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#22 : The Sugargliders, Ahprahran (Sarah Records, 1993)

The Sugargliders
The Sugargliders, avant la tonte.

Alors que l’Académie de médecine préconise le port du masque obligatoire, me voilà affublé d’un cache-œil du plus bel effet.
Satanée tondeuse à gazon.

A l’heure exagérément matinale où d’habitude je me mets à taper sur ce clavier, j’étais encore aux urgences ophtalmologiques de l’hôpital Cochin. Moi qui n’avais plus mis les pieds à Paris depuis plus de trois semaines et cet exquis dîner chez Thomas B., je n’imaginais pas y effectuer mon piteux retour, escarbille en tête, sous de tels auspices. J’ai le plus souvent associé le terme de projection à son acceptation cinématographique, et donc à un plaisir certain de l’œil. Depuis hier je sais qu’on peut aussi plus prosaïquement la prendre de plein fouet dans la cornée. Si subsistait en moi ce vieux fond janséniste, je dirai que mes vilaines pulsions scopiques trouvaient là leur châtiment – certes moins pénible que celui subi par Abélard. Pour ma femme, tout cela relevait plutôt de l’acte manqué, et de mon peu d’empressement à tondre la pelouse – ce qui est totalement faux, j’ai toujours considéré cette activité – pas pire qu’une autre – comme un moment privilégié où me venaient les idées les meilleures, et le plus justement exprimé. Inutile de dire que pour aujourd’hui, on repassera. Car me voilà contraint, pour quelques jours au moins, à passer entre les gouttes et ne plus écrire que d’un œil – déjà que je tapais à deux doigts. Continuer la lecture de « #22 : The Sugargliders, Ahprahran (Sarah Records, 1993) »

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Selectorama : NZCA Lines

Michael Lovett / NZCA Lines
Michael Lovett / NZCA Lines

La vidéo de Pure Luxury, premier single extrait du troisième album de NZCA Lines, sort aujourd’hui. Derrière ce nom se cache Michael Lovett, cerveau unique de ce projet, membre de Metronomy et musicien de session réputé (présent dès les débuts de Christine & The Queens). Pour son Selectorama, il s’est focalisé sur ses découvertes récentes et ses influences. Ses choix sont en parfaite cohérence avec l’univers pop et électronique de ses albums, où les mélodies accrocheuses dissimulent toujours une noirceur sous-jacente. A l’image de Pure Luxury, qui met en parallèle l’obsession du paraître et le futur incertain de notre planète. Totalement d’actualité.
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I Like 2 Stay Home #21 : UK Garage, Grime & Dubstep (2000 – 2020)

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

En 2002, si depuis deux ou trois ans le UK Garage (genre né au milieu des 90s comme une réinterprétion toute britannique de la Garage House américaine y injectant influences RnB et Jungle) est en train de vivre son climax plaçant dans les charts locaux des tubes, parfois issus de l’underground, comme ceux de The Streets, Craig David, Daniel Bedingfield, Wookie, Zed Bias ou MJ Cole, cela commence à sentir le sapin car comme toujours la récupération commerciale guette. Lassés de cette marchandisation, de nombreux producteurs continuent d’œuvrer en souterrain et le genre mute vers des territoires plus sombres et expérimentaux, deux courants essentiels de la musique contemporaine vont en naître : le Grime et le Dubstep. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #21 : UK Garage, Grime & Dubstep (2000 – 2020) »

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Hugues Blineau, Le jour où les Beatles se sont séparés (Mediapop Editions)

Beatles Hugues Blineau
Photo : Hugues Blineau via la page facebook du livre

Le 10 avril 1970, je ne suis pas née. Je ne suis même pas encore à l’état de projet pour mon père et ma mère qui, par ailleurs, ne se sont pas encore rencontrés. En avril 1970, ma mère fait l’amour pour la première fois, je le sais car j’ai retrouvé son journal d’adolescente lorsque j’ai vidé son appartement après sa disparition. Le 10 avril 1970, les Beatles se séparent et si je ne suis pas sûre que cette nouvelle perturbe beaucoup ma mère, je suis en revanche certaine que mon père, ses cheveux longs et sa guitare en sont assez peinés, lui qui adorait George Harrison à qui il ressemblait vaguement. Mais de tout cela, je me fiche pas mal, je n’ai jamais été très fan des Beatles, même si comme tout le monde je peux citer un certain nombre de leurs chansons. Il y a celles que je déteste comme Ob-La-Di, Ob-La-Da ou Let It Be, et celles que j’aime beaucoup comme Sexy Sadie ou Come Together, mais il faut bien avouer que je ne me relève pas la nuit pour les écouter. Je me souviens d’avoir entendu les démos du White Album avec un garçon et d’avoir trouvé que Happiness is a warm gun était meilleure ainsi. Mais j’ai aussi souvent discuté avec un autre garçon qui qualifie les Four Guys de baltringues. Et, comme il est du genre persuasif, il a fini par m’en convaincre. Continuer la lecture de « Hugues Blineau, Le jour où les Beatles se sont séparés (Mediapop Editions) »

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I Like 2 Stay Home #20 : Mute early years (1978-1988)

