Avec Flock, son album le plus pop à ce jour, Jane Weaver va certainement conquérir un nouveau public. On parle même d’un classement dans le top 10 en Angleterre au moment où cette interview est retranscrite. Ce qui ne signifie pas qu’elle en a fini avec les expérimentations. Comme pour beaucoup avant elle, essayer de trouver un format pop sans renier pour autant son ADN n’a pas été des plus simples à réaliser. On imagine aisément à quel point le doute et les incertitudes ont été présents pendant les trois années qu’il lui a fallu pour réaliser ce projet. On ne la remerciera jamais suffisamment d’avoir persévéré car Flock est un grand disque de pop expérimentale. Comparer Flock avec ses œuvres passées serait une erreur. Si Jane Weaver ne s’éloigne pas radicalement de sa zone de confort avec ses synthés analogues, un zeste de free jazz ou de krautrock, l’ensemble s’ouvre au glam, à la dance dans un format catchy qui peut surprendre. Pourtant nous avons l’impression de rester en territoire connu, avec des chansons intelligentes, réfléchies, mais dans un format plus court. Que les plus sceptiques se rassurent, l’indie police ne sonnera pas à votre porte si vous posez l’album sur votre platine. L’entretien que Jane Weaver a accordé à Section26 est à l’image de la diversité de Flock, elle y évoque des sujets aussi variés que son envie de s’éloigner du space rock, qu’un séjour glauque à Carnac pour écrire ses paroles ou encore son amour pour l’album Reign In Blood de Slayer. Continuer la lecture de « Jane Weaver : « J’ai rendu hommage à la pop de mon adolescence. » »
Catégorie : interview
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De l’europop française aux débuts de la house
Born Bad Records explore les prémices de la house française version top 50 dans une compilation, « Dynam’hit »
Les dix titres de la compilation publiée par Born Bad Records témoignent d’une hybridation unique et méconnue entre la house naissante et la variété pop à la française. Musicalement amusant, historiquement passionnant.
C’était il y a 30 ans. Quelques poussières à l’échelle de l’humanité, une éternité dans le cycle des musiques électroniques. La France l’ignore mais elle sera bientôt l’épicentre de l’électro planétaire. En cette première moitié de la décennie 90, les futurs Daft Punk font encore leurs armes dans un groupe d’indie rock. La vague french pop poursuit sa percée (Daho, Les Rita Mitsouko, Lio, Niagara…) mais le pays subit encore l’héritage de la variété à la Drucker et de ses poids lourds balourds. La liberté telle qu’on la connait aujourd’hui se gagne ici, dans une émancipation de la bonne vieille chanson et une digestion des innovations débarquées de l’étranger, cruciales pour débroussailler de nouvelles voies. C’est à cet improbable carrefour que se sont croisés les dix titres réunis sur la compilation Dynam’Hit que publie ce mois-ci le label Born Bad Records. Ils ne dessinent en aucun cas une scène mais des projets disparates, entre dance de boite de nuit tournant la page disco et ébauches de maquettes en 3D pour la french touch à venir. Continuer la lecture de « De l’europop française aux débuts de la house »
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Au commencement…
C’est le 6e arrondissement de Paris. À l’ombre du Panthéon. C’est un disquaire indépendant, un samedi après-midi, un été indien comme tant d’autres, des clients qui viennent, flâner, écouter des nouveautés (et parfois quelques classiques), boire un café. C’est l’automne 1992 et deux d’entre eux ont des têtes de vrais gamins, à tel point qu’ils ne font même pas les 17 et 18 ans que leur prête l’état civil. Quelques mois plus tôt, en février, ils ont piqué un titre d’une chanson des Beach Boys pour former un groupe. Ils ont un album de chevet, c’est Screamadelica de Primal Scream, sorti l’année d’avant. Mais pas que. Ils parlent de Pierre Étoile, de Urge Overkill, du MC5, d’Andy Weatherall. Ils ont donné un concert surréaliste en banlieue – je crois que c’était à Anthony, mais je n’en suis plus sûr, pour lequel ils avaient peint des étoiles sur leurs joues. Avant cela je crois, je me souviens de l’un d’entre eux, assis sur le bord de la scène, qui avait pleuré pendant toute la prestation touchée par la grâce du revenant Arthur Lee, à l’Européen de Paris. Ils ont trouvé en la personne de Daniel Dauxerre, disquaire, mélomane et érudit, alors bassiste de Colm et collaborateur du fanzine magic mushroom, un manager enthousiaste – et entre nous, on le serait à moins. Alors quand le journal a décidé de faire un état des lieux de la scène d’ici, il était impensable de ne pas évoquer ces jeunes gens, dont la démo venait de séduire Tim Gane et Laetitia Sadier de Stereolab, qui avaient retenu deux titres pour un double 45 tours dont personne ne pouvait prédire l’importance historique (et qui paraitra au printemps 1993). Aussi timides qu’enthousiastes, ils avaient alors répondu à ces quelques questions…
Catégories interview
Sleaford Mods : « J’ai remis en question mes principes et mes croyances »
Les Lads de Nottingham de retour avec un nouvel album excellent, « Spare Ribs » (Rough Trade).
