
Chaque jour, réduire davantage le débit. Filtrer les images comme les prises de paroles sur les plateaux. Tenir les petits à distance de la brutalité des faits. Resserrer l’emprise sur les canaux des chaines d’infos en continu, pour que ça ne coule plus qu’au compte-gouttes. Et compter les morts – puisque même en établissant un sas de sécurité autour de la télé, on ne peut pas décemment tourner le dos aux chiffres, s’abstraire totalement des titres et des manchettes. Certains soirs, certains matins, l’entrain déraille, le moral s’en trouve tout chiffonné, et le bleu du ciel, cet indéfectible soutien quotidien, nous renvoie à des batailles qu’on peine alors à mener.
Parfois l’antidote surgit inopinément des boites. Celle-là, on lui a d’abord fait la moue. Elle nous a fait conjuguer de vilains verbes, dubiter, opiner du chef. Et puis who cares anyway, une ruade d’optimisme teenage et faussement béat ne se refuse pas, pas en ce moment. Continuer la lecture de « #15 : Les Ablettes, Tu verras (Réflexes, 1983) »
Depuis quelques temps, nous passons des journées intérieures, confinés en nous-mêmes, à l’écoute du silence de la rue. C’est un silence intrigant, il dilue le temps et inonde les pensées, nous tournons en boucle dans nos quelques mètres carrés, inventant d’ingénieux itinéraires qui nous mènent du lit au canapé, du canapé à la chaise de cuisine, de la chaise de cuisine à la baignoire, de la baignoire au lit. Curieuse épopée que cette vie devenue un voyage immobile. Quelques-uns d’entre nous (beaucoup, oserais-je le souhaiter) en profitent pour revenir à l’écrit, aux mots, au récit. Nous redécouvrons nos bibliothèques, nous sortons peu à peu du Tsundoku, nous entreprenons de rédiger le journal de ces jours du dedans. En lisant, en écrivant, comme le formulait 


