De leurs débuts tonitruants dans les années 90 où ils brûlaient une effigie de Morrissey devant sa maison de disques – et devant les photographes des tabloïds anglais, à leur adoubement par le roi de l’Oasis, Noël Gallagher, en passant par le coup d’accélérateur donné à leur carrière par Fatboy Slim qui signait un remix de Brimful Of Asha, on pouvait aisément ne retenir qu’un énorme nuage de fumée épaisse, de la poudre de perlimpinpin pour un gogo indie (comme moi), des cônes d’encens pour touristes musicaux (comme moi). Cornershop, c’était et c’est évidemment beaucoup d’autres choses qui valent bien mieux que ce parcours en pointillé. Continuer la lecture de « Cornershop, England Is A Garden (Ample Play) »
Étiquette : Lieu : Angleterre
Catégories sunday archive
Doves – Vague à l’âme
Pour les 30 ans de Heavenly Recordings, retour sur les immenses Doves
Cette histoire, elle aurait bien pu être un scénario destiné aux garants du Nouvel Hollywood. Et elle aurait sans doute donné naissance à un beau film, réalisé en noir et blanc par Martin Scorsese ou Francis Ford Coppola. Imaginez un peu : il y aurait été question d’amitié et de gars comme vous et moi, d’ascension surprise, de chute vertigineuse, de scoumoune et de mauvais œil, de disparitions, de détermination et de réincarnation. De loyauté. Une belle histoire donc, à laquelle on aurait peut-être eu du mal à croire d’ailleurs. Si elle ne s’était en fait déroulée sous nos yeux…
Car tout cela, et même un peu plus, est bel bien arrivé aux Doves, formation née en 1998 en guise de coup de poker, groupe de la dernière chance pour ses membres Jimi Goodwin et les jumeaux Jez et Andy Williams, animés d’une foi intacte malgré les déboires de leur précédente aventure sous le nom de Sub Sub. Continuer la lecture de « Doves – Vague à l’âme »
Catégories billet d’humeur
C’était un 7 mars.
Jour pour jour en 1983, New Order sortait « Blue Monday ».
C’était un 7 mars, donc. Je pourrais récrire l’histoire et dire que, si ce n’est le jour même, j’ai acheté ce disque la semaine de sa sortie – à New Rose, après avoir été poursuivi par une horde de skinheads assoiffés de sang. Mais non. Ce n’est pas si important la date exacte de l’achat d’un disque. L’important, c’est l’impact. L’impact de la chanson. L’impact des images. Parce que je me souviens avoir vu la prestation de New Order à Top Of The Pops aux Enfants du Rock, présenté par Lenoir – c’était il me semble dans la version du samedi soir (et non du jeudi soir), à une heure tardive sur la 2e chaine (quand même, quel coup de génie du directeur de la chaine : programmer une émission un jour et à une heure où la cible privilégiée est en train de, au choix, siroter des bières éventées, danser dans une boite dite new-wave ou dans une surboum, de pogoter à un concert, de draguer, de baiser). Moi, j’étais trop jeune pour participer à tout cela – le « trop jeune » avait été décrété par mes parents. Mais ils ne se doutaient pas que de me donner la permission de regarder pareille émission allait avoir des conséquences prégnantes dans les années qui allaient suivre. Continuer la lecture de « C’était un 7 mars. »
Catégories interview
The Proper Ornaments : « Notre seule règle était que tout devait rester simple. »
Nouvel album pour les anglais, à peine quelques mois après le précédent.
