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Stranger Teens #24 : « Rich » par Lloyd Cole & The Commotions

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

Septembre 1985, bientôt treize ans. C’est la dernière rentrée au collège et il n’y aucune raison qu’elle diffère des trois précédentes. Les moellons centenaires du gigantesque bâtiment qui s’étend jusqu’au lycée sont semblables aux cellules de la paroi d’un gigantesque utérus. Ma mère ne se contente pas d’enseigner au sein de cette vénérable institution : elle l’incarne. Fils de, je demeure voué à prolonger l’excellence scolaire, attendue comme une simple évidence, dans cet environnement où la vigilance panoptique s’exerce à tous les instants. Mon meilleur ami – le seul en réalité – est le fils d’une ancienne élève idolâtre. Tous mes professeurs me connaissent avant même de me rencontrer et relaient mes succès – l’échec n’a jamais été une option envisageable – à l’autorité familiale omniprésente avant même que j’en sois informé. Continuer la lecture de « Stranger Teens #24 : « Rich » par Lloyd Cole & The Commotions »

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Stranger Teens #23 : « Californication » par les Red Hot Chili Peppers

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

On est le 21 avril 2006, aux alentours de 8h30 dans la cour de mon collège de Haute-Savoie. J’ai 14 ans et ce matin-là, je suis surexcitée au moment de faire la bise à mes copines. Je leur raconte que la veille au soir, j’ai regardé en direct sur Canal+ un concert des Red Hot Chili Peppers à la Cigale. Attirée par la musique et les exclamations de mon père (toujours très expressif devant la télé), je m’étais timidement levée de mon lit pour le rejoindre au salon. Je n’avais vu que très peu de concerts, que ce soit en vrai ou à l’écran, et c’est avec une fascination immédiate et toute nouvelle pour moi que j’ai observé Anthony Kiedis, son look insensé, sa manière de bouger sur scène, puis John Frusciante, reprenant How Deep Is Your Love avec cette voix de fausset insoupçonnable. Continuer la lecture de « Stranger Teens #23 : « Californication » par les Red Hot Chili Peppers »

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Stranger Teens #22 : « Every You, Every Me » par Placebo

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

Certes, il y avait eu ce premier album. La pochette étendard avec le cliché qui rappelle les pochettes de Siamese Dream des Smashing Pumpkins et évidemment Nevermind de Nirvana. Les chansons comme 36 Degrees ou comme Nancy Boy. Mais il faut avouer qu’à part le beau gosse de Terminale littéraire ou quelques silhouettes longilignes aperçues au loin dans le foyer… Le premier Placebo avait fait un grand flop chez ceux qui quittaient le collège pour le lycée et qui donc vivaient le grand flip. Et puis on avait Oasis ou des disques de nu metal à acheter… Continuer la lecture de « Stranger Teens #22 : « Every You, Every Me » par Placebo »

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Black Bach, clap de fin.

Lamont Dozier, génie de la soul, s’est éteint hier.

Lamont Dozier
Lamont Dozier

Le décès de Lamont Dozier ne fera peut-être pas les gros titres, pourtant sa contribution à la musique pop telle que nous l’aimons est monumentale. Auteur (seul ou à plusieurs) de quatorze numéro uns aux États-Unis et quatre au Royaume-Uni, il appartient à notre mémoire collective. Tout le monde a certainement déjà fredonné ou dansé sur une chanson qui porte sa signature. Continuer la lecture de « Black Bach, clap de fin. »

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Stranger Teens #21 : « Lithium » par Nirvana

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

1993, j’ai 13 ans et je m’ennuie fortement dans ma chambre d’ado à Boulogne Billancourt. Je n’ai pas de grande sœur ou de cousin cool pour m’initier à une sub culture dont seuls les ados auraient les codes; certains camarades de classe arborent des patchs d’Iron Maiden et Sepultura sur le dos de leur vestes en jean sans que ça me suscite une quelconque curiosité. Je tourne en rond entre mes quatre murs tapissés, j’ai bien quelques cd qui traînent (Michael Jackson, Guns N’ Roses…) mais sans que ça développe quoi que ce soit de viscéral chez moi. Continuer la lecture de « Stranger Teens #21 : « Lithium » par Nirvana »

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Laura Veirs, Found Light (Bella Union)

She//In the dark//Found light//Brighter than many ever see

Langston Hughes

Ne pas faire comme si.