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

Daniel Miller n’avait qu’une seule ambition en créant Mute Records en 1978 : sortir un single de son projet solo The Normal. S’il a par la suite signé Depeche Mode, Nick Cave & The Bad Seeds ou plus récemment New Order, cette partie immergée de l’iceberg a souvent fait de l’ombre à des sorties plus expérimentales. La passion de Miller pour la scène allemande des années 70 (Kraftwerk, Can, Neu! et consorts), a marqué au fer rouge les premières années du label. C’est cette facette que nous avons décidé d’explorer avec playlist qui montre également à quel point Mute était une histoire de famille. Les membre de Depeche Mode, Wire, Fad Gadget ont par exemple créé d’autres groupes, collaboré avec des artistes Mute ou bien sorti des projets solos. Les grosses pointures de l’époque ont depuis quitté le navire, mais quarante-deux années après sa création, Mute Records est encore un formidable laboratoire de recherche. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #20 : Mute early years (1978-1988) »

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#20 : The Wedding Present, You Should Always Keep In Touch With Your Friends (Reception, 1986)

Chers,

Christophe C., Laurent M., Marcos M., Laurence C., Jean-Philippe B., Karine M., Cathy D., Patrice C., Sylvie M., André D., Marie D., Christophe et Nathou B., Cyril C., Marie M., Stéphane A., Christophe P., Karine L., Olivier M., Joris C., Stéphane T., Bérengère L., Marie D., Emmanuelle S., Marianne L., Trufo, Sylvie B., Anne P., Marie-Laure L., Philippe T., Pascal S., Seb D., Fred B., Nicolas G., Christian M., Franck L., Frédérique C., Anna D., Mark R., Marc M., Virginie A., Philippe T., Khalid M., Catherine B., Jean-Sébastien C., Christian B., Serge K., Franck L., Jean-Baptiste M., Chloé L., Eric B., Yohan L., Aurélie A., Loïc W., Nicolas M., Valentine H., Jérôme R., Aurélie D., Lionel J., Julien W., Thomas S., Tariq T., Florence A., Viviana A., Thomas B., Alexandra F., Nicolas P., François G., Anne M., Jack B., Gérard B., Fabienne B., Marianne S., Camille J., Chan C., Arnaud V., Alex A., Emmanuelle P., Sébastien G., Christophe G., Uwe G., Jean-Daniel D., Pascal B., Olo D., Charlotte S., Catherine G., Roland T., Jean-Charles C., Wissam C., Joana H., Khalil J., Kris H., Stan B., Sam D., Frédéric B., Le Groupe Tzigane Vortex, Robert W., Karine V., Jean-Louis G., Pierre L., Alain G., Cynthia D., Marie-Pierre C., Nicholas C., Béa H., Eric F., Frédéric M., Hocine C., Laeticia T., Cyril D., Tony A., Continuer la lecture de « #20 : The Wedding Present, You Should Always Keep In Touch With Your Friends (Reception, 1986) »

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I Like 2 Stay Home #18 : Burt Bacharach

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

Burt Bacharach et Dionne Warwick
Burt Bacharach et Dionne Warwick

Bien sûr, je ne savais pas du tout, lors de ces vacances de Pâques du début des années 1970, que la mélodie que je chantais à tue-tête dans les couloirs d’un hôtel d’Itxassou vers les six heures du matin, au grand désarroi de ma mère, était de lui… Mais forcément, ce doit être le genre d’expérience qui marque – sans tout expliquer, n’exagérons rien –, même s’il s’agissait d’une version française que j’avais d’ailleurs moi-même adaptée : “Toute la pluie tombe sur moi / Mais moi, je ne m’en fais pas…” (vous pouvez vérifier, ce ne sont pas les paroles que chante Sacha Distel dans la chanson parue en 1970). Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #18 : Burt Bacharach »

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#10 : Missing Scientists, Big City Bright Lights (Rough Trade, 1980)

Missing Scientists en milieu (presque) stérile.

A force depuis plus de dix jours de vivre ainsi les uns sur les autres du matin au soir (mais Dieu ou Marx merci, pas du soir au matin !), il fallait bien que les questions qui fâchent ressurgissent, malgré nos perspectives d’avenir émoussées.
« Anton, tu sais ce que tu veux faire plus tard ? – Je sais pas moi, genre ornithologue. – Tu veux dire le truc avec les oiseaux ? T’es sûr ? – Ou alors océanographe. Sinon, paléontologue c’est bien aussi, l’étude des fossiles et tout. – Tu ne veux pas plutôt faire prof de lettres ? Ou bibliothécaire, comme tonton Jeanphi et la Karen des Go-Betweens ? Bibliothécaire, mon grand, peut-être le plus beau des métiers du monde. – Non, ça c’est tout cramé. Une chose qui est certaine c’est que ça sera un métier scientifique, on voit bien qu’on en manque en ce moment, avec le virus et tout ». La conversation tenta de se prolonger en claudiquant, avant de s’embourber dans un fatras inextricable convoquant chloroquine, masques FFP2, vaccins et chercheurs manquants – ou en manque, je ne sais plus. Faute de crédibilité et de bagage (quel ascendant peut-on prendre sur un enfant de 14 ans quand on se targue d’avoir obtenu un Bac littéraire et quasi rien derrière ?), je n’eus bientôt plus voix au chapitre. Avant que tout – le désir, le vin, le temps, la mauvaise foi – ne vienne à manquer, je rapatriais l’unique 45 tours des Missing Scientists, considérant qu’il pouvait faire office d’honnête appendice au post de la veille. Continuer la lecture de « #10 : Missing Scientists, Big City Bright Lights (Rough Trade, 1980) »