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Clément Vercelletto, L’engoulevent (unjenesaisquoi)

Depuis quelques temps déjà, le label tourangeau unjenesaisquoi fait plus que susciter notre curiosité. Des disques aussi singuliers que In C pour 11 oscillateurs et 53 formes de Soia, Julien Sénélas, Jérôme Vassereau ou Curiositi de Nicolas Cueille ont conquis une place de choix au sein de notre imaginaire esthétique, en croisant la sophistication de la pop la plus aventureuse avec l’abstraction des musiques d’avant-garde. Des propositions uniques, difficilement situables dans le Kampfplatz contemporain, et qui possèdent une puissante force d’attraction et de fascination. Un label qui constitue un catalogue au sens le plus noble du terme donc, et dont la dernière sortie ne peut que confirmer la haute tenue. Le nouvel album de Clément Vercelletto en l’occurrence, qui frappe en effet par son « évidente » étrangeté. Continuer la lecture de « Clément Vercelletto, L’engoulevent (unjenesaisquoi) »

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Alex Pester, Bedroom Songs (autoproduit)

« Il n’est pas de jouissance plus attrayante, selon moi, que de suivre ses idées à la piste, comme le chasseur poursuit le gibier, sans affecter de tenir aucune route. Aussi, lorsque je voyage dans ma chambre, je parcours rarement une ligne droite : je vais de ma table vers un tableau qui est placé dans un coin ; de là je pars obliquement pour aller à la porte ; mais, quoique en partant mon intention soit bien de m’y rendre, si je rencontre mon fauteuil en chemin, je ne fais pas de façon, et je m’y arrange tout de suite (…) Et quel plaisir encore d’oublier ses livres et ses plumes pour tisonner son feu, en se livrant à quelque douce méditation, ou en arrangeant quelques rimes pour égayer ses amis ! Les heures glissent alors sur vous, et tombent en silence dans l’éternité,
sans vous faire sentir leur triste passage. »

Xavier De Maistre, Voyage autour de ma chambre (1794)

« There’s a world where I can go / And tell my secrets to / In my room. »
Brian Wilson (1963)

On s’en était douté dès la première rencontre, en 2021 : Alex Pester dispose d’un talent et d’une inspiration radicalement incompatibles avec les dispositifs de mises en pause ou de court-circuit qu’imposent les rythmes communs et rationnels de l’industrie musicale – ou de ce qu’il en reste. Né sans le moindre interrupteur intégré, le jeune songwriter britannique a publié l’équivalent de sept albums en cinq ans, dont trois au cours des douze derniers mois. Continuer la lecture de « Alex Pester, Bedroom Songs (autoproduit) »

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The Bug Club, On The Intricate Inner Workings of the System (Sub Pop)

Suractifs depuis 2021 et récemment devenus membres de l’écurie Sub Pop, The Bug Club appartient à une étrange catégorie : celles des groupes un peu inégaux mais qui restent malgré tout enthousiasmants. On trouve sur leurs disques autant de choses bigrement cool que tes trucs plus douteux à mon goût, un peu comme chez les Américains de The Cowboys, groupe quelque peu irrégulier malgré un réel talent. Mais c’est somme toute honorable pour des musiciens de parvenir à signer quelques bonnes chansons sur des albums imparfaits quand ils pourraient ne produire que de l’insignifiance. Et pour le coup, The Bug Club, emmené par les Gallois Sam Willmett et Tilly Harris, possède certaines qualités notables auxquelles il faut rendre hommage. Continuer la lecture de « The Bug Club, On The Intricate Inner Workings of the System (Sub Pop) »

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Citron Citron, Maréeternelle (Bongo Joe Records)

Nuage de lait et paysages qui blanchissent, l’heure est à des explorations plus intériorisées favorisées par le solstice d’hiver. La musique des genevois de Citron Citron évoque les brumes matinales du Bain des Pâquis, les cimes enneigées Alpines et Jurassiennes ainsi que les ombres de la villa Diodati et de Frankenstein… Point de marée dans les eaux du bleu Léman mais Maréeternelle embarque un univers vaste de flux et reflux et de paysages sonores au romantisme contemporain désabusé et aux accents exploratoires orbliviens.