Qui aurait parié en écoutant Austerity Dogs en 2013, que huit ans plus tard Sleaford Mods se placerait numéro 4 des ventes d’albums au Royaume-Uni ? Jason Williamson et Andrew Fearne auraient été les premiers à croire à une blague idiote. C’est pourtant sans compromis et avec une légère évolution d’album en album que le groupe s’est imposé comme l’un des plus essentiels et importants de ces dernières années. Voir sur scène un lad taillé comme un coton-tige ingurgitant des litres de bières derrière son laptop pendant qu’un ex-punk hurle dans un micro comme si sa vie en dépendait a certainement permis au groupe de se démarquer et de faire parler de lui, mais ce sont surtout la qualité des textes de Jason et l’inventivité des boucles d’Andrew qui justifient cette moisson de lauriers mérités. Depuis Eton Alive, leur précédent album, on devinait l’envie de s’orienter vers un format plus traditionnel. Si Spare Ribs emprunte cette nouvelle piste, notamment grâce aux deux singles pop Nudge It et Mork n’ Mindy, l’album n’en reste pas moins profondément marqué par l’identité du groupe. Au cours de cette interview, Jason Williamson revient sur le travail acharné qui a permis la lente ascension de Sleaford Mods, mais également sur ses remises en question et le succès totalement assumé qu’il rencontre depuis quelques temps. Avec Spare Ribs le groupe a certainement trouvé son Key Market. Vous pouvez compter sur eux pour ne pas s’y attarder trop longtemps. Continuer la lecture de « Sleaford Mods : « J’ai remis en question mes principes et mes croyances » »
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The Notwist : « Accentuer les ruptures de style, les collisions entre les références » (2014)
Sept ans après Close To The Glass évoqué dans cette interview que nous avons choisi de vous proposer, The Notwist vient tout juste d’opérer un retour inespéré et particulièrement réussi avec son nouvel album, Vertigo Days. Un disque riche et intense, émaillé de nombreux guests (Juana Molina, Saya Ueno des Tenniscoats, Ben LaMar Gay et Angel Bat Dawid). Entre psyché, kraut et expérimental, Markus Acher évoquait déjà auprès de Matthieu Grunfeld les chemins inattendus empruntés par le groupe.
Il faudra bien s’y faire. En dépit de toutes les impatiences, attisées au passage par la luxueuse réédition du chef d’œuvre Neon Golden (2002), le quatuor allemand ne consent à sortir de son silence et de son antre bavaroise de Weilheim qu’au seul rythme imposé par les méandres de son inspiration. 6 ans déjà après la publication de The Devil, You + Me (2008), imprégné par d’ambitieux arrangements orchestraux venus se mêler aux scansions électroniques et aux structures organiques de morceaux, les frères Acher et Martin Gretschmann consentent enfin à nous faire partager le résultat de cette nouvelle séquence prolongée de délibérations expérimentales et de composition collective. Continuer la lecture de « The Notwist : « Accentuer les ruptures de style, les collisions entre les références » (2014) »
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Josephine Foster – Nashville Skyline
Deux ans après l’étourdissant Faithful Fairy Harmony, une œuvre massive et vibrante qui l’avait laissée complètement sonnée, Josephine Foster est revenue à Nashville pour y réaliser No Harm Done, un huitième album solo léger et subtilement country qui lui permet de s’enraciner un peu plus dans une Amérique qu’elle avait délaissée pendant plus d’une décennie. Continuer la lecture de « Josephine Foster – Nashville Skyline »
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Big Pop – Brisa Roché & Fred Fortuny
Parce que c’était elle, parce que c’était lui. Cela s’impose parfois aussi simplement que l’évidence des poncifs. Il n’en faut sans doute pas davantage, en tous cas, pour identifier les sources de cette grande amitié musicale, née il y a une quinzaine d’années et qui aboutit enfin, après de multiples balbutiements infructueux, à une réussite majeure. Elaboré à quatre mains, Freeze Where U R est de ces albums dont on se plaint parfois qu’il ne s’en fasse plus. Ou plus assez. Une collection de chansons à la fois stylistiquement diverses et très cohérentes, portées par une passion commune et communicative pour un certain classicisme bien tempéré, où le respect mutuel et l’envie de s’abandonner aux envies musicales du moment l’emportent sur les pulsions nostalgiques ou rétrogrades. Continuer la lecture de « Big Pop – Brisa Roché & Fred Fortuny »
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Buck Meek : « L’enregistrement a été une guérison »
Rencontre avec le guitariste de Big Thief pour la sortie de son second album solo.
Reconnaître.
On a quelques nuages devant soi, l’arrière du crâne doucement enfoncé dans la pelouse, et on reconnaît. Si l’on a devant soi des nuages, on peut reconnaître des formes. Ou les laisser venir sans les associer à quoi que ce soit, et les apprécier tout aussi tranquillement, apparitions, disparitions.
Si l’on a dans les oreilles un nouveau disque – je pense souvent au plafond de ma chambre, à l’encadrement de la fenêtre et au ciel bleu de l’été tandis que je découvrais et reconnaissais infiniment Washing Machine l’été d’après sa sortie, interdit par l’émotion, c’était mon premier –, on peut y reconnaître ou non des formes. Continuer la lecture de « Buck Meek : « L’enregistrement a été une guérison » »