Retour sur l’intégrale de Bedhead, 1992-1998 (Numero Group, 2014)
Alors que l’Amérique, en mal d’humanisme, vient de se trouver un nouveau président après quatre très longues années d’une plaisanterie pas toujours drôle et dont la chute est toujours en cours à l’heure où nous tapons ces lignes. Alors que Touch And Go réédite en vinyle les trois premiers albums de The New Year, le groupe que les frères Matt et Bubba Kadane formèrent avec Chris Brokaw à la suite de Bedhead, il nous parait en ce dimanche nécessaire de reproduire la chronique du coffret intégrale paru en 2014 chez Numero Group, afin que vous ne restiez pas plus longtemps dans l’ignorance.
Nous avions déjà parlé du travail de fourmi d’Adrien Durand et son fanzine Le Gospel dans l’interview donnée pour notre série Papivole, menée par Renaud Sachet. Presque deux ans plus tard, il était logique de prendre quelques nouvelles d’un fanzine né presque au même moment que nous, avec cette idée à priori tout aussi dingue de se reconnecter avec l’essentiel, à savoir nos obsessions musicales sans qu’elles soient perverties par le marketing, et une envie d’écrire de la façon la plus indépendante possible. Refaire de la passion pour la musique une histoire humaine, avec un lien simplifié entre l’auteur et le lecteur. Le Gospel est tout cela, un fanzine qui en est à son septième numéro (double : Une autre histoire du DIY / Musique et lutte des classes – en cours d’envoi), un site qui publie régulièrement du contenu indépendant du fanzine, un shop où on trouve des cassettes, des t-shirts, un beau livre pour enfants… J’ai posé cette après-midi même quelques questions à Adrien pour résumer tout ça, mais ses réponses m’ont semblé témoigner si justement de la situation complexe que nous traversons tous, avec un optimisme revigorant, qu’on a décidé de les publier. Alors pendant que vous écouterez cette mixtape qu’il nous a offerte, lisez ses propos, puis Le Gospel. Nous sommes si peu à défendre nos idéaux aussi librement.
Un disquaire par jour propose ses 10 albums du moment.
Comme à la Radio est d’abord connue comme une caverne enfermant un impressionnant stock de matériel et de disques. Sébastien et Jean, deux amis de longue date s’installent rue Marceau, à Nantes, en 2013. Cinq ans plus tard, ils sont rejoints par Clément et après une année dans le local, le volume de disques débordant, ils installent en août 2019 la section disque dans un nouveau local de la rue des antiquaires et des boutiques de matériel audio : la rue Jean Jaurès, anciennement rue des Arts. Un espace de vente avec 95% de seconde main, mais aussi une section neuf de musiques actuelles en plein essor. Pas de barrières dans l’exploration musicale, on retrouve dans les bacs du classique, du hip hop en passant par un solide rayon jazz, afro, brésilien, rare groove, sans oublier quelques milliers de 45 tours des quatre coins du monde. Comme à la radio est un voyage où la curiosité est de mise… Pour renflouer les bacs au maximum, l’équipe redouble d’efforts, avec notamment de récents voyages au Japon. La musique est toujours vivante et régulièrement, on retrouve des Dj sets et lives enregistrés sur place que l’on peut réentendre sous la forme de mixtapes k7, Chromes à la Radio : déjà 16 volumes, tous en écoute libre sur le mixcloud et en vente au shop.
Comme à la Radio, 30 rue Jean Jaurès, 44000 Nantes, également joignables sur leur page facebook, leur page Discogs, et leur page Instagram.
Tous les articles de la série Première Nécessité (un disquaire par jour) sont visibles ici.
Interview collective autour de la sortie de « Instruments imaginaires », compilée par Pierre Bastien
Il y a un truc avec les musiques instrumentales : j’y suis assez facilement sensible. Les peu de fois où j’ai mis les pieds en studio pour assister à un enregistrement, j’étais d’ailleurs très vite séduit par les pistes instrumentales, et il m’est souvent arrivé de penser qu’y poser une voix serait du gâchis. Et puis, dans les discussions, on m’a aussi parlé de la voix, et que souvent la signature d’un groupe, c’était son chanteur. Quand il y a quelques années, j’ai raccompagné Pierre Bastien à l’aéroport, après un concert à la médiathèque avec ses petites machines en Meccano, je lui ai posé la question bateau de savoir quelles chansons l’avaient marqué ses derniers temps… Il m’a répondu ceci en substance : « Des chansons? Ah non, mais moi, je déteste les voix dans la musique ». C’était la première fois qu’une personne me disait ça aussi frontalement, sans aucun fard. Continuer la lecture de « « Mais qu’est-ce que c’est que ce TRUC? » »
Un disquaire par jour propose ses 10 albums du moment.