Quelques mois après la parution de 6 Lenins, les Proper Ornaments sont de retour avec Missions Bells. Plus aéré et synthétique que son prédécesseur, ce cinquième album a été conçu dans la foulée de la dernière tournée du groupe. Sans jamais se répéter, James Hoare et Max Oscarnold y perpétuent la tradition d’une pop psyché mélancolique et intemporelle. Ils nous ont accordé un entretien où ils reviennent sur les dix ans du groupe, la vie dans les squats et la précarité, mais surtout leur attachement au Do It Yourself. Derrière l’apparente mélancolie et la douceur de leur musique, les Proper Ornaments ne seraient-ils pas l’ultime groupe punk ? Continuer la lecture de « The Proper Ornaments : « Notre seule règle était que tout devait rester simple. » »
Catégories interview
Mark Hollis, une interview oubliée – Janvier 1998
Le 25 février 2019 a été une journée noire pour tout admirateur de la pop anglaise dans ce qu’elle a de plus ambitieux, avant-gardiste et intemporel, un peu plus de trois ans après le chant du cygne de Bowie. La disparition de Mark Hollis, dont nous n’avions presque plus aucune nouvelle depuis 1998, sonnait le glas de nos espoirs d’entendre à nouveau sa voix si particulière, lui qui osa l’utiliser comme un instrument (oui, c’est un cliché !), mais un de ceux dont personne n’avait joué avant. Je me consolais en me disant que j’avais eu la chance de le rencontrer il y a plus de vingt ans, quelques semaines après Christophe Basterra dont l’article figure ici-même. Je ne vais donc pas ajouter grand-chose de plus, il l’a si bien écrit.
Mais… Continuer la lecture de « Mark Hollis, une interview oubliée – Janvier 1998 »
Catégories hommage, interview
Sale temps pour la musique
Interview inédite d’Andy Weatherall en 2011, pour la réédition de « Screamadelica »
La musique compte chaque jour ses morts. Mais celle d’Andy Weatherall, si elle peut laisser indifférent le grand public (“Qui ça ?”) a été saluée avec la plus grande émotion par ses pairs. Tous, y compris ses admirateurs anonymes au moins aussi reconnaissants, ont insisté sur le sens de l’humour, la gentillesse, le savoir vivre et la culture extra-musicale du monsieur. Il serait trop fastidieux de rappeler que Weatherall a changé la musique pop dès sa deuxième production en 1989 avec Loaded de Primal Scream. Mais celui qui était toujours capable d’initier Convenanza en 2013, un nouveau festival défricheur et intimiste à Carcassonne, a surtout refusé de capitaliser sur sa réputation et de devenir sans trop se fatiguer un “gros” DJ et producteur discographique de stars. Il a préféré explorer les marges sans relâche, quitte à nous perdre parfois en route bien au-delà de Sabres Of Paradise, Two Lone Swordsmen et tout ce qui est sorti sous son nom. Il faudra encore du temps pour bien écouter, essayer de comprendre et peut-être réaliser à qui nous avions affaire derrière ses différentes identités sonores. Pour donner un exemple évident, la liste désormais détaillée des samples de Loaded ne saurait à elle seule expliquer le résultat final. Weatherall reste aujourd’hui encore un pionnier musical tous azimuts, toutes directions. Continuer la lecture de « Sale temps pour la musique »
Catégories chronique nouveauté
Ben Watt, Storm Damage (Unmade Road/Caroline)
Sa discographie, souvent brillante, et qui s’étend désormais sur plus de quatre décennies en atteste : Ben Watt n’a jamais été l’homme du statu quo musical. Et même si Storm Damage semble s’inscrire dans la continuité chronologique de ses deux précédents albums solo, publiés depuis son retour aux affaires extra-conjugales en 2014, les inflexions instrumentales construisent ici une toile de fond toute différente où se projettent des états d’âme toujours plus personnels, où semble dominer la triste sérénité issue de la résignation au deuil. Continuer la lecture de « Ben Watt, Storm Damage (Unmade Road/Caroline) »
Catégories documentaire, festivals
FAME 2020 : A Dog Called Money de Seamus Murphy, avec PJ Harvey
De l’amitié entre le photo-reporter Seamus Murphy et la singer-songwriter PJ Harvey, nous savions déjà qu’il en avait résulté un album de cette dernière (Let England Shake en 2011) mis en images par une série de courts films réalisés par ce dernier. Cet album ajoutait une corde inattendue à l’arc discographique de la mythique recluse du rock britannique qui, parmi les multiples masques souvent introspectifs égrenés au fil de sa solide carrière, nous offrait cette fois-ci un visage tourné vers une observation grave mais poétique du monde extérieur, sous la forme d’un portrait de l’Angleterre qu’on ne savait pas encore pré-Brexit. Continuer la lecture de « FAME 2020 : A Dog Called Money de Seamus Murphy, avec PJ Harvey »