Collage sauvage et de mauvaise foi de l’actualité culturelle de la semaine
Martin Amis
Il y a quelques mois, comme cadeau de départ, une jeune femme m’offrait un présent inespéré : m’enfermer dans une citation. « Je suis un poète mais je ne veux pas être un poète pour d’autres. Je dévorerai mes propres poèmes et j’en vivrai. » Orgueil et arrogance, un simple résumé. Je fus comblé, mais pas que. Continuer la lecture de « Orgueil et discrétion – Martin Amis, Alex Bleeker, Robert Mulligan »
Hey wake up, It’s Moskow up there. Depuis plus de dix ans, que l’on se situe à Paris ou à Dijon, le groupe de Rostov-sur-le-Don met tout le monde d’accord. Motorama fait donc durer le plaisir en sortant un nouvel album Before The Road, non plus chez nos amis du label bordelais Talitres mais désormais sur leur propre label I’m Home Records. En vingt-cinq minutes à peine, mélodie et mélancolie riment ensemble tandis que la voix envoûtante et hypnotique de Vlad flotte sur une section rythmique toujours impeccable et métronomique. Ledit Vladislav Parshin s’est prêté de bonne grâce au Selectorama et nous livre une parfaite et pointue sélection anglo-russe, accompagné de propos laconiques. Russe jusqu’au bout.
Bon, je n’avais pas prévu d’écrire sur Lovers Rock, le magnifique deuxième épisode de l’anthologie de Steve McQueen, mais je viens de le revoir pour la troisième fois, et ce n’est sans doute pas la dernière. À chaque fois, c’est un ravissement, une illumination (comme si je portais cette ampoule, chaude et luminescente, à l’épaule comme le DJ du Mercury Sound System du film), une joie physique, je me tortille sur mon canapé, je me lève, les bras en l’air devant les 1h10 que dure ce téléfilm, dans la plus grande noblesse du terme – on pense aux téléfilms plus que pointus d’Alan Clarke pour la BBC par exemple : la beauté et l’expérimentation formelle au diapason d’un propos social ou politique. Continuer la lecture de « Vibrations »
Échantillons d’une histoire du label Lithium, prélevés dans l’édition spéciale du fanzine Langue Pendue #11, Les Années Lithium
Le groupe Institut vient de sortir un album aussi étrange que dérangeant, L’effet waouh des zones côtièresdont la langue blanche, neutre en apparence, semble coller parfaitement au palais visqueux politique de l’époque. L’un des membres du trio, Arnaud Dumatin, est interviewé longuement à propos de ce nouveau disque sur un site que je vous conseille : Piste 1. Dans Les Années Lithium, il se souvient de ses débuts au sein d’Emma, dont le second album, Trade Winds In A Loft, est sorti en 1998 sur Lithium. Continuer la lecture de « Essaie de comprendre 2/8 »
Sous-titrée Original Artyfacts from the First Psychedelic Era 1965-1968, la compilation Nuggets fut, malgré un tirage modeste, une véritable révolution. Éditer de la musique publiée une demie-douzaine d’années plus tôt n’avait rien d’une évidence au début des années soixante-dix, âge d’or du rock. Le concept de réédition était alors nouveau et peu développé. Il existe cependant quelques précédents. Au milieu des années soixante, le disc-jockey de Pittsburgh, Mad Mike (à ne pas confondre avec celui de Detroit) édita la série Mad Mike Moldies, s’intéressant déjà à des morceaux passés inaperçus et plus tout à fait contemporains. En 1969, Preflyte documenta les débuts des Byrds, avant leur premier album. Continuer la lecture de « V/A, Nuggets (Elektra, 1972) »
Il y a environ trente ans de cela, Steve Robinson faisait partie d’un groupe de folk-rock du côté de Tampa en Floride. En marge de la scène locale dominée par les formations de Metal de tous poils – même les plus long, The Headlights s’échinait à convertir un public rétif aux vertus mélodiques et aux arpèges en grains de cristal de The Byrds. Douloureusement confronté à l’indifférence ostensible d’un public qui ne partageait que rarement l’enthousiasme prosélyte de ces missionnaires de la qualité pop égarés en terres païennes, le groupe n’a laissé que de rares traces discographiques témoignant de sa brève existence – un EP en 1989, un album en 1993. Continuer la lecture de « Steve Robinson, Swallowing The Sun (Sunshine Drenchy Records) »
Si la musique cumbia est apparue sur la côte caraïbe de Colombie d’une fusion de rythmes africains, amérindiens des Antilles et d’influences européennes, c’est à partir des années 1930 qu’elle est enregistrée par le label Discos Fuentes et s’impose dans le pays avant de commencer à s’exporter en Amérique Latine au cours de la décennie suivante. Dans la seconde moitié du XXème siècle, elle arrive au Mexique comme d’autres styles du pays comme le Vallenato via l’immigration colombienne, les tournées d’orchestres colombiens et leurs disques. Dans les quartiers ouvriers de Mexico où la danse populaire a déjà une longue histoire, née la culture Sonidero. Fixés sur leurs systèmes sons bricolés, les sonideros diffusent des disques colombiens à plein volume. Continuer la lecture de « Le club du samedi soir #38 : Cumbia Viajera »
Y réfléchir à deux fois. Ne pas s’échauffer trop et vite et bien peser le pour comme le contre avant de voir si c’était vraiment une bonne idée. Nos princes de la cuite ont bien mis ce proverbe à leur ardoise. Avec leur retour aux affaires d’un air de ne pas y toucher, avec leur pataude dégaine de types qui sont juste passés prendre un verre mais couchent tout le monde au petit matin. Aussi fécondes furent leur retrouvailles scéniques au fil du temps, l’idée d’un nouvel album valait-elle vraiment concrétisation ? Aidan Moffat et Malcolm Middleton se sont laissé le temps d’y penser, d’y réfléchir sobrement (lol) avant de commettre l’irréparable et c’est bien mieux ainsi.