STR4TA, Aspects (Brownswood)

Un douze pouces, white label, tamponné à la main : le premier single de STR4TA renoue avec l’idée d’une certaine culture underground britannique. Si les maxis de jungle, de grime ou de breakbeat sortaient souvent de la sorte, l’époque a cependant changé. Le disque s’est vendu majoritairement en un rien de temps en ligne, directement sur le bandcamp du groupe. Sur STR4TA nous ne savons pas grand chose, aucun crédit à se mettre sous la dent sur Discogs, les archéologues et les gratteurs d’informations en seront frustrés. La présentation nous informe que le disque a été enregistré dans un hangar à Londres avant le confinement et complété depuis. Publié par Brownswood, label de Gilles Peterson, le single trace un trait d’union entre le passé (Talkin’ Loud) et le présent du DJ britannique (la scène jazz actuelle britannique). Le propos de STR4TA est en effet limpide. Le collectif ravive la flamme d’une brit-funk fiévreuse, matrice de genres comme l’acid jazz ou le broken beat. Les Anglais évoquent particulièrement Freeez et Atmosfear. Des premiers, ils ont retenu une approche presque punk du jazz-funk, une manière de jouer vive, frénétique, sans retenue et avec toujours en tête de faire danser les gens. Ils nous remémorent les classiques du groupe tels que Caribbean Winter, Southern Freez ou Keep in Touch. Des seconds, ils ont magnifié l’approche club. Aspects fait écho à Dancing In Outer Space. Le mix dub (en face B) en offre presque le prolongement. Comme ses glorieux aînés, STR4TA étire les durées, utilise le chant comme un instrument pour mieux installer le groove, le laisser s’épanouir. D’une certaine manière, Aspects est un morceau de dance music organique. La Face B renforce ce sentiment. La réinterprétation dub du titre en extirpe une matière presque broken beat. Le morceau se glisserait ainsi parfaitement entre un Bugz in the Attic et un Chicken Lips. En ces temps de pandémie, rêvons de lendemains où nous pourrions danser sur ce genre de morceaux et retrouver la convivialité et l’humanité d’un club (ou d’une salle de concert) rempli.

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