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Chris Eckman, The Land We Knew the Best (Glitterhouse Records)

Les disques de Chris Eckman font toujours un bien fou. Regarder la pochette de The Land We Knew the Best permet déjà de se remémorer les disques des Walkabouts. Le groupe mené par Chris Eckman et Carla Torgerson chantait, dans les années 80, tout haut ce que Seattle fantasmait tout bas. Signés chez Sub Pop dans les années 90, les Walkabouts permettaient aux patrons de ce label d’exprimer leur amour pour l’Americana. Évidemment, tenter de trouver des références aux chansons de Johnny Rivers ou de toute autre héros oublié de cette scène était quasiment impossible sur les disques de Nirvana ou de Tad. Continuer la lecture de « Chris Eckman, The Land We Knew the Best (Glitterhouse Records) »

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2nd Grade, Scheduled Explosions (Double Double Whammy)

Suis-je bien légitime pour chroniquer un groupe de powerpop ? Quand on n’a jamais été emballé plus que ça par Big Star ni par Teenage Fanclub – les références ultimes du genre -, on devrait en toute logique passer son chemin. Et pourtant, paradoxe des paradoxes, l’album Scheduled Explosions de 2nd Grade restera pour moi un des sommets de l’année 2024. Alors pourquoi ai-je aimé un disque a priori plutôt éloigné de mes inclinations esthétiques ? Tout simplement parce qu’il est truffé de très bonnes chansons, aux mélodies imparables, qu’il parvient à s’inspirer du passé tout en se réappropriant les codes du genre sans donner une impression de répétition mécanique de ce qui a déjà été fait par d’autres. Continuer la lecture de « 2nd Grade, Scheduled Explosions (Double Double Whammy) »

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Simon Joyner, Coyote Butterfly (BB*Island / Grapefruit)

Owen, le fils de Simon Joyner, est mort d’une overdose en août 2022 et cet album lui est, bien sûr, dédié. Pendant plus d’un an, le songwriter du Nebraska s’est tu, tiraillé par les injonctions contradictoires engendrées par l’insurmontable : tenter d’exprimer l’indicible tout en étant convaincu que, face à la page vierge, il sera de toute façon impossible de parler d’autre chose. Dans de telles circonstances, il semble n’exister que deux solutions. La première consiste à tenter de prolonger en un équivalent formel la rupture existentielle absolue : surligner le coup dur en brûlant ses propres vaisseaux musicaux, ne plus rien faire comme avant parce que rien n’est plus comme avant. Skeleton Tree (2016) de Nick Cave en l’occurrence, où ne paraissaient subsister que les cendres d’une discographie soudainement obsolète. La seconde, tout aussi respectable et à peine moins radicale, consiste à se réinstaller, tant bien que mal, dans la vie telle qu’elle demeure. Ici, le deuil n’est pas une étape qu’il s’agirait de ponctuer pour mieux la franchir. Il se niche au cœur des chansons aux apparences familières. Il accompagne le quotidien. Il surgit dans la vie normale, au détour d’un regret ou d’un souvenir. Continuer la lecture de « Simon Joyner, Coyote Butterfly (BB*Island / Grapefruit) »

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Xeno & Oaklander, Via Negativa (Dais Records)

minimal wave dais recordsLe duo nord-américain Xeno & Oaklander affiche vingt ans d’activisme pour la musique synthétique. L’Etatsunien Sean McBride (Martial Canterel) et la Norvégienne Liz Wendelbo publient régulièrement des albums depuis le milieu des années 2000. Vi/deo, leur dernier en date, remontait ainsi à 2021. Enregistré pendant la pandémie, il voyait le duo s’inspirer de leurs souvenirs sur les pistes de dance à l’ère de la distanciation sociale. Xeno & Oaklander revient ces jours-ci avec Via Negativa. Accompagné du même label (Dais Records) et du même producteur (Egan Frantz), le duo offre à nouveau un plongeon dans une synth-pop incisive et baroque. Continuer la lecture de « Xeno & Oaklander, Via Negativa (Dais Records) »