Après des débuts comme vendeur de disques ambulant et sur internet dès 2009, Guillaume Saintillan ouvre Plexus Records dans le centre-ville de Poitiers, deux ans plus tard. A quelques pas de l’imposante et magnifique église romane de Notre Dame la Grande, la petite boutique détonne dans le marasme des disquaires pictaves d’alors, et parvient à se faire un nom pour les amateurs de trouvailles sur vinyle, qui peuvent aussi y dénicher des appareils hi-fi remis en état. Plexus Records est aussi un label, qui propose d’abord diverses productions éclectiques au format cassette en édition limitée. Rejoint par Paul Le Masson, Guillaume étend son activité et profite d’un déménagement à quelques numéros dans la même rue en 2016, pour ouvrir un espace plus grand et très chaleureux. Dans l’esprit boisé des jazz cafés tokyoïtes, le nouveau magasin déploie des trésors audiophiles, au milieu des enceintes JBL vintage, et combine des bacs peu avares en nouveautés, tout comme en seconde main. Une des spécialités maison demeure en effet la recherche tout azimut, et le duo se plait à aller débusquer des pépites au Japon, 2 à 3 fois par an, pour proposer des collectors ou des pressages japonais de qualité à ses clients. Le label édite plusieurs vinyles, et notamment le divin Santa Barbara, auparavant édité en cassette et rééditée en double vinyle sous une pochette sérigraphiée. La house bricolée d’Albinos se paie même le luxe d’être élue meilleur disque de 2017 par l’institutionnel Phonica Records, devant Sampha, Four Tet ou LCD Soundsystem notamment ! Ces dernières semaines, le référent Jérôme Qpchan, un des meilleurs contributeurs et diggers de Discogs, basé à Tokyo, rejoint l’équipe pour chiner exclusivement pour Plexus à distance. Le disquaire propose évidemment une activité de click & collect, ou de vente par correspondance avec Discogs, et fourmille de projets : le lancement d’un site web spécialisé dans les prochains mois, ainsi que l’ouverture d’un second local spécial pour la VPC et le rachat des occasions. Restons vigilants !
Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine
Lumières d’août. C’est penser à toi, née sous le signe du Lion. C’est en lisant le livre posthume d’Aharon Appelfeld, Mon Père et Ma Mère, que je me suis rendu compte de ce qu’était une fidélité. Moi qui suis si maladroit avec mes amitiés, les vivant toujours comme on observe des étoiles distantes, j’ai réalisé ma chance. Appelfeld revient vers les rivages de son enfance. C’est souvent émouvant et drôle aussi. Continuer la lecture de « Le Signe du Lion – Aharon Appelfeld, Eric Rohmer, Henry Nowhere »
Vika Orline, ce n’est pas un groupe de death-metal finlandais mais au départ un duo dionyso-lyonnais composé d’Arnaud Raquin (Marie Marie Cells) à la guitare et Charles Virot (Clara Clara) au clavier, très vite rejoints par François Virot (Clara Clara, Réveille, et lui-même) à la batterie et Franck Testut à la basse. Sur leur premier album Tu fais partie des humains, on alterne les compositions : tantôt Arnaud écrit et chante sa chanson, tantôt c’est Charles. Chacun sa patte pour exprimer un désenchantement partagé, « Vika Orline est un être à deux têtes qui n’en fait qu’à la sienne. Il avance calmement en regardant dans plusieurs directions, jouant avec ses bras des compos pop sucrées-salées à la française, éclairées aux lueurs des incendies de son temps. Double vision, pour un même horizon. Faire au plus simple, au plus direct, pour s’incruster dans les têtes. Ils nous offrent leur reprise Des heures hindoues, d’Étienne Daho, retour aux sources pour Arnaud, fan du Saint Étienne depuis tout petit : « Enfant, j’aimais déjà beaucoup ce morceau. Ces paroles ont toujours fait écho « même si ne je suis rien, si je suis personne… » Tout le monde devrait se dire ça le matin et se le répéter comme un mantra, nous sommes tous des grains de poussière. »
Rencontre avec une des révélations pop française de 2020.
Personne ne l’a vu venir, mais le premier album des Strawberry Seas est une des bonnes surprises pop de l’année. Enregistré rapidement et en live pour capturer la fraîcheur et l’énergie des concerts, les treize titres de l’album sont autant de singles potentiels. Si l’inspiration vient clairement de la scène indé des nineties, à aucun moment leur musique ne frôle le pastiche ou le plagiat. C’est en partie dû à la volonté de Carine et Raphaël, les deux compositeurs de groupe, de créer des pop songs qu’ils auraient envie d’entendre, mais aussi à une production chaleureuse et intemporelle. Depuis l’enregistrement de ce disque, les Strawbery Seas sont passés d’un quatuor à un quintette avec l’arrivée d’un guitariste additionnel. C’est au grand complet et confiné que le groupe nous a accordé une interview. Ils évoquent la rapidité avec laquelle tout s’est enchaîné de la création du groupe jusqu’à leur signature sur le label December Square, mais aussi leur frustration de ne pas pouvoir rencontrer leurs fans, et aussi les influences les plus étranges qu’on leur prête à tort. Continuer la lecture de « Strawberry Seas : « On essaye juste d’écrire des bons titres pop » »