L’œuvre de Laura Veirs se nourrit d’autobiographie, et l’infusion de sa vie comme de ses lectures dans ses chansons ne saurait être éludée au nom d’une approche non biographique qui risquerait, dans le présent cas, de manquer la rencontre : Found Light paraît après le divorce de Veirs d’avec Tucker Martine, batteur-producteur couru et à l’œuvre à la réalisation sur tous les disques de l’autrice-compositrice-interprète depuis Carbon Glacier (2004) et Year of Meteors (2005), premiers de ses albums sortis sur Nonesuch/Warner, avec l’exposition correspondante. Continuer la lecture de « Laura Veirs, Found Light (Bella Union) »

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Stranger Teens #20 : « Stand By Me » par Ben E. King

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

Hiver 1992. J’ai 13 ans, l’air d’en avoir 9, un duffle-coat rouge et des lunettes. Mon collège organise un échange avec Wellington, un pensionnat anglais pour enfants privilégiés. Nous ne sommes presque que des filles à partir, il n’y a presque que des garçons (en uniforme), j’entrevois l’espoir d’un premier baiser. Après presqu’une semaine de rêve dans un cadre magique bien avant l’apparition du sorcier à lunettes, c’est au tour des anglais de venir chez nous. Les premiers couples sont déjà formés, et dans un élan de courage, j’ai osé dire au timide Robbie qu’il me plaît pendant 58 Minutes Pour Vivre, le premier film que mes parents m’ont laissé aller voir seule au cinéma. Continuer la lecture de « Stranger Teens #20 : « Stand By Me » par Ben E. King »

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Anton Newcombe : « Je ne suis pas une personne sentimentale. »

Anton Newcombe
Anton Newcombe – The Brian Jonestown Massacre  / Photo : Thomas Girard

Nous sommes en juin, dans la cour du Chabada d’Angers pour le festival Levitation France. Il est environ minuit, la deuxième soirée de concerts se termine lorsque je reçois la nouvelle par email : interview avec Anton Newcombe demain à 14h30, à prendre ou à laisser. L’emblématique leader de The Brian Jonestown Massacre vient tout juste de rendre réponse. Je m’en veux de ne pas avoir anticipé, d’avoir mis de côté cette demande un peu ambitieuse lancée des semaines plus tôt ; évidemment que ça se passe comme ça avec Anton Newcombe, la veille à minuit. Difficile de résumer en quelques lignes ce que représente The Brian Jonestown Massacre pour tous ceux qui, ce soir-là, portent au poignet le bracelet d’un festival comme celui-ci ; pour la plupart des amateurs de rock indépendant rencontrés au cours de ma vie d’adulte d’ailleurs. Anton Newcombe, c’est le seul membre permanent depuis 1990, et celui sur qui tout repose depuis le départ de l’autre esprit du groupe, Matt Hollywood, il y a vingt ans. C’est celui qui parle de son dix-neuvième album l’après-midi et chante les titres des deux prochains à venir le soir, en vociférant, fidèle à la réputation explosive que Dig! lui a forgée au début des années 2000 : « J’en ai rien à foutre que vous ne connaissiez pas ces chansons, moi je sais ce qu’elles valent ». Anton Newcombe, c’est bien plus que tout ça, alors ma réponse ne s’est pas faite attendre : « 14h30, c’est ok pour moi ».  Continuer la lecture de « Anton Newcombe : « Je ne suis pas une personne sentimentale. » »