
2021, année post pandémie (nous y serions, de fait, encore de plain-pied), pré-électorale avec de grosses gouttes inquiétantes qui coulent de nos tempes à nos pieds. L’angoisse molle est devenue prégnante, se carapatant tel un hérisson, mi-douceur recluse, mi-picots acérés. Il nous reste donc, et toujours et merci bien, l’improbable mais gigantesque évasion de nos disques de l’année. S’échapper, tisser un lien avec le cosmos, prendre la poudre d’escampette ? Plutôt deux fois qu’une, en effet.
De déconstructions victorieuses (Dean Blunt, incontestable, Aquaserge, enfin bouleversants) en retour inespérés (Arab Strap, Cheers mate(s) ou encore Saint Etienne, jamais aussi beaux qu’en roue libre), d’un Cap Canaveral à priori improbable mais qui fait finalement l’unanimité (Floating Points et Pharoah Sanders), c’est bien la porte des songes, de l’intime, de l’eminemment personnel qui semble remporter les suffrages, en en attendant d’autres, bien plus préoccupants. Quelques valeurs sûres jamais fiables (Low, importants mais moins que la dernière fois), toujours vertes (Mica Levi, reine du passe passe glorieux) de nouveau arrivants (Dry Cleaning, Bobby Would aussi bien sur disque qu’IRL) et des valeurs sures (Sufjan, toujours premier de la classe, salut Agnan) et au final un semblant de diversité, libre, démissionnaire (Mendelson, adieu et merci pour tout). Celle qu’on nous vendra surement au rabais dans les mois à venir (à moins de 160 boules, tkt) et ce pourquoi nous sommes là pour faire office de PASSEURs et savourer de concert (sous réserve) DE LA MUSIQUE PAS COMME LES AUTRES, pour faire un clin d’oeil à ceux qui se la coulent parfois douce à Biarritz, sachez qu’en 2022, en marge ou en direct du chaos, nous resterons, même en apesanteur et même s’il faut partir très très loin, fidèles au poste (ACR en force).
Etienne Greib
01. DEAN BLUNT, Black Metal 2 (Rough Trade)
02. FLOATING POINTS, PHAROAH SANDERS & THE LONDON SYMPHONY ORCHESTRA, Promises (Luaka Bop)
03. BOBBY WOULD, World Wide World (Saddle Creek)
04. ARAB STRAP, As Days Get Dark (Rock Action Records)
05. DRY CLEANING, New Long Leg (4AD)
06. LOW, HEY WHAT (Sub Pop)
07. MICA LEVI, Blue Alibi (autoproduit)
08. AQUASERGE, The Possibility Of A New Work For Aquaserge (Crammed Discs)
09. SUFJAN STEVENS & ANGELO DE AUGUSTINE, A Beginner’s Mind (Asthmatic Kitty Records)
10. SAINT ETIENNE, I’ve Been Trying To Tell You (Heavenly)
11. GROUPER, Shade (Kranky)
12. CHEVALREX, Providence (Vietnam)
13. LANA DEL REY, Chemtrails Over The Country Club (Polydor)
14. KINGS OF CONVENIENCE, Peace or Love (EMI)
15. L’RAIN, Fatigue (Mexican Summer)
Continuer la lecture de « 2021, les choix de la rédaction. »

”Je suis incapable de dire pourquoi j’aime tant cet album.”
Des quelques péripéties biographiques qu’il accepte de confesser, il semble aisé de déduire que Peter Wagner a vécu la plupart de son existence dans les entre-deux. Les espaces qui séparent les continents – entre les USA et l’Allemagne – ou les villes – Baltimore, puis Brooklyn mais également les intervalles entre les genres musicaux – le jazz et la musique improvisée avant d’en venir à la pop : ce sont les zones qui lui sont devenues familières et où il tente de creuser ses propres sillons, dans un certain inconfort. C’est ce qu’on retrouve dans ce premier album, presque solo, de Furrows : une palette sonore tout en nuances pour tenter de donner forme à l’insaisissable, dépeindre des atmosphères, les colorer parfois à petites touches de cordes, de pulsations électroniques.
Charrier des groupes et afficher sa vertu snob sont des attitudes au moins aussi anciennes qu’acheter des disques. Le groupe 
Il nous faudrait d’abord, et 5000 signes de plus ne seraient pas de trop*, évoquer largement le cas 