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Laura Veirs, Found Light (Bella Union)

She//In the dark//Found light//Brighter than many ever see

Langston Hughes

Ne pas faire comme si.

L’œuvre de Laura Veirs se nourrit d’autobiographie, et l’infusion de sa vie comme de ses lectures dans ses chansons ne saurait être éludée au nom d’une approche non biographique qui risquerait, dans le présent cas, de manquer la rencontre : Found Light paraît après le divorce de Veirs d’avec Tucker Martine, batteur-producteur couru et à l’œuvre à la réalisation sur tous les disques de l’autrice-compositrice-interprète depuis Carbon Glacier (2004) et Year of Meteors (2005), premiers de ses albums sortis sur Nonesuch/Warner, avec l’exposition correspondante. Continuer la lecture de « Laura Veirs, Found Light (Bella Union) »

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Nick Power, Caravan (AV8 Records)

Enregistré dans une caravane, le premier disque solo de Nick Power des The Coral est publié ces jours-ci pour la première fois en physique via AV8 Records. Un excellent prétexte pour évoquer de nouveau ce joli disque sorti en 2017.

De 2002 à 2007, les The Coral ont enregistré cinq albums. Un disque par an (si les mathématiques ne nous trompent pas). Et quels disques… Sans l’arrogance des Gallagher et sans la malchance des Head, ce groupe de Hoylake a permis aux fans d’Oasis de sortir des années 90 et aux adolescents des années 2000 de retourner dans le passé avec quelques références dans les poches. Mais quel était le secret de jeunesse de ces Scousers ? Comment expliquer ce rythme effréné ? Continuer la lecture de « Nick Power, Caravan (AV8 Records) »

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work_space, workspace (Bandcamp)

Plus que jamais, la passion musicale demeure essentielle et, à la fois, un peu dérisoire. En particulier lorsqu’on se surprend à exercer la même vigilance teintée d’anxiété à guetter les moindres nouvelles, même périphériques, en provenance d’un groupe particulièrement chéri que celle qui s’impose lorsqu’il s’agit de suivre les péripéties terrifiantes de l’actualité du vrai monde. Surveiller Glasgow en général et tout ce qui concerne Teenage Fanclub en particulier avec l’attention que mériterait, seule, l’ébauche d’un troisième conflit mondial : on a beau ne pas être complètement dupe du ridicule de ce genre de dérivatif, il faut bien vivre. Et se réjouir tant qu’on le peut de l’insignifiant : le retour sur scène de Gerard Love en ce début d’été, par exemple – en première partie des concerts locaux de The Bevis Frond et de Michael Head. Ou encore la découverte fortuite de ce premier album de Finlay MacDonald sous le pseudonyme de Wor_kspace. Continuer la lecture de « work_space, workspace (Bandcamp) »

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Toro Y Moi, Mahal (Dead Oceans)

Depuis 2010, Chaz Bundick a publié une demi-douzaine d’albums sous le nom de Toro Y Moi. Porté par la vague Chillwave aux côtés de Neon Indian ou Washed Out, le musicien californien a très vite pris les distances avec le genre et navigué au gré de ses intuitions. Chaque disque constitue alors un instantané de ses marottes personnelles. L’album What For? avait, par exemple, marqué les esprits en 2015 par ses accointances rock seventies et powerpop.  Si Toro Y Moi a annoncé que Mahal était en quelque sorte sa suite, l’album creuse certainement un sillon différent. À bord d’un Jeepney philipin, branché sur un ancestral poste de radio, l’album bourlingue dans les demeures abandonnées d’un rock psychédélique progressif cher à Todd Rundgren, frayant avec le funk des Isley Brothers. Continuer la lecture de « Toro Y Moi, Mahal (Dead Oceans) »

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Simon Ripoll-Hurier, HITS (*Duuu éditions)

 

