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Selectorama : Confidence Man

Confidence Man
Confidence Man / Photo : Jamie Heath

Ok, il a fallu un petit temps de réflexion pour décider si Confidence Man avait sa place ici, tant le quatuor de Melbourne s’illustre dans une dance pop totalement exaltée à la limite de la poule sans tête. Quelques signaux sont toutefois passés au vert : en premier lieu, ils sont signés sur Heavenly Recordings, que l’on suit depuis trois décades, de East Village à Saint Etienne, en passant par Beth Orton, The Magic Numbers ou Doves, jusqu’à plus récemment Working Men’s Club, Baxter Dury et tant d’autres. Puis, dans les playlists de A Certain Radio, on les retrouve autant chez le vétéran éclairé Daniel Dauxerre que chez Pipi de Frèche, notre onde sensible. Soit. Mais qu’en est-il de cet album si justement nommé Tilt ? Sorti il y a quinze jours à peine, ils ont apparemment balancé dans pèle-mêle dans la marmite breaks mancuniens, pianos house, basses stéroïdées, lyrics aussi joyeusement crétins que back in the days dans les 90s (Push It Up, KIss N’Tell, ce genre), allant radicalement à contre-courant d’une ère totalement anxiogène. Alors, soit on l’admet et on considère que Holiday est le meilleur hymne après moi le déluge, soit on retourne chouiner en écoutant des choses tristes. Vous êtes prévenus, et pour mieux comprendre leur confidence, voici les neuf titres qu’ils ont choisis pour ce selectorama absolument pas sérieux. Continuer la lecture de « Selectorama : Confidence Man »

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The Apartments, hier, aujourd’hui et demain.

Alphaville (1965) de Jean-Luc Godard
Alphaville (1965) de Jean-Luc Godard

Ce matin même, je réécoutais In And Out The Light – ai-je d’ailleurs cessé de l’écouter ? – quand mon cœur s’est, comme à chaque écoute, emballé lorsque la voix de Peter Milton Walsh a lâché ces mots magnifiques : « If I could, l’d put some blue sky in your head ». Pendant un instant, je n’étais plus sûr des mots que j’entendais, – est-ce head que j’entends ou est-ce hair ? -. C’est comme si un coup de pinceau s’était posé sur cette toile musicale – head est effacé, le pinceau pose hair -, la phrase devient alors : « If I could, l’d put some blue sky in your hair ». La lumière de la chanson se transforme, elle devient plus douce – ou différente – mais reste toujours aussi belle. Les images, les souvenirs, changent eux-aussi, nous sommes ensemble, elle et moi, nos regards sont entremêlés, nos cœurs aussi, et avec le revers de ma main, j’écarte avec tendresse ses cheveux… Continuer la lecture de « The Apartments, hier, aujourd’hui et demain. »

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Selectorama : Mess Esque

Mess Esque
Mess Esque

Lorsque l’on évoque le natif de Melbourne Mick Turner, on pense immédiatement aux essentiels Dirty Three dont il fut le membre fondateur. Ce serait faire l’impasse sur quarante années de projets dont le dernier en date, Mess Esque, vient de sortir sur Drag City. Le groupe est né en 2020 sur la base d’échanges à distance entre Mick Turner et Helen Franzmann qui s’est fait connaître en sortant des albums sous le nom de McKisko. Leurs chansons sont de purs produits de la pandémie, chaque titre respire l’isolation, la solitude et la mélancolie. Il s’en dégage pourtant une chaleur et une beauté qui nous invite à pénétrer dans leur cercle intime sans voyeurisme. On y trouve même un certain réconfort. Cela est d’autant plus incroyable que Mick et Helen ne se sont jamais rencontrés physiquement. La formule fonctionne grâce au juste équilibre entre minimalisme, expérimentations et mélodies foutraques. Ce Selectorama proposé par les deux membres du groupe vous éclairera sur leur univers étrange et fusionnel qui a donné à naissance à deux albums en moins d’un an. On espère qu’il y en aura beaucoup d’autres. Continuer la lecture de « Selectorama : Mess Esque »

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Les australiens Low Life en pleine « Agony & XTC »

Low Life
Low Life, via leur facebook.

Si leur premier album Dogging (2016) fut apparenté à du post-punk froid et acéré, le second Downer Edn (2019) apparaissait plus innovant, mêlant des sonorités plus électroniques et l’utilisation (avec parcimonie, merci bien) de l’autotune. Tout cela revient en force avec Agony & XTC, le single du troisième album From Squats to lots : The Agony & XTC, à paraître le 5 Novembre prochain chez Alter, Lulu’s Disco Club et Goner Records. Les gars de Sydney restent fidèles à une approche à la fois lugubre et solaire de la musique, avec des guitares coupantes mais atmosphériques, une voix funèbre et des textes écrits autour d’une Australie de gouttière, totalement à l’opposé de celle du cadre sup suant en salle de gym ou de celle du backpacker chevelu et poisseux. Ils appuient là où ça fait mal, en laissant rêveur quiconque écoutera. Grosse impatience pour l’album à venir, en somme.

