Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Captain Wilberforce, When The Dust Just Won’t Settle (Blue Tuxedo)

L’artifice rhétorique est souvent associé aux tentatives de réhabilitation des œuvres jugées trop confidentielles par ceux mêmes qui les louent. Pour mieux inciter, sans doute, le lecteur avide de découverte distinctive à leur emboiter le pas, les critiques ont pris l’habitude d’abuser de la métaphore du secret : ceux que l’on garde jalousement et que seuls les initiés dévoilent et se partagent avec une parcimonie qui permet d’entretenir le sentiment du mystère et du privilège. En dépit de son absence à peu près totale de notoriété ou de  reconnaissance publique – à l’exception, certes notable, de quelques passages sur les ondes nationales britanniques – Captain Wilberforce n’évoque pourtant ni de près, ni de loin ces arcanes musicales énigmatiques qui ne se découvrent qu’au terme d’un cheminement tortueux. Continuer la lecture de « Captain Wilberforce, When The Dust Just Won’t Settle (Blue Tuxedo) »

Catégories mixtapeÉtiquettes , , ,

Le club du samedi soir #2 : Factory Lost Classics X2

En début de semaine, il n’était pas possible de passer sous silence le retentissant quarantième anniversaire de la disparition de Ian Curtis. Puis, au courant de la semaine, nous avions évoqué ce Factory All Stars qui s’inscrivait en parfaite illustration de ce qu’était l’écrin du label Factory, l’Haçienda, club légendaire s’il en est. Pour incarner ces années extrêmement prolifiques, Nicolas Plommée et Alex Mimikaki ont choisi de proposer un choix de raretés piochées dans les années Factory, en évitant le phagocytage Joy Division / New Order. Une mixtape à laquelle Christophe Basterra à eu envie de s’atteler aussi… Deux fois valant mieux qu’une, voici leurs sélections. Dance On.

Continuer la lecture de « Le club du samedi soir #2 : Factory Lost Classics X2 »

Catégories selectoramaÉtiquettes , , ,

Selectorama : Tim Burgess

Tim Burgess / Photo : Cat Stevens

Il est loin, le temps des premiers Charlatans. L’inépuisable Tim Burgess sort I Love The New Sky demain, son cinquième disque solo. Mi pop mi expérimental, ce nouvel album est la synthèse parfaite de ses trente années au service de la pop. De l’hommage appuyé au Boys Don’t Cry de The Cure sur Empathy For The Devil au subtil mariage électro acoustique de Laurie, Tim Burgess donne l’impression de ne rien s’être refusé. L’envie de se faire plaisir est palpable, mais la sagesse le fait rester dans la retenue. C’est cet équilibre qui fait de I Love The New Sky un album réussi. L’enthousiasme et la passion de Tim Burgess ont récemment contribué au succès des listening parties qu’il a organisé sur Twitter pendant le confinement. Pendant ces sessions d’écoute où il est souvent possible de discuter avec les artistes eux-mêmes, Burgess est capable de vanter son amour du Boat To Bolivia de Martin Stephenson & The Daintees comme du Love de The Cult. Cet éclectisme musical et sa soif de découverte transpirent dans ce Selectorama. Il y a quelques années certains indie kids arboraient un t-shirt “Who the fuck is Tim Burgess ?”. Cet homme mériterait que plus personne ne se pose cette question. Continuer la lecture de « Selectorama : Tim Burgess »

Catégories 45 tours de (dé)confinementÉtiquettes , , , , , , ,

#45+3 : Joy Division, Love Will Tear Us Apart vs. Girlschool, Nothing To Lose (Factory vs. Bronze, 1980)

Girlschool / Joy Division, Nothing To Tear Us Apart.

« Le hard rock, c’est comme la Ligue Communiste Révolutionnaire. Ce qui est grave, ce n’est pas d’y passer, mais d’y rester. »

(Anonyme, Congrès de l’Hay-les-Roses, novembre 1979)

« She wears denim wherever she goes /
Says she’s gonna get some records by the Status Quo /
Oh yeah oh yeah »

(Teenage Fanclub, The Concept, novembre 1991)

Qui prétend qu’en mai 1980 je portais une veste à patchs ? Une Rica Lewis sans manches, délavée comme il faut, et constellée d’« écussons » – c’est ma mère qui coud, c’est ma mère qui cause. AC/DC, Judas Priest, Thin Lizzy, Rainbow et Trust« L’élite est entrée sans préveniiiir !!», faudra ensuite s’échiner à la faire sortir fissa.
Eric frime, il est le seul à arborer un Motörhead grand format au dos de la sienne, ce qui lui permet à coups d’Umlaut de faire le malin en cours d’allemand. Parfois la Singer peine et cale. Faut finir le boulot à la main, on saisit l’intérêt du dé à coudre. Continuer la lecture de « #45+3 : Joy Division, Love Will Tear Us Apart vs. Girlschool, Nothing To Lose (Factory vs. Bronze, 1980) »

Catégories billet d’humeurÉtiquettes , , , , ,

Deuxième Division

Ian Curtis est mort il y a 40 ans jour pour jour. Et si ce n’était jamais arrivé?