Quelques heures après la Fête de la Musique, je me posais cette question : que serait la musique populaire sans son public, tiens ? Et pourquoi la musique populaire, sous forme de piécettes de quelques minutes, rejouables à merci, crée-t-elle cette proximité ? Une proximité qui attire un grand nombre de personnes à se projeter en elle, à vouloir en être. Beaucoup se gaussent quand M. ou Mme Anonyme prennent leurs guitares pour rejouer Téléphone ou AC/DC, ou leur set de platines pour devenir l’espace d’un instant DJ David Guetta. Beaucoup, aussi, revendiquent simplement ce moment d’abandon, et tant pis pour les oreilles du voisin. Continuer la lecture de « Simon Ripoll-Hurier, HITS (*Duuu éditions) »

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Visual Sequence, Brume (ERR REC)

La récente vague ambient, ce qu’elle implique comme injonction au confort domestique n’est pas sans ambiguïtés. Comme on peut par exemple le lire dans un passionnant recueil paru ce printemps aux éditions Audimat, il en irait d’une complaisance avec un certain esprit du capitalisme – la musique réduite à sa seule fonction de marchandise environnementale. Aussi, les projets convoquant une réelle radicalité et volonté de recherche sont suffisamment rares pour retenir notre attention. C’est le cas ici avec Brume de Visual Sequence, fascinant travail sur les atmosphères paru sous forme de K7 sur l’excellent label ERR REC. Première sortie officielle de l’artiste visuel et sonore Rhiannon B, elle dénote en effet une impressionnante maîtrise de la synthèse analogique. Continuer la lecture de « Visual Sequence, Brume (ERR REC) »

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Market, The Consistent Brutal Bullshit Gong (Western Vinyl)

Il y a de cela quelques jours à peine, nous discutions avec quelques camarades boomers des souvenirs encore vivaces de nos premières rencontres respectives avec l’œuvre de The Smiths. Des multiples impressions saisissantes ressenties à cette époque lointaine, domine encore, pour ce qui me concerne, le choc provoqué par une prise de parole totalement singulière, où la contemplation attentive des émois les plus intimes finit par ouvrir sur l’étendue d’un monde. Et puis cette instabilité constante, cette absence de point d’appui musical évident ou explicitement référencé qui prolonge la sensation étrange d’écouter simultanément plusieurs stations de radio. Les passions adolescentes se sont estompées depuis bien longtemps : Market n’aura évidemment jamais l’importance vitale de Morrissey et de ses compagnons. Mais on retrouve, en tous cas, quelques réminiscences de cet égotisme inspiré, parfois un peu bavard, et de ces incertitudes formelles dans ce disque. Et c’est déjà suffisant. Continuer la lecture de « Market, The Consistent Brutal Bullshit Gong (Western Vinyl) »

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Adam Green, That Fucking Feeling (Average Cabbage Records)

Si Adam Green n’avait pu assurer la promotion d’Engine of Paradise, son très bon disque paru en 2019, en raison de la pandémie, il a enfin pu prendre sa revanche avec une tournée européenne qui vient de se terminer en mai dernier. Lors de son passage à Lyon et à Paris, les fans français du crooner anti-folk new-yorkais n’auront pas boudé leur plaisir de voir leur héros danser sur scène comme un beau diable, faire des checks à tous les spectateurs du premier rang ou raconter des anecdotes désopilantes, heureux d’être là et d’une rare générosité avec le public. Adam Green et son impeccable backing band auront surtout régalé le public de pléthore de tubes inoxydables comme Bluebirds, Jessica, Cigarette Burns Forever, sans oublier bien l’hymne absolu Dance With Me ou NYC’s Like a Graveyard des mythiques Moldy Peaches. Mais, en plus de cette ribambelle de classiques, Adam Green aura parsemé son set de plusieurs excellents nouveaux titres, issus de That Fucking Feeling, un mini-album de vingt minutes, que les fans ont eu la bonne surprise de découvrir au stand de merchandising. Certes, il faut être sacrément gonflé pour qualifier un opus aussi court d’ « album » – d’autant plus que certains titres sont en réalité des versions acoustiques des chansons orchestrées figurant au début du disque -, mais la qualité et l’inspiration sont là, si bien qu’on pardonne à Adam Green sa flemme légendaire. Continuer la lecture de « Adam Green, That Fucking Feeling (Average Cabbage Records) »