Sur les rares archives qui subsistent de ses épisodiques apparitions télévisuelles au début des années 1970, Dave Evans semble s’effacer tout entier derrière son instrument, cette guitare à caisse verte qu’il a lui-même bricolée pour mieux l’adapter aux exigences si particulières d’un style à la fois limpide et percussif. Les yeux et la bouche entièrement clos, esquissant tout juste un demi-sourire, il s’abandonne intégralement aux délices de la virtuosité, concentré sur l’objectif prodigieux : faire surgir de ses dix doigts le déluge de notes que d’autres, Davy Graham ou Bert Jansch inclus, peineraient à susciter même si la nature les avaient généreusement dotés de quatre mains. Continuer la lecture de « Dave Evans, The Words In Between (Earth Recordings) »
Catégories interview
Bernard Estardy – Le géant aux doigts d’or (2ème partie)
On a déjà évoqué dans la première partie de cet entretien avec Julie Estardy, le côté anglo-saxon du génie de son père, Bernard Estardy, son éclectisme musical, cette aptitude à passer sans le moindre cynisme des musiques savantes ou ambitieuses (Manset, Ferrer) aux rengaines les plus populaires (Carlos, Jean-Pierre François…). On a longuement évoqué cette vitalité et cette générosité inépuisables qui lui permettaient, un jour, de sculpter des cathédrales sonores (La Mort d’Orion de Manset, Le Lac Majeur de Mort Shuman, La Veuve de Joe Stan Murray de Julien Clerc, L’Albatros de Joe Dassin…), et le lendemain, de façonner des tubes taillés pour les pistes de danse (Magnolias For Ever, Alexandrie Alexandra, apothéose de sa collaboration avec Claude François, le J’attendrai de Dalida avec sa rythmique disco imparable ou, dans un autre genre, le Jolie Poupée de Bernard Menez, le Papayou de Carlos). Mais justement, s’inspirait-il de modèles étrangers pour la prise de son ou le mixage ? Et plus largement, s’intéressait-il à la pop anglo-saxonne ? Continuer la lecture de « Bernard Estardy – Le géant aux doigts d’or (2ème partie) »
Catégories interview
Graham Nash
Parfois éclipsé par les talents conjugués de ses fameux collaborateurs, longtemps relégué au second – et même au quatrième – plan par les ombres portées des egos surdimensionnés de David Crosby, Stephen Stills ou Neil Young, Graham Nash semblait se contenter de ce statut de médiateur artistique, se consacrant presque exclusivement tout au long des années 2000 à entretenir le patrimoine de CSN. Pourtant, les publications consécutives d’une version française de sa passionnante autobiographie – Wild Tales, 2015 (traduite chez Le Mot et le Reste) – d’un nouvel album solo – This Path Tonight, 2016 – puis, cette année d’une copieuse compilation rétrospective enrichie d’inédits – Over The Years… (chronique à lire ici) – sont venues nuancer ce tableau trop tranquille et trop lisse. C’est bien ce qui transparaissait de ces propos que nous avions recueillis il y a deux ans de cela, lors de l’étape parisienne d’une tournée solo mémorable. Septuagénaire fringant et compositeur toujours inspiré, l’ex-Hollies revisite dans cette interview, avec une liberté de ton toute neuve, une partie de son passé tout en tentant d’échafauder les perspectives d’un avenir moins collectif. Il en profitait également pour régler au passage le solde de quelques vieux comptes : un bilan sans concession qui apparaît au fil de ces quelques mots-clefs. Continuer la lecture de « Graham Nash »
Catégories chronique réédition
Graham Nash, Over The Years… (Rhino/Warner)
L’anecdote provient en ligne directe de l’un des éminents contributeurs de ce site. La scène se déroule dans les coulisses de l’Olympia en 2015, lors de la dernière excursion parisienne de Crosby, Stills & Nash. Alors que ses deux comparses à la tuyauterie ravagée par les excès se contentent d’arroser leur after-show à l’eau minérale, le plus fringant des trois se paie allègrement leurs fioles en les narguant de toute la hauteur des quelques gin tonic qu’il peut, seul, s’autoriser à écluser sans craindre d’y laisser sa peau de septuagénaire. Elle résume assez bien les détours revanchards et ambivalents d’une très longue histoire qui s’étale désormais sur cinq décennies et que synthétise une fois de plus ce Best Of de Graham Nash. Continuer la lecture de « Graham Nash, Over The Years… (Rhino/Warner) »
Catégories chronique nouveauté
Crack Cloud, Crack Cloud (Tin Angels Rcds)
Supersonic à Paris, le 23 juin dernier à 23 heures. Nous attendons de pied ferme les Canadiens de Crack Cloud. Le bouche à oreille a fait son petit effet dans le circuit underground rock parisien, et tout ce beau monde est au premier rang en formation resserrée, attendant patiemment le début des hostilités. Sans faire de name dropping, le public dessinait ainsi une étonnante cartographie de ce qu’il peut y avoir d’intéressant en ce moment à Paris, du coté électrique de la force, en terme de groupes, labels, disquaires. Continuer la lecture de « Crack Cloud, Crack Cloud (Tin Angels Rcds) »
Catégories chronique nouveauté
Sonic Boom, Étienne Jaumet et Céline Wadier, Infinite Music. A Tribute To La Monte Young (Fire Records)
Dans un entretien (pour la revue « L’Art Vivant », en mai 1972) avec le musicologue et critique Daniel Caux, La Monte Young a pu définir en ces termes cette pratique singulière du sonore que constitue le drone : “[…] Comment cette expérience m’avait conduit à entrer à l’intérieur du son et comment, une fois entré dans le monde du son, je pouvais me demander comment ce serait si je devais me trouver en dehors.” Continuer la lecture de « Sonic Boom, Étienne Jaumet et Céline Wadier, Infinite Music. A Tribute To La Monte Young (Fire Records) »
Catégories sous surveillance
Ojard
Qui ?
Maxime Daoud (composition ; en live guitare : synthétiseur, boîte à rythmes)
Arnaud Sèche (en live : flûte traversière et synthétiseur)
Pierre Antoine (en live : guitare)
Nathan Herveux (en live : ingénieur du son) Continuer la lecture de « Ojard »
Catégories interview
Vega, l’âme
Canonisé de son vivant par les Anglais de Blast First Petite qui célébrèrent son soixante-dixième anniversaire en 2009 avec une série de reprises, notamment par Primal Scream, The Horrors, Dave Ball, The Klaxons, Sunn O))), Pan Sonic, Peaches ou… Bruce Springsteen, c’est cette fois la France qui honore Alan Vega, disparu il y a deux ans. Après le superbe album posthume It de 2017, le label Digging Diamonds réédite ses disques les plus rares des années 90. Universe, une exposition de ses œuvres à la galerie Laurent Godin à Paris à partir du 22 juin, précède d’un jour la soirée hommage au New-Yorkais (le 23 juin au Lieu Secret à Paris), avant que ne paraisse le 11 septembre Alan Vega. Martin Rev. Suicide. Five films By Marc Hurtado (La Huit), le coffret DVD de ce collaborateur de longue date du chanteur de Suicide et directeur artistique de l’hommage parisien. Marc Hurtado, musicien et cinéaste, co-fondateur du duo Etant Donnés, revient pour Section 26 sur ses souvenirs les plus marquants du « constructeur dans le chaos », comme il définit son ami, avant que d’autres participants de la scène française ne se remémorent leurs émotions de Suicide ou Alan Vega. Continuer la lecture de « Vega, l’âme »