Joy Division et Kurtis

Ils ne s’étaient jamais reformés et s’il a accepté, c’est uniquement pour permettre aux autres de mettre un peu de beurre dans leurs épinards : le groupe qu’ils ont formé après son départ n’a jamais connu de succès et a fini par se séparer, faute de combattants. Un parcours totalement inverse au sien, puisqu’il bénéficie aujourd’hui aussi bien d’une immense crédibilité que d’un compte en banque enviable. Pourtant, qui aurait misé, à l’aube des années 80, sur ce chanteur épileptique qui semblait porter sur ses frêles épaules toute la misère du monde ? Ian Curtis envisage aujourd’hui la chose avec philosophie. Dit qu’il a eu la chance, après des débuts laborieux, « d’être au bon endroit au bon moment », et qu’il ne regrette aucun choix qu’il a pu faire. Y compris celui de reformer Joy Division quarante ans après avoir quitté le navire.

Continuer la lecture de « Deuxième Division »

Catégories sunday archiveÉtiquettes , , , ,

Badly Drawn Boy, année 00

Damon Gough, alias Badly Drawn Boy / Photo : Olivier De Banes

Il est des chansons qui, dès l’intro, vous font réaliser une impressionante culbute spatio-temporelle. Disillusion, l’un des singles extraits du pléthorique premier album de Badly Drawn Boy, The Hour Of Bewilderbeast, paru en l’an 2000, est de celles-là. Alors, dès que retentit le premier roulement de batterie, c’est un vendredi ou un samedi soir dans la cave du Pop In (11 rue Amelot, à Paris), à une époque où je fumais cigarette sur cigarette – au grand dam de Robert qui voyait la cendre tombée sur les vinyles, les platines et la console – en sirotant du vin blanc – certaines légendes parlent aussi de pintes de whiskey orange ou de vodka pamplemousse mais je crois que ce ne sont que des légendes. Continuer la lecture de « Badly Drawn Boy, année 00 »

Catégories mixtapeÉtiquettes , , , ,

I Like 2 Stay Home #51 : I painted such a picture that golden fires burned in your head

Un mix thématique par jour à écouter en temps de confinement.

Ce n’est pas toujours le cas, mais pour certains groupes, certaines chansons, vous vous souvenez très précisément du moment où vous les avez écoutés pour la première fois. Je n’en ai pas le temps et vous n’avez sans doute pas l’envie que je dresse une liste exhaustive de toutes ces fois-là. Mais bizarrement, je me rappelle très bien que j’ai découvert The Lovecats de The Cure (le groupe m’était déjà familier) un soir de l’automne 1983, vers 22 heures, sur un petit poste de radio dissimulé sous mon oreiller alors que j’écoutais l’émission Feedback de Bernard Lenoir. Oui, vous vous en doutez – et j’en ai déjà parlé : je me rappelle aussi très bien de la première fois où j’ai écouté Felt et de quelle chanson il s’agissait. Continuer la lecture de « I Like 2 Stay Home #51 : I painted such a picture that golden fires burned in your head »

Catégories 45 tours de confinementÉtiquettes , , , ,

#45+1 : The Sea Urchins, Pristine Christine (Sarah Records, 1987)

The Sea Urchins
Oursins de mer sur leur lit de Sarah.

La voisine du troisième m’observait d’un sale œil alors que j’étais accroupi dans la cour, occupé à ramasser le verre brisé. Synchrone avec l’acmé de nos effusions sonores, le carreau avait bruyamment volé en éclat, traversé par sa paume ouverte qui criait une douleur n’appartenant qu’à elle. Tu ne vois ni ne comprends jamais rien, balaya-t-elle d’un geste qui faisait écho au mien, essaimant quelques gouttes de sang qu’il me faudrait aussi nettoyer. Rien de méchant pour autant, la plaie s’avérait moins profonde que son désarroi, pas de quoi retourner aux urgences. Novembre était compliqué, octobre avait été pire. Le pic de la crise était survenu la semaine de la sortie de Sonic Flower Groove, le premier LP de Primal Scream, qui du coup s’était paré d’une teinte plus sombre. Son humeur pouvait déteindre sur certains disques, ou en raviver les tréfonds. Ainsi Darklands qui presque instantanément était devenu à son contact un disque de fin d’automne, dans lequel on entrait comme dans une nuit profonde. A considérer les disques comme des balises mouvantes, vibratiles, le lendemain du jour du carreau j’allais en rencontrer un qui m’ouvrirait les portes d’une autre maison, guère plus vaste, mais dont la luminosité n’a jamais décliné. Continuer la lecture de « #45+1 : The Sea Urchins, Pristine Christine (Sarah Records, 1987) »