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Rosalía, LUX (Columbia)

Je ne me serai pas précipité sur ce disque si elle ne m’avait pas envoyé un message m’invitant, de suite, à écouter le dernier album de Rosalía, LUX. Il faut dire que j’avais été effrayé par tout ce que j’avais lu ici et là : chef-d’œuvre, offrande fervente de pop classique avant-gardiste, œuvre néo-classique en quatre mouvements et chantée en treize langues, oratorio exquis pour cœurs chaotiques -, sans parler de son casting de (trop) bons élèves : le London Symphony Orchestra, les collaborateurs de MOTOMAMI Noah Goldstein et Dylan Wiggins, Pharrell Williams, Björk, entre autres -. Pourquoi alors m’infliger ces 18 titres alors même que j’étais complètement passé à côté des trois albums précédents, Los Ángeles, El Mal Querer et MOTOMAMI ? Continuer la lecture de « Rosalía, LUX (Columbia) »

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Gelli Haha, Switcheroo (Innovative Leisure)

Switcheroo Gelli HahaGelli Haha est le nom du projet de la musicienne Angel Abaya, une musicienne originaire de Boise, dans l’Idaho, où elle a fait un peu de rock ou de folk-rock. Son album Switcheroo a été enregistré un an et demi peu après son déménagement à Los Angeles, avec Sean Guerin (De Lux) et sorti sur Innovative Leisure, le label d’Hanni El Khatib. Disons le tout de suite, c’est un petit trésor. Un album de synth pop, d’indie pop chatoyant, beau et original. C’est un concentré de mélodies servi par une délicieuse instrumentation inspirée, pour l’essentiel, des années 1980 : effusion de sons de synthés virevoltants et voluptueux qui rappellent Moroder, la synth pop, l’italo disco même, exagérée, extatique. Continuer la lecture de « Gelli Haha, Switcheroo (Innovative Leisure) »

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Michel Cloup Trio, Catharsis en pièces détachées (Ici d’ailleurs)

« T’entends la sirène,
est-ce que tu l’entends la sirène ? »

De la cave d’un kebab à Paris où il jouait sous alias super héros aux commémorations de la maison de disques Lithium il y a quelques années, on peut dire qu’on a construit sans le savoir une relation au long cours : de son côté, la carrière d’un musicien avec ce que ça comporte de péripéties, les groupes du départ, l’adolescence flamboyante, torse bombé, tête tourmentée de doutes plus ou moins cachés, amitiés compliquées obligées, changements violents du jour au lendemain et puis construction pas à pas, au jour le jour d’un métier, le truc du romantisme qui s’évapore pour laisser place aux constats intimes, politiques et collectifs qui vont nourrir le moteur d’une œuvre à nulle autre pareil (sinon quoi), l’entrainant jusqu’à aujourd’hui. De mon côté, la place du mort, enfin du spectateur, de l’auditeur, du groupie, de celui qui toise, qui jauge, qui accumule informations, suppositions, émotions, rejets parfois tel un biographe non officiel, en toute clandestinité. Avec pour point de départ ce transfert originel sans doute : est-ce que cette vie aurait pu être la mienne ? Spoiler, non. Continuer la lecture de « Michel Cloup Trio, Catharsis en pièces détachées (Ici d’ailleurs) »

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Èlg et la Chimie, Immense éboulis rouge (Murailles Music / République des Granges)

Èlg et la Chimie, Immense éboulis rouge (Murailles Music, République des Granges)

« Un wagon bouge à peine,
l’autre wagon fait la fête »

Purée, mais quel disque. Ce sont les premiers mots qui me sont venus très naturellement alors que je jonglais hier entre le semainier de l’arrière-magasin – lister, trouver les liens, agencer les titres pour trouver un sens, un message à l’amie Clara de Paris Banlieue et l’écriture d’un texte sur un autre disque (qui devait prendre place ici mais qui est du coup un peu reporté). La chanson Hypnose brève que j’avais placée dans le peloton de la semaine s’est mise en boucle sans que je m’en rende compte et a interrompu ce petit ballet dominical. Sans doute que je voulais être un peu sûr, c’est plus de 6 minutes quand même, pas vraiment un truc pop. Après cette écoute répétée inattendue, j’ai tout laissé tomber pour visiter le bandcamp d’Èlg et la Chimie. Continuer la lecture de « Èlg et la Chimie, Immense éboulis rouge (Murailles Music / République des Granges) »

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J’Aime, Anachronistic d’Amour (Jabalina)

