continuer la lecture de « Vu d’ici : sous la neige et le printemps »

Catégories avant-première, borne d'écouteÉtiquettes , , ,

« Le Village », extrait du nouvel album de Arlt

Ça ne se décide pas, ces choses-là. Quand on n’entend plus la manière et qu’on entend la chanson. Peut-être que la basse aide, ou la pente, même si la pente fait un peu des histoires dont on se moque quand on écoute une chanson, mais bon, cette pente, ce n’est pas n’importe quelle pente, c’est la pente d’en face, Thiers, on y vit ou on n’y va pas, à moins de connaître quelqu’un qui connaîtrait quelqu’un qui.

Dans les montagnes thiernoises.

Gamin je faisais du vélo sur les pentes d’en face, celles qui descendent de la plaine de Laschamps. En voilà une belle jambe, toujours moins belle que l’invraisemblable chanson Le Village par Arlt, que voici clippée en avant-première “par un ami” (NDLR:  Bertrand Belin, pour le citer). Les deux n’ont jamais si bien chanté, joie des voix qui vieillissent et se posent dans les dix directions.

Un album est à venir, s’il est aussi beau que cet extrait, il sera le meilleur, comme chacun des autres. Ce n’est pas une mince affaire de s’employer autant à la beauté.


Arlt Turnetable ObjetDisqueTurnetable, le nouvel album de Arlt paraîtra le 20 mai prochain chez Objet Disque.

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Jazzoux, Quand Le Jus de Rythme… (In Paradisum)

JazzouxLa dernière et toute récente édition du festival Sonic Protest a pu confirmer l’excellente santé d’une scène aux frontières souvent délicates à cerner : entre bruitisme et arythmie, improvisation néo-free et recherche électronique, elle assume avec une souveraineté radicale le multiple héritage des musiques expérimentales. Au sein de cette constellation, Amédée de Murcia (Somaticae, Balladur, OD Bongo) et Claire Gapenne (Terrine, Headwar, Me Donner) en incarnent avec brio le versant free-beat, noise et industriel. Activistes et pivots d’une mouvance toute entière dévouée au culte du feedback, de la distorsion et du bug analogique/numérique, c’est avec un projet commun, Jazzoux, qu’ils nous reviennent ici. Marquant par la même occasion le retour de l’excellent label In Paradisum, ce disque au titre improbable, Quand Le Jus De Rythme…, impose une sorte de No Techno sauvage et abrasive. Continuer la lecture de « Jazzoux, Quand Le Jus de Rythme… (In Paradisum) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Pierre Gisèle, Distorsion (Flippin Freaks, Safe In The Rain)

Ce n’est pas parce que je n’habite pas à Bordeaux que je vais me priver des conseils du disquaire du coin, Martial de Total Heaven. Un peu de prosélytisme, des rappels pour les étourdis, sur les réseaux, ça ne nuit à personne, la preuve, j’arrive deux mois après la bataille, mais on s’en fiche. L’EP, Distorsion de Pierre Gisèle est sorti fin janvier et je viens juste de tomber dessus. Pierre Gisèle est une chanteuse issue du collectif Flippin Freaks dont j’avais survolé les sorties jusque là sans accrocher, si ce n’est le J’ai raté ma vie du groupe Teeth, parce que ça parle de dentition, et que ça me touche. Continuer la lecture de « Pierre Gisèle, Distorsion (Flippin Freaks, Safe In The Rain) »