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Selectorama : Louis Forster, The Goon Sax

The Goon Sax
The Goon Sax

Il n’y a pas de loup sous le tapis, ni dans la bergerie. Ce genre de choses n’existe pas.
Si les formidables Goon Sax ont su nous étourdir dès leur premier album par les qualités de ce qu’on appelle faute de mieux “la pop” – paroles et musique –, le deuxième posait une question : y avait-il formule ? Les chansons étaient toujours formidables, mais des pointes d’arrangements délicieux de cordes soulignaient en creux la persistance de l’axe rustique-et-claudication. De quoi se demander avant l’écoute circonspecte de ce troisième album tout nouveau – nouveau label, nouveau producteur (John Parish), nouvelles vies et side-projects – si ça partirait enfin et dans la joie dans tous les sens, ou si on assisterait au nouvel épisode de la carrière d’un groupe toujours formidable, donc, mais un rien confortable.
Bonne nouvelle : ça part encore plus loin que dans tous les sens, les textes sont encore plus incroyables (quand ils ne sont pas en allemand), les mélodies s’étalonnent selon deux axes Kate Bush/Syd Barrett, entre le champêtre et l’urbain, le synthétique et le rustique, il y en a partout et pourtant tout est épuré : The Goon Sax a simplement beaucoup d’idées.
Et, à l’image de Mirror II, dont la pochette n’est pas sans évoquer une idée de Roxy Music, Louis Forster révèle dans son Selectorama à découvrir ci-après un éclectisme salvateur, capable de débusquer ce qui est chanson dans chaque recoin de musique. Continuer la lecture de « Selectorama : Louis Forster, The Goon Sax »

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Sous Surveillance : Delivery

Delivery
Delivery / Photo : Sam Harding

Qui ?

Delivery, toute nouvelle formation Australienne est composée de…
Rebecca Allan : basse et chant
James Lynch : guitare et chant
Lisa Rashleigh : guitare et chant
Seamus Whelan : guitare
Daniel Devlin : batterie

Tout ce beau monde joue également dans Gutter Girls, Future Suck , The Vacant Smiles, Kosmetika, House Deposit, Polly and the Pockets, Blonde Revolver, soit un panel plutôt représentatif de la scène foisonnante qui vit de ce côté-là de l’hémisphère.

Où ?

Melbourne, Victoria : The best city in the world, dixit Daniel.

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Quivers, Golden Doubt (Bobo Integral/Ba Da Bing !)

Quivers Golden DoubtCe n’est pas tous les jours qu’on se reconnecte à soi au détour d’un disque. Même si l’on a pris l’habitude de vivre avec les versions successives de soi-même, la superposition reste, la plupart du temps, un peu cloisonnée. Comme pour tout le monde, l’adolescence a façonné nos goûts de façon déterminante mais trop de choses ont changé pour que la continuité demeure autrement que sous la forme résiduelle de la nostalgie attendrie. Réécouter les albums qui ont nourri ces premières passions, procure généralement la même impression que la contemplation des photos d’enfance :  les traits sont les mêmes, bien sûr, mais le temps a laissé des traces et de l’usure, y compris dans ces chansons favorites que l’on aurait aimé préserver pour toujours. On peut les retrouver, les apprécier parfois, mais combien de fois avec une fraction significative de l’enthousiasme initiale, sincèrement ? Le souvenir des premières découvertes est quasiment devenu plus précieux que le support musical lui-même, dont la fréquentation s’avère même cruelle, de temps en temps. Et quand quelques jalons se révèlent, en apparence, inaltérables, c’est qu’ils sont devenus, au fils des ans, les compagnons et les support d’interprétations nouvelles et différentes : ce sont les mêmes œuvres, évidemment, mais dont le temps a transformé l’écoute et le sens que l’on en retire, rendant la continuité largement illusoire. Continuer la lecture de « Quivers, Golden Doubt (Bobo Integral/Ba Da Bing !) »

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Le Phare – Marco Martella, Gap Year, Jane Campion

Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine

Jane Campion
Jane Campion

J’observe un hêtre sculpté par le vent, le vert de ses feuilles semble voler dans l’air, presque se gommer. Le parfum iodé pénètre les coloris, les embaume de fadeur. Il y a pourtant, toujours, un éclat quelque part dans le paysage et cela, comme dans le tableau de William Strang qui nous montre une Vita Sackville-West coiffée d’un chapeau orange vif détonnant avec un vert de pénombre pour décor. Sackville-West a écrit un livre délicieux – Journal de mon jardin – pour les rêveurs comme moi qui n’ont pas la main verte et possèdent un jardin. Continuer la lecture de « Le Phare – Marco Martella, Gap Year, Jane Campion »