Cinq ans, on ne s’en rend jamais bien compte, mais ça représente vraiment quelque chose – même si à l’échelle des fans de My Bloody Valentine, ça n’est toujours qu’une broutille (mais qu’importe en fait, puisque comme album dit « à guitares », Pornography avait déjà plié le game très exactement neuf ans et sept mois plus tôt). Cinq ans, donc. Ce sont, par exemple, les années passées à l’école élémentaire – où vous arrivez sans savoir lire et dont vous sortez dorénavant avec de la presque moustache. Cinq ans, oui. Soit 2020, une année où le COVID est encore réalité, où les Vinzelles n’existent pas, où je ne sais pas que je vais vivre une nouvelle expérience professionnelle – et d’autres nouvelles aventures aussi (et pas des moindres) –, une année où Martin Duffy et Terry Hall sont encore en vie, une année où je ne connais pas encore réellement Nicolas Sauvage – qui n’avait d’ailleurs publié que deux livres ! –, où ma fille est encore collégienne, mon fils encore en primaire et le PSG encore la risée de l’Europe footballistique (et oui, vous avez raison : il y a une vraie pointe de nostalgie dans ces derniers mots-là).

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Nathan Roche, 35 rue du Théâtre (Celluloid)

France, terre d’asile. J’ai lu, je ne sais plus où (ou alors mon cerveau malade l’a inventé) un truc marrant : les dauphins que les hommes peuvent approcher sont parait-il, les parias de leur société. Ils ont été rejetés par leur communauté de dauphins, et c’est pour ça qu’ils recherchent de la compagnie auprès des hommes. Sinon, un vrai dauphin dauphin, intégré, impossible de l’approcher, tintin, walou. Je ne sais plus où je voulais en venir, si, bon, appliqué aux humains, c’est un peu bizarre mais ça marche. Une copine née au Japon est venue habiter en France, parce qu’elle ne supportait plus la façon dont les hommes là-bas la traitaient. Elle se sent vachement plus française, en fait. Elle est batteuse de jazz et s’épanouit loin des bureaux funestes aux mains baladeuses de son pays. France terre d’asile donc. Nathan Roche, on peut le voir comme ça, il perpétue cette tradition de réfugié rock’n’roll, de gars plus (re)connu chez nous que chez lui. On peut remonter aux jazzmen qui venaient passer ici un temps de liberté, alors que leur pays, les States, avaient plutôt une façon raciste de les persécuter. Ou moins loin dans le temps, une maison de disques comme New Rose qui accueillait les œuvres de parias bien aimés ici, Arthur Lee, Alex Chilton, Bruce Joyner, la liste est longue, en phase terminale de leur carrière. Bon, c’est moins tragique pour Nathan, mais il y a quelque chose de cela. Continuer la lecture de « Nathan Roche, 35 rue du Théâtre (Celluloid) »

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The Prisoners, Hurricane (Busy Bee Production)

Les occasions de voir les Prisoners en live se font rares. Si certains chanceux ont pu les apprécier en concert en août dernier, il faudra attendre février 2026 pour les voir à nouveau fouler les planches d’une scène. Il est heureusement toujours possible d’écouter et découvrir leurs différents albums. Et à ce jeu-là, la compilation Hurricane offre une superbe entrée en matière à cet excellent groupe britannique. D’abord publiée en 2004, en CD, par Big Beat/Ace, le label suédois Busy Bee Production s’est chargée d’en faire un compendium vinyle l’année dernière. Hurricane perd dix morceaux mais certainement pas la joie que procure ce groupe, à travers cette sélection au cordeau. Piochée dans les différents singles et albums du groupe, Hurricane propose une expérience d’écoute enthousiasmante, et les excellents Prisoners n’y sont évidemment pas étrangers. Continuer la lecture de « The Prisoners, Hurricane (Busy Bee Production) »

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Anne Laplantine, Partons pour tu (Frissons)

« Ça marche ? »

Anne Laplantine est une figure légendaire quoique toujours discrète qui a hanté le début du XXIe siècle : musicienne de l’ombre, elle a produit un certains nombres d’artefacts (cassette, vinyle, CD) sur plusieurs maisons de disques plus ou moins visibles. Avec cette façon de ne jamais être là où on supposait qu’elle soit : entre une synthpop en français bizarre, des piècettes lo-fi cubisto-brutes, et les instrumentaux électro 80s enregistrés – on imagine – sur ordi ou sur 4-pistes, elle a convaincu des marques qui avaient plutôt le vent en poupe : que ce soit à l’étranger chez les Allemands de Tomlab, ou que ce soit chez les Parisiens de Gooom Disques. Elle a aussi croisé ses compositions avec le top du pointillisme pointu, le trouvère folktronic Momus pour une pièce magnifique, Summerisle et joué avec quelques masques, comme une protection supplémentaire (alias Michiko Kusaki par exemple), l’amenant à être écouté plus en dehors du pays qu’ici même (de l’Allemagne au Japon en passant par les États-Unis). Le truc, c’est que si on l’avait un peu perdue de vue, elle n’a jamais arrêté, continuant d’œuvrer sur des cellules avant-gardistes cassettophiles Tanzprocess ou Midi Fish. Continuer la lecture de « Anne Laplantine, Partons pour tu (Frissons) »